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coup sur coup du préfet au ministre. Morny, moins effrayé, et homme d’esprit du moins, recevait toutes ces secousses dans son cabinet. On a raconté qu’à la première il avait dit : Maupas est malade, et à cette demande : que faut-il faire ? avait répondu par le télégraphe : couchez-vous ! à la seconde il répondit encore : couchez-vous ! – à la troisième, la patience lui échappant, il répondit : couchez-vous, j… f….. ! »Le zèle des agents lâchait prise et commençait à tourner casaque. Un homme intrépide, envoyé par le comité de résistance pour soulever le faubourg Saint-Marceau, est arrêté rue des Fossés-Saint-Victor, les poches pleines des proclamations et des décrets de la gauche. On le dirige vers la préfecture de police ; il s’attendait à être fusillé. Comme l’escouade qui l’emmenait passait devant la Morgue, quai Saint-Michel, des coups de fusil éclatent dans la Cité ; le sergent de ville qui conduisait l’escouade dit aux soldats : Regagnez votre poste, je me charge du prisonnier. Les soldats éloignés, il coupe les cordes qui liaient les poignets du prisonnier et lui dit : – Allez-vous-en, je vous sauve la vie, n’oubliez pas que c’est moi qui vous ai mis en liberté ! Regardez-moi bien pour me reconnaître. »Les principaux complices militaires tenaient conseil ; on agitait la question de savoir s’il ne serait pas nécessaire que Louis Bonaparte quittât immédiatement le faubourg Saint-Honoré et se transportât soit aux Invalides, soit au palais du Luxembourg, deux points stratégiques plus faciles à défendre d’un coup de main que l’Elysée. Les uns opinaient pour les Invalides, les autres pour le Luxembourg. Une altercation éclata à ce sujet entre deux généraux. »C’est dans ce moment-là que l’ancien roi de Westphalie, Jérôme Bonaparte, voyant le coup d’État chanceler et prenant quelque souci du lendemain, écrivit à son neveu cette lettre significative :

       « Mon cher neveu,

»Le sang français a coulé, arrêtez-en l’effusion par un sérieux appel au peuple. Vos sentiments sont mal compris. La seconde proclamation, dans laquelle vous parlez du plébiscite, est mal reçue du peuple, qui ne le considère pas comme le rétablissement du droit de suffrage. La liberté est sans garantie si une assemblée ne contribue pas à la constitution de la République. L’armée a la haute main. C’est le moment de compléter la victoire matérielle par une victoire morale, et ce qu’un gouvernement ne peut faire quand il est battu, il doit le faire quand il est victorieux. Apres avoir détruit les vieux partis, opérez la restauration du peuple, proclamez que le suffrage universel, sincère, et agissant en harmonie avec la plus