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elle louangeait cette honnêteté qui transpire là-bas des murs et des visages :

– La mienne me suffit amplement, repartis-je ; j’ai les honnêtes gens en horreur. Si je n’ai rien à craindre d’eux, je n’ai non plus rien à apprendre. Et eux n’ont d’ailleurs rien à dire… Honnête peuple suisse ! Se porter bien ne lui vaut rien… Sans crimes, sans histoire, sans littérature, sans arts, c’est un robuste rosier, sans épines ni fleurs…

Et que ce pays honnête m’ennuyât, c’est ce que je savais d’avance, mais au bout de deux mois, cet ennui devenant une sorte de rage, je ne songeai plus qu’à partir.

Nous étions à la mi-janvier. Marceline allait mieux, beaucoup mieux : la petite fièvre continue qui lentement la minait s’était éteinte ; un sang plus frais recolorait ses joues ; elle marchait de nouveau volontiers, quoique peu ; n’était plus comme avant constamment lasse. Je n’eus pas trop grand-peine à la persuader que tout le bénéfice de cet air tonique était acquis, que rien ne lui