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questeurs : M. Baze au sieur Primorin, et le général Le Flô au sieur Bertoglio.

Des mandats d’amener avec les noms des représentants avaient été dressés dans le cabinet même du préfet. On n’avait laissé en blanc que les noms des commissaires. On les remplit au moment du départ. Outre la force armée qui devait les assister, on régla que chaque commissaire serait accompagné de deux escouades, l’une de sergents de ville, l’autre d’agents en bourgeois. Ainsi que le préfet Maupas l’avait dit à M. Bonaparte, le capitaine de la garde républicaine Baudinet fut adjoint au commissaire Leras pour l’arrestation du général Changarnier.

Vers cinq heures et demie, on fit approcher les fiacres préparés qui attendaient, et tous partirent, chacun avec ses instructions.

Pendant ce temps-là, dans un autre coin de Paris, Vieille rue du Temple, dans cet antique hôtel Soubise dont on a fait l’Imprimerie royale, aujourd’hui Imprimerie nationale, une autre partie de l’attentat se construisait.

Vers une heure du matin, un passant qui gagnait la Vieille rue du Temple par la rue des Vieilles-Haudriettes remarqua, à l’angle de ces deux rues, plusieurs longues et hautes fenêtres vivement éclairées. C’étaient les fenêtres des ateliers de l’Imprimerie nationale. Il tourna à droite et entra dans la Vieille rue du Temple ; un moment après, il passa devant la demi-lune rentrante où s’ouvre le portail de l’Imprimerie ; la grande porte était fermée ; deux factionnaires gardaient la porte bâtarde latérale. Par cette petite porte qui était entre-baîllée, le passant regarda dans la cour de l’imprimerie et la vit pleine de soldats. Les soldats ne parlaient pas, on n’entendait aucun bruit, mais on voyait reluire les bayonnettes. Surpris, le passant s’approcha. Un des factionnaires le repoussa rudement et lui cria : Au large !

Comme les sergents de ville à la préfecture de police, les ouvriers avaient été retenus à l’Imprimerie nationale pour un travail de nuit ; en même temps que M. Hippolyte Prévost rentrait au palais législatif, le directeur de l’Imprimerie nationale rentrait à l’Imprimerie, revenant, lui aussi, de l’Opéra-Comique, où il était allé voir la pièce nouvelle, qui était de son frère, M. de Saint-Georges. A peine rentré, le directeur, auquel il était venu un ordre de l’Elysée dans la journée, prit une paire de pistolets de poche et descendit dans le vestibule qui communique par un perron de quelques marches avec la cour de l’Imprimerie. Peu après, la porte de la rue s’ouvrit, un fiacre entra, un homme qui portait un grand portefeuille en descendit. Le directeur alla au-devant de cet homme et lui dit : – C’est vous, monsieur de Béville ? – Oui, dit l’homme.

On remisa le fiacre, on installa à l’écurie les chevaux, et l’on enferma le cocher dans une salle basse ; on lui donna à boire et on lui mit une bourse dans