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<i>et sa fin a été abreuvée d amertume. Il a pu dire, comme Milton, quil était
LAMARTINE.
</i>tombé dans les mauvais jours et les mauvaises langues<i>. Mais
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toujours grand dans les tristesses du déclin comme dans les splendeurs de sa
et sa fin a été abreuvée d amertume. Il a pu dire, comme éMilton, quil était
glorieuse carrière, il est pour notre siècle l’homme représentatif par
tombé dans les mauvais jours et les mauvaises langues. zMais tou-
excellence, celui qui en a le mieux traduit, dans sa prose et dans ses vers, les
jours grand dans les tristesses du déclin comme dans les splendeurs de sa
glorieuse carrière, il est pour noire siècle t homme représentatif par excel-
lence, celui qui en a le mieux traduit, dans sa prose et dans ses vers, les
besoins et les aspirations, et qui, par son génie politique ainsi que par
besoins et les aspirations, et qui, par son génie politique ainsi que par
son talent d’écrivain, a donné de nos jours à la voie du progrès f impul-
son talent d’écrivain, a donné de nos jours à la voie du progrès
sion la plus vive. Cest là son signe parmi nos contemporains: il a été le
l’impulsion la plus vive. Cest là son signe parmi nos contemporains : il a été le
prophète inspiré de notre avenir; et s il na pas réalisé lui-même son rêve
prophète inspiré de notre avenir ; et s’il na pas réalisé lui-même son rêve
par (établissement d’une république large et libre, il en a du moins tracé
par l’établissement d’une république large et libre, il en a du moins tracé
à grands traits la figure idéale et préparé t avènement par sa parole et par
à grands traits la figure idéale et préparé l’avènement par sa parole et par
ses écrits, dans l’opposition et au pouvoir .
ses écrits, dans l’opposition et au pouvoir .

« Comme poète, et cest sous ce rapport seulement que nous devons teti-
« Comme poète, et cest sous ce rapport seulement que nous devons
visager ici, cest à lui que revient ï honneur incontesté d’avoir renouvelé la
l’envisager ici, c’est à lui que revient l’honneur incontesté d’avoir renouvelé la
poésie française. « Tous les vers sont faits, » disait un critique académi-
poésie française. « Tous les vers sont faits, » disait un critique
cien au moment où. venaient de paraître les premières Méditations. Le
académicien au moment où venaient de paraître les premières </i>Méditations<i>. Le
jeune poète fit bien voir quil en restait encore à faire, ce dont SM. de
jeune poète fit bien voir quil en restait encore à faire, ce dont M. de
Fontanes ne se doutait guères, et que l’amour, la religion, la philosophie
Fontanes ne se doutait guères, et que l’amour, la religion, la philosophie
et la politique allaient recevoir d’idées et de sentiments nouveaux une
et la politique allaient recevoir d’idées et de sentiments nouveaux une
expression nouvelle. Une langue nouvelle fut créée pour une nouvelle âme.
expression nouvelle. Une langue nouvelle fut créée pour une nouvelle âme.
Le siècle reconnut et proclama son poète ; Lamartine, pour employer une
Le siècle reconnut et proclama son poète ; Lamartine, pour employer une
expression de Shakspeare, fut porté en triomphe sur les cœurs. Si l’on
expression de Shakspeare, fut </i>porté en triomphe sur les cœurs<i>. Si l’on
doit mesurer la grandeur d’un poète au nombre de ses admirateurs et à
doit mesurer la grandeur d’un poète au nombre de ses admirateurs et à
la vivacité des sympathies qu’il a excitées, aucun ne doit passer avant
la vivacité des sympathies qu’il a excitées, aucun ne doit passer avant
Lamartine. cAucune muse, à son apparition, na pris plus d’âmes sous ses
Lamartine. Aucune muse, à son apparition, na pris plus d’âmes sous ses
ailes ; la jeunesse du siècle est toute pleine de sa jeunesse.
ailes ; la jeunesse du siècle est toute pleine de sa jeunesse.

((cAprès les Méditations, où résonnaient des notes inconnues avant lui,
« Après les </i>Méditations<i>, où résonnaient des notes inconnues avant lui,
vinrent les Harmonies, ces poésies religieuses, si belles dans leur mono-
vinrent les </i>Harmonies<i>, ces poésies religieuses, si belles dans leur
tonie, où se trouvent quelques-unes des plus heureuses inspirations de la
monotonie, où se trouvent quelques-unes des plus heureuses inspirations de la
c^fuse contemporaine. o4 côté du Premier Regret, cette élégie qualifiée
Muse contemporaine. À côté du </i>Premier Regret<i>, cette élégie qualifiée
d’admirable par S aime -"Beuve, on ht les Novissima verba, l’un des chefs-
d’auvre de cette poésie personnelle, intime, dont Lamartine fut che~ nous
d’admirable par Sainte -Beuve, on lit les </i>Novissima verba<i>, l’un des chefs-d’œuvre de cette poésie personnelle, intime, dont Lamartine fut chez nous
le révélateur. cAu poème platonicien et fénelonien de La Mort de Socrate,
le révélateur. Au poème platonicien et fénelonien de </i>La Mort de Socrate<i>,
pur comme un bas-relief antique, succède l’épopée familière de Jocelyn,
pur comme un bas-relief antique, succède l’épopée familière de </i>Jocelyn<i>, </i>