« Page:Thackeray - La Foire aux Vanites 2.djvu/192 » : différence entre les versions

Phe-bot (discussion | contributions)
m Sapcal22: split
(Aucune différence)

Version du 17 mars 2012 à 12:02

Cette page n’a pas encore été corrigée

ennemi invisible, et gémissant sous le poids de cette main de fer appesantie sur lui, cherchait à la défier du moins par les hommages du monde et ses plaisirs bruyants.

L’opulence et la splendeur régnaient dans sa maison ; mais sous ces vastes lambris dorés, couverts d’écussons et de sculptures, on aurait en vain cherché le bonheur. C’était l’hôtel où se donnaient les plus belles fêtes de Londres ; mais en même temps où il se trouvait le moins de contentement, si ce n’est pour les joyeux convives, qui s’asseyaient à la table de mylord. Peut-être, s’il n’eût pas été un si grand personnage, aurait-on fui sa société ; mais, dans la Foire aux Vanités, le tarif des fautes varie suivant les rangs. On s’y prend à deux fois avant de condamner un homme d’une position aussi élevée que lord Steyne. Les censeurs les plus médisants, les sages les plus austères, pouvaient se scandaliser tout bas du genre de vie de milord Steyne ; mais tous s’empressaient de répondre aux invitations qu’il leur adressait.

« C’est un bien vilain homme que ce lord Steyne, disait lady Slingstone ; mais tout le monde y va ; je n’aurai qu’à veiller d’un peu plus près sur mes filles.

— Je dois tout à sa seigneurie, disait le révérend docteur Trail, qui, déjà évêque, songeait encore à monter plus haut. »

Mistress Trail et ses filles auraient plutôt manqué d’aller à l’église qu’aux soirées de sa Seigneurie.

« Sa morale est un peu relâchée, disait le petit Southdown à sa sœur, qui l’interrogeait timidement sur Gaunt-House, d’après les terribles récits qu’elle en avait entendu faire à sa mère ; mais que diable voulez-vous ? il a dans sa cave le meilleur champagne de toute l’Europe. »

Quant au baronnet sir Pitt Crawley, le rigoureux observateur des bienséances, le président des meetings apostoliques, eh bien ! il ne lui serait jamais venu à l’idée de ne point aller chez lord Steyne.

« Jane, disait le baronnet à sa femme, soyez sûre que nous ne pouvons mal faire en nous montrant dans des maisons où l’on rencontre des personnes comme l’évêque d’Ealing et la comtesse de Slingstone. Le lord lieutenant d’un comté, ma chère, est un homme parfaitement digne de considération. D’ailleurs, George Gaunt a été mon camarade d’enfance ; il était attaché avec moi à l’ambassade de Poupernicle. »