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un gouvernement fort et libre… le contrôle est sérieux, la discussion est libre et le vote de l’impôt décisif… Il y a en France un gouvernement animé de la foi et de l’amour du bien, qui repose sur le peuple, source de tout pouvoir ; sur l’armée, source de toute force ; sur la religion, source de toute justice. Recevez l’assurance de mes sentiments. » Ces braves dupes, nous les connaissons aussi ; nous en avons vu bon nombre sur les bancs de la majorité à l’Assemblée législative. Leurs chefs, opérateurs habiles, avaient réussi à les terrifier, moyen sûr de les conduire où l’on voulait. Ces chefs, ne pouvant plus employer utilement les anciens épouvantails, les mots jacobin et sans-culotte, décidément trop usés, avaient remis à neuf le mot démagogue. Ces meneurs, rompus aux pratiques et aux manœuvres, exploitaient le mot « la Montagne » avec succès ; ils agitaient à propos cet effrayant et magnifique souvenir. Avec ces quelques lettres de l’alphabet, groupées en syllabes et accentuées convenablement : – démagogie – montagnards – partageux – communistes – rouges, ils faisaient passer des lueurs devant les yeux des niais. Ils avaient trouvé le moyen de pervertir les cerveaux de leurs collègues ingénus au point d’y incruster, pour ainsi dire, des espèces de dictionnaires où chacune des expressions dont se servaient les orateurs et les écrivains de la démocratie se trouvait immédiatement traduite. – Humanité, lisez : Férocité ; – Bien-être universel, lisez : Bouleversement ; – République, lisez : Terrorisme ; Socialisme, lisez : Pillage ; – Fraternité, lisez : Massacre ; – Evangile, lisez : Mort aux riches. De telle sorte que, lorsqu’un orateur de la gauche disait, par exemple : Nous voulons la suppression de la guerre et l’abolition de la peine de mort, une foule de pauvres gens, à droite, entendaient distinctement : Nous voulons tout mettre à feu et à sang, et, furieux, montraient le poing à l’orateur. Après tel discours où il n’avait été question que de liberté, de paix universelle, de bien-être par le travail, de concorde et de progrès, on voyait les représentants de cette catégorie que nous avons désignée en tête de ce paragraphe se lever tout pâles ; ils n’étaient, pas bien sûrs de n’être pas déjà guillotinés et s’en allaient chercher leurs chapeaux pour voir s’ils avaient encore leurs têtes. Ces pauvres êtres effarés n’ont pas marchandé leur adhésion au 2 décembre. C’est pour eux qu’a été spécialement inventée la locution : « Louis-Napoléon a sauvé la société. » Et ces éternels préfets, ces éternels arbitres, ces éternels capitouls, ces éternels échevins, ces éternels complimenteurs du soleil levant ou du lampion allumé, qui arrivent, le lendemain du succès, au vainqueur, au triomphateur, au maître, à sa majesté Napoléon-le-Grand, à sa majesté Louis XVIII, à sa majesté Alexandre Ier, à sa majesté Charles X, à sa majesté Louis-Philippe, au citoyen Lamartine, au citoyen Cavaignac, à monseigneur