« Le Blason d’après les sceaux du Moyen-Âge » : différence entre les versions

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<div style="text-align:center;">''Volet. Lambrequins''</div>
 
Le cimier était fixé sur le timbre du casque par une calotte en cuir. On masquait la jointure avec une pièce d'étoffe légère roulée, le ''tortil'', dont les bouts flottaient par derrière. Ces deux extrémités librse s'appelaient le ''volet''. Un des premiers volets se rencontre en 1322, sur le sceau de Jean de Châtillon, sire du Tour. On peut citer ensuite : les sceaux de Guillaume de Montbis, 1339, de Godefroi de Vienne, 1341, de Philippe de Gournaux, 1352, d'ulric de Fenêtrange, 1363.
 
Dans certains types héraldiques sans supports, les deux pans du volet se développent dans le champ du sceau et répètent assez fréquemment les armoiries du personnage. Chez Hugues de Bouville, 1330, le volet reproduit le ''chevronné'' de l'écu. Le volet de Gaucher de Monteil, 1335, est aux armes de la famille, la ''croix de Toulouse brisée d'un estoc''. Sur le sceau de Gautier de Mauny, 1348, le volet d'''hermines'' rappelle seulement les armes de la Bretagne, son pays.
 
Au XV{{e}} et au XVI{{e}} siècle, on a tailladé profondément les bords du volet, et ces lambeaux courbés, hachés, enroulés se sont répandus dans le cham du sceau. On dirait plutôt un ornement de feuillage qu'une pièce d'étoffe. Ce volet dégénéré s'est nommé, en termes de blason, ''hachements'', ''lambrequins''. Gui de Barbençon, 1428, — Raoul de Gaucourt, chambellan du roi, 1446, — Jean de Chalon, 1481, — Gui Pot, comte de Saint-Pol, 1488, — François d'Ailly, 1515, — Philippe de Lannoy, 1526, offrent dans leurs types des exemples variés de lambrequins.
 
<div style="text-align:center;">''Écus arrondis du bas, en losange, ronds, carrés ou en bannière, en palette, hexagones et de fantaisie''.</div>
 
L'étude du type héraldique a porté jusqu'à présent sur l'écu le plus usité, l'écu triangulaire. Il me reste à mentionner d'autres formes d'un usage plus restreint.
 
''Écu à pointe arrondie''. — Dans els contrées méridionales, l'habitude était d'arrondir la pointe de l'écu de façon à lui donner l'aspect d'un U moderne. Tel est l'écu de Sicard Allemand, en 1248, de Gaston VII, vicomte de Béarn, 1266, 1276, des comtes de Comminges, de Foix, de Toulouse, etc.
 
[[Image:Demay p43.jpg|thumb|Sicard Allemand.|200px|center]]
 
''Écu en losange''. — Dès 1262, on rencontre la forme en losange, employée de préférence par les dames, rarement par les hommes. Isabelle de Saint-Vrain place, en 1262, son aigle éployée dans un écu en losange ;
 
[[Image:Demay p44.jpg|thumb|Isabelle de Saint-Vrain.|200px|center]]
 
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Catherine de Bourbon, femme de Jean VI, comte d'Harcourt, 1376, montre, au centre d'un quadriloble, son initiale K, entourée de quatre écus en losange. On pourrait citer encore : Jeanne, femme de Charles de Blois, duc de Bretagne, 1369 ; Marguerite de Flandre, femme de Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, 1403 ; Jeanne de Bourbon, comptesse d'Auvergne, 1502. Et parmi les hommes qui ont adopté l'écu en losange : Pierre de la Fauche, 1270 ; Jean I{{er}}, comte d'Armagnac, 1369.
 
''Écu en bannière''. — Les dames, au XV{{e}} siècle, ont souvent fait usage de l'écu en bannière, écu de forme carrée ou rectangulaire, qui figure aussi parfois sur les sceaux de chevaliers. Jeanne, dame de Planes, offre, dans son type de 1376, un écu carré enfermé dans un quadriloble.
 
[[Image:Demay p45a.jpg|thumb|Jeanne, dame de Planes.|200px|center]]
 
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L'écu de Marguerite de Bavière, femme de Jean-Sans-Peur, appartient à cette catégorie. Deux sceaux d'Alfonse d'Espagne, 1324, 1325, portent chacun, dans un quadrilobe, un céu en bannière supporté par deux hommes sauvages et soutenu par deux anges.
 
Ce sera peut-être le lieu de citer ici quelques types du XIII{{e}} siècle dans lesquels une vraie bannière avec le manche et le fer remplace elle-même l'écu. Voyez le contre-sceau d'Amauri VI, comte de Montfort, 1234, d'Archambaud X, sire de Bourbon, 1247, et de Roger de Mortagne, 1275 ; chez ce dernier, un bras, couvert de mailles, tient le fût de la bannière.
 
[[Image:Demay p45b.jpg|thumb|Amauri VI, comte de Montfort.|200px|center]]
 
''Écu rond''. — Des écus ronds se voient sur les sceaux de Louis, comte de Clermont-en-Beauvoisis, 1325, de Louis I{{er}} et de Louis II, ducs de Bourbon, 1331, 1394, de Gui de Rochefort, 1380, de Jean, duc de Berri, vers 1408, et chez certaines dames parmi lesquelles : Marie d'Espagne, deuxième femme de Charles de Valois, comte d'Alençon, 1347, Jeanne, duchesse de Bretagne, femme de Charles de Blois, en 1369. Dans ce dernier exemple, l'écu de Bretagne en losange est accompagné de quatre écus ronds, séparés par de petits anges jouant des instruments.
 
[[Image:Demay p46.jpg|thumb|Jeanne, duchesse de Bretagne.|200px|center]]
 
''Écu en palette''. — Sur les sceaux d'Enguerran de Coucy, en 1380, d'Olivier de Clisson, connétable de France, 1397, un homme d'armes tient un écu en palette.
 
[[Image:Demay p47a.jpg|thumb|Olivier de Clisson.|200px|center]]
 
''Écu hexagone''. — Un écu de forme hexagone se remarque dans le type de Marie Chamaillard, femme de Pierre II, comte d'Alençon, 1391.
 
[[Image:Demay p47b.jpg|thumb|Marie Chamaillard.|200px|center]]
 
''Écu ovale''. — Un contre-sceau d'Alfonse de Portugal, second mari de Mathilde, comtesse de Boulogne, 1241, offre un échantillon d'écu ovale.
 
[[Image:Demay p48a.jpg|thumb|Alfonse de Portugal.|200px|center]]
 
''Écu de fantaisie''. — La fantaisie est entrée aussi dans le domaine du blason, se plaisant à transformer en écus des objets inaccoutumés. Isabelle de Cirey, dame de Vaucouleurs, femme de Gautier de Joinville, 1298, nous montre les ''broies au lion issant'' des Joinville figurées sur une coquille. Les armes de Pierre de Navarre, comte de Mortain, 1404, ont été tracées sur une figue.
 
[[Image:Demay p48b.jpg|thumb|Pierre de Navarre.|200px|center]]
 
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L'écu droit de Jean de Blumerey, 1359, timbré d'un heaume à volet et cimé de deux têtes de coq, présente tout à fait l'apparence d'un insecte ailé. Les têtes de coq figurent les antennes, le volet de vair simule les deux ailes ; il n'y a pas jusqu'au burelé de l'écu qui, rappelant les bandes de l'abdomen, ne servent à compléter l'illusion.
 
[[Image:Demay p49.jpg|thumb|Jean de Blumerey.|200px|center]]
 
Il est enfin des cas où les pièces héraldiques ne sont pas renfermées dans un écu et occupent directement le champ du sceau.
 
<div style="text-align:center;">''Des brisures''</div>
 
On entend par brisure certaine marque distinctive que les branches cadettes ou collatérales devaient introduire dans le blason de leur famille. Au chef seul de la maison appartenait le droit de porter des armes pleines. La nature de ce travail ne comporte pas une excursion dans le domaine de la science du blason qui est expliquée dans bien des livres. Je me bornerai à montrer, par deux exemples, les brisures s'établissant à l'origine des armoiries<ref>M. A. de Barthélémy en avait fait aussi la remarque, opus laud. page 14.</ref>. Richard de Vernon, 1195, a sur son écu un sautoir ; son fils Richard ajoute au sautoir paternel une pièce particulière nommée lambel. Étienne du Perche porte trois chevrons brisés d'un lambel, tandis que Geoffroi III, comte du Perche, son frère aîné, porte, 1197, les trois chevrons pleins, c'est-à-dire sans brisure.
 
J'ajouterai en terminant, qu'au XIII{{e}} siècle, les fils aînés de la maison de France ne prenaient pas de brisure. Louis, fils aîné de Philippe-Auguste, 1214, Philippe, fils aîné de saint Louis, 1267, portent le semé de fleurs de lys plein.
 
 
 
En résumé, s'il faut en croire les sceaux :
 
Les premiers blasons ont fait leur apparition dans le dernier tiers du XII{{e}} siècle, se produisant sur l'écu, tantôt brusquement, tantôt après s'être déjà montrés en germe dans le champ du sceau.
 
La fleur de lys s'héraldise sous Philippe-Auguste. Quant au fleuron ornant la couronne et le sceptre de nos rois, on le rencontre aussi loin que l'on peut remonter à l'aide des sceaux et des manuscrits à miniatures, c'est-à-dire jusqu'à Charlemagne. La Vierge, à partir du XI{{e}} siècle ne portant plus cet attribut, ne saurait l'avoir transmis à nos souverains.
 
Les armoiries figurent à leur début, dans le type chevaleresque, se posant d'abord sur l'écu, envahissant bientôt après le harnais du cavalier et le harnachement du cheval.
 
Il ressort encore de l'étude des sceaux qu'on ne doit pas accepter sans restriction l'opinion qui consiste à faire engendrer les premières pièces héraldiques par l'armature du bouclier, ni oublier que les réductions successives apportées à la dimension de l'écu tenaient surtout au perfectionnement de l'habillement défensif.
 
Le type héraldique, cette représentation dans laquelle l'écu occupe la principale place sur le champ du sceau, se montre dès 1193.
 
Les premiers accessoires décoratifs de l'écu datent de 1271.
 
On voit déjà des sortes de supports au déclin du XIII{{e}} siècle ; les vrais supoprts héraldiques paraissent seulement vers 1344 au moment où la mode vint de pencher les écus.
 
On trouve des cimiers sur quelques sceaux de la fin du XII{{e}} siècle, toutefois leur usage ne devient général que cent ans après. Alors, qu'ils soient simples ou composés, ils répètent quelquefois les armoiries héréditaires.
 
Un des plus anciens volets date de 1322. Il est des types où le volet reproduit les armes du personnage.
 
Il s'est produit, indépendamment de la forme triangulaire, diverses autrse formes d'écu, y compris certaines exceptions qui ne relèvent que de la fantaisie.
 
Enfin l'existence de brisures à l'origine des armoiries a été constatée avec cette remarque que les fils aînés de la maison de France, au XIII{{e}} siècle, n'étaient pas soumis à cette règle.
 
[[Image:Demay p52.jpg|thumb|...|200px|center]]
 
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Imprimerie Gouverneur, G. Daupeley à Nogent-le-Rotrou.