« Un Moraliste à rebours » : différence entre les versions
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Nietzsche, au contraire, considère l’effort et la domination qui en est le prix comme une jouissance. Vivre est une jouissance, ou le serait, si les hommes ne s’étaient gâté leur destinée. Et avec une sombre éloquence, Nietzsche évoque l’image de la bête humaine primitive, du fauve, d’un être plus barbare, plus élémentaire que ceux auxquels nous avons l’habitude de rattacher l’histoire de l’humanité. Il trouve une richesse d’expression étonnante lorsqu’il parle de ces races primitives disparues, de leur irresponsabilité superbe, qu’il appelle l’innocence du fauve, de leur hardiesse, de leur spontanéité, de leur joie devant les voluptés de la destruction, du triomphe et de la cruauté.
Les tyrans de la Renaissance qui, naturellement, ont toute sa sympathie, lui apparaissent comme un reflet affaibli et affiné de ces superbes intuitifs.
C’est là une de ses idées les plus originales, les plus riches en développements spirituels que cette conception des gens du ressentiment.
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Comme il nous intéresse par ce qu’il dit sur Wagner, Nietzsche nous charme par des aperçus sur tout ce qui touche aux arts et aux lettres. Personne peut-être comme lui n’a compris les nuances d’intelligence et de sentiment inhérentes aux différentes nationalités ; personne non plus n’a saisi comme lui l’esprit des langues et des époques.
Ce n’est pas une vaine présomption quand Nietzsche se lamente d’être trop riche, de connaître trop de choses. Tous les domaines sont ouverts à son intelligence pénétrante.
Peut-il faire grand mal à ceux qui le lisent et devons-nous regretter la traduction de ses œuvres qu’on nous promet ? Nous pensons que non. L’excès même de sa doctrine lui enlève toute force convaincante. Il est impossible de croire en Nietzsche. Nous laissons de côté naturellement les jeunes emballés qui suivent aveuglément les traces de tout homme supérieur. Il paraît qu’en Allemagne ils sont nombreux et qu’ils s’efforcent, par leur tenue, leur langage, leurs allures, à jouer au fameux ''Uebermensch''. Mais chez tout esprit indépendant et pondéré le besoin de critique marche de pair avec l’intérêt pour une œuvre. Nietzsche, comme tous les excessifs, est autoritaire. Il veut nous imposer un système de dénigrement par trop complet et il nous rend méfiants et rebelles à ses intentions. Lui-même dit quelque part :
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