« Nietzsche contre Wagner (traduction H. Lasvignes) » : différence entre les versions
Contenu supprimé Contenu ajouté
m Centrage des titres |
Aucun résumé des modifications |
||
Ligne 1 :
{{TextQuality|50%}}
{{
<div class="text" >
{{Titre|Nietzsche contre Wagner<br />
(''Nietzsche contra Wagner'')|[[Auteur:Friedrich Nietzsche|Friedrich Nietzsche]]|traduit par [[Auteur:Henri Lasvignes|Henri Lasvignes]]}}
À
Nietzsche écrivit ou plutôt réunit les pages suivantes quelques mois avant
<center>
== <small>AVANT-PROPOS</small> ==
</center>
Les chapitres suivants ont été, non sans précaution, tirés de mes anciens écrits — quelques-uns remontent à 1877, — rendus peut-être en quelques endroits plus intelligibles, avant tout abrégés. Lus à la suite ils ne laisseront aucun doute ni sur moi ni sur Wagner : nous sommes antipodes. On y verra en outre que
F<small>RIEDR</small>. N<small>IETZSCHE</small>
<center>
== Où
</center>
Je crois que souvent les artistes ne savent pas ce
<center>
== Où je fais des critiques ==
Ligne 25 :
Cela ne veut pas dire que je tienne cette musique pour saine, surtout quand elle parle de Wagner.
Mes critiques contre la musique de Wagner sont des critiques physiologiques, à quoi bon revêtir encore ces critiques de formules esthétiques ?
La musique
« À Bayreuth on
« Personne, au théâtre,
« Là, la conscience la plus personnelle est vaincue par le maléfice niveleur du plus grand nombre, là,
<center>
== Wagner considéré comme un danger ==
</center>
Le but poursuivi par la nouvelle musique et caractérisé avec une expression tres forte, mais très obscure, « une mélodie sans fin », peut
Comment ! serait-ce là la première vertu de
Appliquer cela à Mozart,
<center>
== Une musique sans avenir ==
</center>
Entre tous les arts qui réussissent à se développer sur un sol
<center>
== Nous autres antipodes ==
</center>
On se souvient peut-être, du moins parmi mes amis,
<center>
Ligne 61 :
=== I ===
</center>
Entre la sensualité et la chasteté, il
<center>
=== II ===
</center>
Il ne faut pas non plus laisser de côté cette autre question. Que lui importe vraiment cette « innocence humaine (ah ! si inhumaine)
Wagner pouvoir rire sur lui-même ?
<center>
Ligne 74 :
=== I ===
</center>
Cela remonte déjà à
Lorsque je me retrouvai seul, je tremblai ; peu de temps après, je fus malade, plus que malade, las — las par une irrésistible désillusion qui frappait tout ce qui, à nous autres modernes, nous donnait encore de
<center>
=== II ===
</center>
Solitaire, maintenant, et me méfiant jalousement de moi-même, je pris alors, non sans colère, parti contre moi-même en faveur de tout ce qui
<center>
Ligne 87 :
=== I ===
</center>
Je me suis souvent demandé si je
<center>
=== II ===
</center>
Une chose absolument étrange : derrière un premier goût, nous en avons un autre, — un second goût. De tels abîmes et de
Oh ! maintenant, combien vous répugne la jouissance, la grossière, sourde et obscure jouissance comme la comprennent les jouisseurs, nos « gens cultivés », nos riches et nos gouvernants ! Avec quelle malice prêtons-nous
Et maintenant
▲Oh ! maintenant, combien vous répugne la jouissance, la grossière, sourde et obscure jouissance comme la comprennent les jouisseurs, nos « gens cultivés », nos riches et nos gouvernants ! Avec quelle malice prêtons-nous l'oreille à tout ce tam-tam forain au milieu duquel l'homme cultivé et les grandes villes se laissent aujourd'hui violenter par l'art, par le livre, par la musique, qui emploient des philtres spirituels pour les contraindre aux « jouissances spirituelles » ! Combien ces clameurs théâtrales de la passion nous font mal aux oreilles, comme tout le tumulte romantique, le désordre des sens, qui plaît à la populace cultivée, comme toutes ses aspirations vers l'élevé, le sublime, l'amphigourique, comme tout cela nous est devenu étranger ! Non, si nous, les guéris, avons encore besoin d'un art, c'est un art tout autre — enjoué, léger, fugitif, sans inquiétude divine, un art divinement artificiel qui, comme une pure flamme, brûle dans un ciel sans nuages ! Avant tout, un art pour artistes, uniquement pour artistes ! Ensuite nous nous comprenons mieux sur ce qui en constitue la première nécessité : la sérénité, toute sérénité, mes amis!... Il y a quelque chose que nous savons trop bien, nous les savants : oh ! comme nous apprenons désormais à bien oublier, à bien ignorer, comme artistes !... Et quel est notre avenir : on ne nous retrouvera guère, suivant le chemin de ces jeunes Egyptiens qui, la nuit, infestent les temples, embrassent les statues et veulent dévoiler, découvrir, mettre en pleine lumière, tout ce qui pour de bonnes raisons est tenu caché. Non, ce mauvais goût, cette volonté d'atteindre la vérité, « la vérité à tout prix », ces transports d'adolescents dans l'amour de la vérité, nous rebutent, en outre nous sommes trop éprouvés, trop sérieux, trop gais, trop endurcis, trop profonds... nous ne croyons plus que la vérité demeure la vérité, quand on lui arrache son voile, — nous avons assez vécu à croire cela... aujourd'hui c'est pour nous affaire de convenance qu'on ne veuille pas voir toute chose dans sa nudité, ne pas se trouver présent partout, ne pas tout comprendre ni tout savoir »<ref>En français dans le texte.</ref>. Tout comprendre c'est tout mépriser. « Est-il vrai que le bon Dieu soit présent partout ? » demandait une petite fille à sa mère ; « je trouve cela bien inconvenant. » — Avis aux philosophes !... on devrait avoir plus de respect pour la pudeur avec laquelle la nature, derrière des énigmes et des incertitudes confuses, s'est cachée. Peut-être la vérité est-elle une femme qui a des raisons de ne pas laisser voir ses raisons... Peut-être son nom, pour parler grec, est-il Baubo<ref>Dans l'hymne orphique à Hécate, la déesse est appelée « Baubo, crapaud femelle ». Les orphiques, à cause de l'analogie de son des noms, avaient assimilé à Hécate la déesse égyptienne Hehe-t dont l'animal sacré est la grenouille. Le crapaud ou la grenouille, ainsi attribué à Hécate, devint un symbole de lumière nocturne.</ref>... Oh ! ces Grecs, ils s'y entendaient à vivre ! Pour cela il est nécessaire de s'arrêter vaillamment à la surface, au pli, à la peau, d'adorer l'apparence, de croire aux formes, aux sons, aux paroles, à tout l'Olympe de l'apparence ! Ces Grecs étaient superficiels — par profondeur...
▲Et maintenant n'y revenons-nous pas, nous les casse-cous de l'esprit qui avons gravi les cimes les plus hautes et les plus dangereuses de la pensée présente, et avons regardé de là autour de nous et au-dessous de nous ? Ne sommes-nous pas aussi grecs en cela ? adorateurs des formes, des sons, des mots ! Pour cela également ne sommes-nous pas artistes ?...
▲::::::::::F<small>RIEDRICH</small> N<small>IETZSCHE</small>
== Notes ==
|