« L’Étoile du sud/XXIV » : différence entre les versions

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Cette demande du jeune ingénieur produisit l’effet d’un coup de théâtre. Quel que fût le peu de sensibilité de leur nature à demi sauvage, tous ces convives de John Watkins ne purent que bruyamment y applaudir. Tant de désintéressement était bien fait pour les toucher.
 
Cette demande du jeune ingénieur produisit l’effet d’un coup de théâtre. Quel que fût le peu de sensibilité de leur nature à demi sauvage, tous ces convives de John Watkins ne purent que bruyamment y applaudir. Tant de désintéressement était bien fait pour les toucher.
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convives de John Watkins ne purent que bruyamment y applaudir. Tant de désintéressement était bien fait pour les toucher.
 
Alice, les yeux baissés, le cœur palpitant, seule peut-être à ne point se montrer surprise de la démarche du jeune homme, se tenait en silence auprès de son père.
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Il y eut à ces mots, parmi les spectateurs, ce que les comptes rendus parlementaires appellent un « vif mouvement d’intérêt et de sympathie. » Tous les regards se portèrent vers John Watkins. Ses yeux s’étaient subitement mouillés, et il les couvrait d’une main tremblante.
 
« Jacobus Vandergaart !… s’écria-t-il enfin, incapable de contenir les sentiments tumultueux qui l’agitaient. Oui !… vous êtes un brave homme, et vous vous vengez noblement du mal que je vous ai fait, en faisant le bonheur de ces deux enfants ! »
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Ni Alice ni Cyprien ne pouvaient répondre, du moins à voix haute, mais leurs regards répondaient pour eux.
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Il faisait alors plus chaud que jamais. Une chaleur lourde et accablante desséchait les lèvres au bord des verres et transformait tous les convives en autant de machines électriques, prêtes à donner des étincelles. En vain les fenêtres et les portes avaient-elles été laissées ouvertes. Pas le moindre souffle d’air ne faisait vaciller les bougies.
 
Chacun sentait qu’il n’y avait qu’une solution possible à une pareille pression atmosphérique : c’était un de ces orages, accompagnés de tonnerre et de pluies torrentielles, qui ressemblent, dans l’Afrique australe, à une conjuration de tous les éléments de la nature. Cet orage, on l’attendait, on l’espérait comme un soulagement.
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Tout à coup, un éclair vint jeter une teinte verdâtre sur les visages, et, presque aussitôt, les éclats du tonnerre, roulant au-dessus de la plaine, annoncèrent que le concert allait commencer.
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« Ce qui est singulier, dit-il, au milieu de la stupeur générale, ce n’est pas que cette pierre ait éclaté dans ces conditions, c’est qu’elle ait attendu jusqu’à ce jour pour le faire ! Ordinairement, les diamants s’y prennent plus tôt, et tout au moins dans les dix jours qui suivent la taille, n’est-il pas vrai, monsieur Vandergaart ?
 
– C’est parfaitement exact, et voilà la première fois de ma vie que je vois un
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diamant éclater après trois mois de taille ! déclara le vieillard avec un soupir. – Allons ! Il était écrit que l’''Étoile'' ''du'' ''Sud'' ne resterait à personne ! ajouta-t-il. Quand je pense qu’il aurait suffi, pour empêcher ce désastre, d’enduire la pierre d’une légère couche de graisse…
 
– Vraiment ? s’écria Cyprien avec la satisfaction d’un homme qui a enfin le mot d’une difficulté. En ce cas, tout s’explique ! La fragile étoile avait sans doute emprunté au gésier de Dada cette couche protectrice, et c’est ce qui l’a sauvée jusqu’à ce jour ! En vérité ! elle aurait bien mieux fait d’éclater, il y a quatre mois, et de nous épargner tout le chemin que nous avons parcouru à travers le Transvaal ! »
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Une pareille fin ne contribua pas peu, comme on pense, à confirmer les opinions superstitieuses qui avaient cours sur son compte en Griqualand. Plus que jamais, les Cafres et les mineurs tinrent pour assuré que de si grosses pierres ne peuvent que porter malheur.
 
Jacobus Vandergaart, qui était fier de l’avoir taillée, et Cyprien, qui songeait à l’offrir au musée de l’École des Mines, ressentaient, au fond, plus de dépit qu’ils ne voulaient l’avouer de ce dénouement inattendu. Mais, au total, le
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monde n’en alla pas moins droit son chemin, et l’on ne saurait dire qu’il perdît grand chose à l’affaire.
 
Cependant, tous ces événements accumulés, ces émotions douloureuses, la perte de sa fortune, suivie de la perte de l’''Étoile'' ''du'' ''Sud'', avaient gravement atteint John Watkins. Il s’alita, languit quelques jours, puis s’éteignit. Ni les soins dévoués de sa fille, ni ceux de Cyprien, ni même les mâles exhortations de Jacobus Vandergaart, qui s’était établi à son chevet et passait son temps à tâcher de lui rendre courage, ne purent atténuer ce coup terrible. En vain, cet excellent homme l’entretenait de ses plans d’avenir, lui parlait du Kopje comme de leur propriété commune, lui demandant son avis sur les mesures à prendre et l’associant toujours à ses projets. Le vieux fermier était frappé dans son orgueil, dans sa monomanie de propriétaire, dans son égoïsme, dans toutes ses habitudes ; il se sentait perdu.
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Et, en vérité, il semblait qu’il y eût une étroite connexité entre la fortune de cet homme et le sort de cette pierre étrange. Tout au moins, les coïncidences étaient telles qu’elles expliquaient dans une certaine mesure, sans les justifier aux yeux de la raison, les idées superstitieuses qui couraient à cet égard en Griqualand. L’''Étoile'' ''du'' ''Sud'' avait bien « porté malheur » à son possesseur, en ce sens que l’arrivée de l’incomparable gemme sur la scène du monde avait marqué le déclin de la prospérité du vieux fermier.
 
Mais ce que les bavards du camp ne voyaient pas, c’est que la véritable origine de ce malheur était dans les fautes mêmes de John Watkins, – fautes qui portaient en germe, comme une fatalité, les déboires et la ruine. Bien des infortunes en ce monde sont ainsi mises au compte d’une malchance mystérieuse, et n’ont pour base unique, si l’on descend au fond des choses, que les actes mêmes de ceux qui les subissent ! Qu’il y ait des malheurs immérités, soit : il y en a un bien plus grand nombre de rigoureusement logiques, et qui se déduisent, comme la conclusion d’un syllogisme, des prémisses posées par le sujet. Si John Watkins avait été moins attaché au lucre, s’il n’avait pas donné une importance exagérée et bientôt criminelle, à ces petits cristaux de carbone qu’on appelle des diamants, la découverte et la disparition de l’''Étoile'' ''du'' ''Sud'' l’auraient laissé froid, – comme elles laissaient Cyprien, – et sa santé, physique et morale n’aurait pas été à la merci d’un
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accident de ce genre. Mais il avait mis tout son cœur dans les diamants : c’est par les diamants qu’il devait périr.
 
Quelques semaines plus tard, le mariage de Cyprien Méré et d’Alice Watkins était célébré très simplement et à la grande joie de tous. Alice était maintenant la femme de Cyprien… Que pouvait-elle demander de plus en ce monde ?
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D’ailleurs, le jeune ingénieur se trouvait être plus riche qu’elle ne le supposait et qu’il ne le croyait lui-même.
 
En effet, par suite de la découverte de l’''Étoile'' ''du'' ''Sud'', son claim, sans qu’il
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s’en doutât, avait acquis une valeur considérable. Pendant son voyage au Transvaal, Thomas Steel en avait poursuivi l’exploitation, et cette exploitation s’étant trouvée des plus fructueuses, les offres affluèrent pour acheter sa part. Aussi la vendit-il plus de cent mille francs comptant, avant son départ pour l’Europe.
 
Alice et Cyprien ne tardèrent donc pas à quitter le Griqualand pour revenir en France ; mais ils ne le firent point sans avoir assuré le sort de Lî, de Bardik et de Matakit, – bonne œuvre à laquelle voulut s’associer Jacobus Vandergaart.
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Alice et Cyprien ne tardèrent donc pas à quitter le Griqualand pour revenir en France ; mais ils ne le firent point sans avoir assuré le sort de Lî, de Bardik et de Matakit, – bonne œuvre à laquelle voulut s’associer Jacobus Vandergaart.
 
Le vieux lapidaire venait, en effet, de vendre son Kopje à une compagnie dirigée par l’ex-courtier Nathan. Après avoir heureusement terminé cette liquidation, il vint rejoindre en France ses enfants d’adoption, lesquels, grâce au travail de Cyprien, à son mérite reconnu, à l’accueil que le monde savant lui fit à son retour, sont assurés de la fortune, après s’être préalablement assurés du bonheur.
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Le Vandergaart-Kopje n’est pas encore épuisé et il continue à fournir tous les ans, en moyenne, la cinquième partie des diamants exportés du Cap ; mais aucun mineur n’a plus eu ni la bonne ni la mauvaise chance d’y retrouver une autre ''Étoile'' ''du'' ''Sud'' !
=== no match ===
 
 
<center>FIN.</center>