« Un capitaine de quinze ans/I/13 » : différence entre les versions

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Les passagers commencèrent à reparaître sur le pont. Ils ne couraient plus le risque d’être emportés par quelque paquet de mer.
 
Ce fut Mrs. Weldon qui, la première, quitta le carré où Dick Sand, par prudence, l’avait obligée à se renfermer pendant toute la durée de cette longue tempête. Elle vint causer avec le novice, qu’une volonté vraiment surhumaine avait rendu capable de résister à tant de fatigues. Amaigri, pâle sous le hâle de son teint, il eût dû être affaibli par la privation de ce sommeil, si nécessaire à son âge !
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Non ! sa vaillante nature résistait à tout. Peut-être payerait-il cher un jour cette période d’épreuves ! Mais ce n’était pas le moment de se laisser abattre. Dick Sand s’était dit tout cela, et Mrs. Weldon le trouva aussi énergique qu’il l’avait jamais été.
 
Et puis, il avait confiance, ce brave Sand, et si la confiance ne se commande pas, du moins, elle commande.
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– Dick ! répondit Mrs. Weldon, tu étais déjà notre enfant d’adoption, et maintenant, tu es notre fils, le sauveur de ta mère et de ton petit frère Jack ! Mon cher Dick, je t’embrasse pour mon mari et pour moi ! »
 
La courageuse femme aurait voulu ne pas s’attendrir en pressant le jeune novice dans ses bras, mais son cœur débordait. Quant aux sentiments qu’éprouvait
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Dick Sand, quelle plume les pourrait rendre ! Il se demandait s’il ne pouvait pas faire plus que de donner sa vie pour ses bienfaiteurs, et il acceptait d’avance toutes les épreuves qui lui seraient imposées dans l’avenir.
 
Après cet entretien, Dick Sand se sentit plus fort. Que le vent devînt maniable, qu’il lui fût permis d’établir quelque voile, et il ne doutait pas de pouvoir diriger son navire vers un port où tous ceux qu’il portait trouveraient enfin le salut.
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Les noirs, guidés par le novice, se mirent aussitôt à la besogne. Enverguer un hunier, cela présentait quelques difficultés pour Tom et ses compagnons. Il s’agissait de hisser d’abord la voile roulée sur elle-même, puis de la fixer à la vergue.
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Cependant, Dick Sand commanda si bien et fut si bien obéi, qu’après une heure de travail, la voile était enverguée, la vergue hissée et le hunier convenablement établi avec deux ris.
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« Eh bien ! à quel point de la côte arriverons-nous, mon cher Dick ? lui demanda-t-elle.
 
– Ici, mistress Weldon, répondit le novice, en indiquant ce long cordon littoral qui s’étend du Pérou au Chili. Je ne saurais être plus précis. Voici l’île de Pâques, que nous avons laissée dans l’ouest, et, par la direction du vent, qui
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a été constante, j’en conclus que nous relèverons la terre dans l’est. Les ports de relâche sont assez nombreux sur cette côte, mais de dire celui que nous aurons en vue au moment d’atterrir, c’est ce qui ne m’est pas possible en ce moment.
 
– Eh bien, Dick, quel qu’il soit, ce port sera le bienvenu !
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– Alors, dans les conditions où se trouve le ''Pilgrim'', répondit Dick Sand, une fois affalé sous la terre, il sera bien difficile de l’en relever !
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– Que feras-tu ? répéta Mrs. Weldon.
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Nouvelle anxiété pour Dick Sand. Qu’eût-il fait avec un vent contraire ? Courir des bordées ? Mais, s’il était obligé d’en venir là, que de retards nouveaux et quels risques d’être rejeté au large !
 
Ces craintes ne se réalisèrent pas, heureusement. Le vent, après avoir varié pendant quelques jours, halant tantôt le nord, tantôt le sud, se fixa définitivement à l’ouest. Mais c’était toujours une forte brise de grand frais, qui fatiguait la mâture. On était au 5 avril. Ainsi donc, plus de deux mois s’étaient écoulés déjà depuis que le ''Pilgrim'' avait quitté la Nouvelle-Zélande. Pendant vingt jours, un vent contraire et de longs calmes avaient retardé sa marche. Ensuite, il s’était trouvé dans les conditions favorables pour gagner rapidement la terre. Sa vitesse même avait dû être très considérable pendant la tempête. Dick Sand n’estimait pas sa moyenne à moins de deux cents milles par jour ! Comment
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donc n’avait-il pas déjà connaissance de la côte ? Fuyait-elle devant le ''Pilgrim'' ? C’était absolument inexplicable.
 
Et, cependant, aucune terre n’était signalée, bien qu’un des noirs se tînt constamment dans les barres.
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Souvent Dick Sand y montait lui-même. Là, sa lunette aux yeux, il cherchait à découvrir quelque apparence de montagnes. La chaîne des Andes est fort élevée. C’était donc dans la zone des nuages qu’il fallait chercher quelque pic qui eût émergé des vapeurs de l’horizon.
 
Plusieurs fois, Tom et ses compagnons furent trompés par de faux indices de terres. Ce n’étaient que des vapeurs de forme bizarre, qui se dressaient
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en arrière-plan. Il arriva même que ces braves gens s’entêtèrent quelquefois dans leur affirmation ; mais, après un certain temps, ils étaient forcés de reconnaître qu’ils avaient été dupes d’une illusion d’optique. La prétendue terre se déplaçait, changeait de forme et finissait par s’effacer complètement.
 
Le 6 avril, il n’y eut plus de doute possible.
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« Terre ! terre devant nous ! »
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À ce cri, tout le monde accourut sur le pont, le petit Jack, curieux comme on l’est à cet âge, Mrs. Weldon, dont les épreuves allaient cesser avec l’atterrissement, Tom et ses compagnons, qui allaient enfin remettre pied sur le continent américain, cousin Bénédict lui-même, qui espérait bien recueillir toute une riche collection d’insectes nouveaux pour lui.
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Le vent fraîchissait toujours. Le brick-goélette ne fut bientôt plus qu’à un mille du rivage.
 
Dick Sand aperçut alors une sorte de petite anse dans laquelle il résolut de
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donner ; mais, avant de l’atteindre, il fallait traverser une ligne de récifs, entre lesquels il eût été difficile de suivre une passe. Le ressac indiquait que l’eau manquait partout.
 
À ce moment, Dingo, qui allait et venait sur le pont, s’élança vers l’avant, et, regardant la terre, fit entendre des aboiements lamentables. On eût dit que le chien reconnaissait ce littoral, et que son instinct lui rappelait quelque douloureux souvenir.
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Hercule devait particulièrement veiller sur Mrs. Weldon. Le novice se chargeait du petit Jack. Cousin Bénédict, très tranquille d’ailleurs, reparut sur le pont avec sa boîte d’entomologiste en bandoulière. Le novice le recommanda à Bat et à Austin. Quant à Negoro, son calme singulier disait assez qu’il n’avait besoin de l’aide de personne.
 
Dick Sand, par une suprême précaution, fit aussi monter sur le gaillard
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d’avant une dizaine de barils de la cargaison qui contenaient de l’huile de baleine.
 
Cette huile, versée à propos, au moment où le ''Pilgrim'' serait dans le ressac, devait calmer un instant la mer, en lubrifiant pour ainsi dire les molécules d’eau, et cette manœuvre faciliterait peut-être le passage du navire entre les récifs.