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nuyais pas. Naples est une ville vivante où ne s’impose pas le passé.

Presque tous les instants du jour je restais près de Marceline. La nuit, elle se couchait tôt, étant lasse ; je la surveillais s’endormir, et parfois me couchais moi-même, puis, quand son souffle plus égal m’avertissait qu’elle dormait, je me relevais sans bruit, je me rhabillais sans lumière ; je me glissais dehors comme un voleur.

Dehors ! oh ! j’aurais crié d’allégresse. Qu’allais-je faire ? Je ne sais pas. Le ciel, obscur le jour, s’était délivré des nuages ; la lune presque pleine luisait. Je marchais au hasard, sans but, sans désir, sans contrainte. Je regardais tout d’un œil neuf ; j’épiais chaque bruit, d’une oreille plus attentive ; je humais l’humidité de la nuit ; je posais ma main sur des choses ; je rôdais.

Le dernier soir que nous restions à Naples, je prolongeai cette débauche vagabonde. En rentrant, je trouvai Marceline en larmes. Elle avait eu peur, me dit-elle, s’étant brus-