« Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle/Arc-boutant » : différence entre les versions

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{| width=100% border="0"
| width=33% style="background: #ffe4b5" | <center>< [[Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 1, Arc-doubleau. arc-ogive. arc formeret|Arc-doubleau. arc-ogive. arc formeret]]</center>
Ligne 61 ⟶ 62 :
jours sous les formerets de ces voûtes, ils avaient cherché à contre-butter
leur poussée par un demi-berceau continu bandé sur le triforium (49). Mais
</div>
 
[[Image:Arc.boutant.abbaye.aux.Hommes.png|center]]
<div class=prose>
 
<br>
ce demi-berceau n'arrive pas au point de la poussée de ces voûtes hautes.
Et pourquoi un demi-berceau continu pour maintenir une voûte d'arête
Ligne 119 ⟶ 121 :
dans l'Île-de-France, la Champagne et la Bourgogne, se répand dans tout
l'occident.
</div>
 
[[Image:Arc.boutant.Saint.Remy.Reims.png|center]]
<div class=prose>
Nous donnons en première ligne et parmi les plus anciens l'un des arcs-boutants
du chœur de l'église Saint-Remy de Reims, dont la construction
remonte à la dernière moitié du XII<sup>e</sup> siècle (50). Ici l'arc-boutant est simple,
 
[[Image:Arc.boutant.Saint.Remy.Reims.png|center]]
 
il vient contre-butter les voûtes au point de leur poussée, et répartit sa
force de résistance sur une ligne verticale assez longue au moyen de ce
Ligne 176 ⟶ 177 :
contre-buttées par des arcs-boutants
doubles (52) dont les têtes
</div>
 
[[Image:Arc.boutant.cathedrale.Soissons.png|center]]
<div class=prose>
 
<br>
viennent s'appuyer contre des piles
portées par des colonnes engagées.
Ligne 192 ⟶ 194 :
conserver toute leur force d'étrésillonnement qu'autant qu'ils ne se déforment
pas. En effet (53), soit A B C un arc-boutant, la pile verticale D venant
</div>
 
[[Image:Schema.Arc.boutant.png|center]]
<div class=prose>
 
<br>
à tasser, il faudra, si l'arc est engagé au point A, qu'il se rompe en B,
ainsi que l'indique la fig. 1. Si, au contraire, c'est le contre-fort E qui vient
Ligne 216 ⟶ 219 :
toute la résistance d'un mur plein, en leur laissant une grande légèreté. La
cathédrale de Chartres nous donne un admirable exemple de ces sortes d'arcs-boutants (54).
</div>
 
[[Image:Arc.boutant.cathedrale.Chartres.png|center]]
<div class=prose>
 
La construction de cet édifice présente dans toutes ses parties
une force remarquable, les voûtes ont une épaisseur inusitée (0m,40 environ),
Ligne 251 ⟶ 254 :
établi entre la poussée des
voûtes et la buttée des arcs-boutants.
</div>
 
[[Image:Arc.boutant.eglise.Saint.Denis.png|center]]
<div class=prose>
La nef et l'œuvre haute du
chœur de l'église de Saint-Denis,
Ligne 258 ⟶ 263 :
les plus parfaites de ce
principe (55), que nous trouvons
 
[[Image:Arc.boutant.eglise.Saint.Denis.png|center]]
 
adopté au XIII<sup>e</sup> siècle
dans les chœurs des cathédrales
Ligne 286 ⟶ 288 :
le diamètre des arcs-boutants, leur épaisseur et l'épaisseur de la
culée ou contre-fort.
</div>
 
[[Image:Arc.boutant.primitif.png|center]]
<div class=prose>
Ainsi les arcs-boutants primitifs sont généralement formés d'un quart de
cercle (56), mais leurs claveaux sont épais et lourds, ils résistent à l'action
 
[[Image:Arc.boutant.primitif.png|center]]
 
de la poussée des voûtes par leur poids, et venant s'appuyer au droit de cette
poussée, ils ajoutent sur les piles A une nouvelle charge à celle des voûtes;
Ligne 304 ⟶ 305 :
à conserver leur courbure. Dès lors les arcs-boutants furent cintrés sur une
portion de cercle dont le centre était placé en dedans des piles des nefs (57),
</div>
 
[[Image:Arc.boutant.png|center]]
<div class=prose>
 
<br>
ils remplissaient ainsi la fonction d'un étai, n'opposaient plus une force passive
à une force active, mais venaient porter une partie du poids de la voûte,
Ligne 319 ⟶ 321 :
construits dans l'église Notre-Dame de
Semur en Auxois (58), monument que
</div>
 
[[Image:Arc.boutant.eglise.Semur.en.Auxois.png|center]]
<div class=prose>
 
<br>
nous citerons souvent à cause de son
exécution si belle et de l'admirable entente
Ligne 341 ⟶ 344 :
construction des immenses arcs-boutants de Notre-Dame de Paris, refaits
au XIV<sup>e</sup> siècle (59). Ces arcs prodigieux, qui n'ont pas moins de 15 mètres
 
[[Image:Arc.boutant.Notre.Dame.de.Paris.png|center]]
 
de rayon, furent élevés par suite de dispositions tout exceptionnelles
(voy. CATHÉDRALE); c'est là un fait unique.
</div>
 
[[Image:Arc.boutant.Notre.Dame.de.Paris.png|center]]
<div class=prose>
Tous les exemples que nous venons de donner ne reproduisent que des
arcs-boutants simples ou doubles d'une seule volée; mais dans les chœurs
Ligne 362 ⟶ 364 :
la poussée, détruit une partie de son effet et permet ainsi de réduire
l'épaisseur des contre-forts extérieurs.
</div>
 
[[Image:Plan.arc.boutant.chapelle.png|center]]
<div class=prose>
Dans les chœurs des grandes églises bâties pendant les XIII<sup>e</sup>, XIV<sup>e</sup> et
XV<sup>e</sup> siècles, les chapelles présentent généralement en plan une disposition
telle que derrière les piles qui forment la séparation de ces chapelles, les
murs sont réduits à une épaisseur extrêmement faible (60) à cause de la
 
[[Image:Plan.arc.boutant.chapelle.png|center]]
 
disposition rayonnante de l'abside. Si l'on élevait un contre-fort plein sur le
mur de séparation de A en B, il y aurait certainement rupture au point C,
Ligne 382 ⟶ 383 :
comment les constructeurs du XIII<sup>e</sup> siècle établirent les arcs-boutants du
chœur de cette immense église (61). Pour laisser une plus grande résistance
</div>
 
[[Image:Arc.boutant.cathedrale.Beauvais.png|center]]
<div class=prose>
 
<br>
à la culée des contre-forts A C, ils ne craignirent pas de poser la pile A en
porte à faux sur la pile B, calculant avec raison que la poussée des deux
Ligne 437 ⟶ 439 :
furent construits les arcs-boutants du chœur de la cathédrale d'Amiens,
élevés vers 1260 (62). Cette première tentative ne fut pas heureuse. Les
</div>
 
[[Image:Arc.boutant.cathedrale.Amiens.png|center]]
<div class=prose>
 
<br>
arcs-boutants, trop peu chargés par ces aqueducs à jour, purent se
maintenir dans le rond-point, là où ils n'avaient à contre-butter que la
Ligne 454 ⟶ 457 :
nord, et on le voit rarement employé avant le XVI<sup>e</sup> siècle dans les monuments
de l'Île-de-France, de la Bourgogne et du nord-ouest.
</div>
 
[[Image:Arc.boutant.cathedrale.Amiens.2.png|center]]
<div class=prose>
Voici comment au XV<sup>e</sup> siècle l'architecte qui réédifia en grande partie le
chœur de l'église d'Eu sut prévenir le relèvement des arcs-boutants
Ligne 460 ⟶ 465 :
de poser immédiatement les pieds-droits de l'aqueduc sur l'extrados de
l'arc (63), comme dans le chœur de la cathédrale d'Amiens, il établit
 
[[Image:Arc.boutant.cathedrale.Amiens.2.png|center]]
 
d'abord sur cet extrados un premier ''étai'' de pierre A B. Cet étai est appareillé
comme une plate-bande retournée, de façon à opposer une résistance
Ligne 530 ⟶ 532 :
Nous donnons ici (64) un des arcs-boutants de la cathédrale de Clermont-Ferrand,
construits comme toute cette église en lave de Volvic.
</div>
 
[[Image:Arc.boutant.cathedrale.Clermont.Ferrand.png|center]]
<div class=prose>
 
Un des arcs-boutants de la cathédrale de Narbonne (65), construits en pierre de
Sainte-Lucie, qui est un calcaire fort résistant. Quant au chœur de la
</div>
 
[[Image:Arc.boutant.cathedrale.Narbonne.png|center]]
<div class=prose>
 
<br>
cathédrale de Limoges, il est bâti en granit. Dans l'un comme dans l'autre
de ces arcs-boutants, les piles A reposent sur les piles de tête des chapelles,
Ligne 554 ⟶ 557 :
C'est ce dernier parti qui fut franchement admis au XIV<sup>e</sup> siècle dans la
construction des arcs-boutants de l'église de Saint-Urbain de Troyes (66).
</div>
 
[[Image:Arc.boutant.eglise.Saint.Urbain.Troyes.png|center]]
<div class=prose>
 
Que l'on veuille bien examiner cette figure, et l'on verra que
l'arc-boutant
Ligne 608 ⟶ 611 :
pierre réunies par
une arcature à jour (67);
</div>
 
[[Image:Arc.boutant.cathedrale.Troyes.png|center]]
<div class=prose>
 
<br>
la buttée inférieure
est tangente à l'extrados de l'arc, de manière à reporter la poussée sur
Ligne 624 ⟶ 628 :
savante que gracieuse, et l'art ici est complétement sacrifié aux combinaisons
géométriques.
</div>
 
[[Image:Arc.boutant.Sainte.Chapelle.Paris.png|center]]
<div class=prose>
Ce système d'arcs-boutants à jour, rigides, fut quelquefois employé avec
bien plus de raison lorsqu'il s'agissait de maintenir une poussée agissant
Ligne 637 ⟶ 643 :
côtés atteignant la hauteur sous
clef des voûtes de la nef (68),
 
[[Image:Arc.boutant.Sainte.Chapelle.Paris.png|center]]
 
il fallait s'opposer à la poussée
des grands arcs-doubleaux et
Ligne 668 ⟶ 671 :
couronne l'aqueduc devient un étai par la force qu'on lui donne aussi bien
que par la manière dont il est appareillé.
</div>
 
[[Image:Arc.boutant.église.Saint.Wulfrand.Abbeville.png|center]]
<div class=prose>
Comme il arrive toujours lorsqu'un système adopté est poussé à ses
dernières limites, on finit par perdre la trace du principe qui l'a développé;
Ligne 683 ⟶ 688 :
la poussée des voûtes. Nous donnons ici (69) un des arcs-boutants de la
nef de l'église Saint-Wulfrand d'Abbeville, construit d'après ce dernier
 
[[Image:Arc.boutant.église.Saint.Wulfrand.Abbeville.png|center]]
 
principe pendant les premières années du XVI<sup>e</sup> siècle. Ces arcs ont produit
et subi de graves désordres par suite de leur disposition vicieuse. Les
Ligne 704 ⟶ 706 :
de la ligne DC. Donc les sommiers placés à la tête des arcs-boutants
en B sont contraires au principe même de l'arc-boutant.
</div>
 
[[Image:Porche.eglise.Saint.Urbain.Troyes.png|center]]
<div class=prose>
Les porches nord et sud de l'église Saint-Urbain de Troyes peuvent
donner une idée bien exacte de la fonction que remplissent les arcs-boutants
Ligne 715 ⟶ 719 :
n'entre dans toute cette construction, assez importante cependant, qu'un
volume très-restreint de matériaux posés avec autant d'art que d'économie (70).
</div>
 
[[Image:Porche.eglise.Saint.Urbain.Troyes.png|center]]
 
[[Image:Arc.boutant.eglise.Saint.Urbain.Troyes.2.png|center]]
<div class=prose>
 
A indique le plan de ce porche, B la vue de l'un de ses arcs-boutants
d'angle. Comme dans toutes les bonnes constructions de cette
époque, l'arc-boutant ne fait que s'appuyer contre la colonne, juste au
point de la poussée, étayant le sommier qui reçoit les
arcs-doubleaux, les archivoltes et les arcs-ogives. Au-dessus des arcs-boutants les contre-forts
arcs-doubleaux,
 
les archivoltes et les arcs-ogives. Au-dessus des arcs-boutants les contre-forts
sont rendus plus stables par des pinacles, et les colonnes elles-mêmes
sont chargées et roidies par les pyramidions qui les surmonent.
Ligne 764 :
apparence de force que celles appliquées aux archivoltes et aux arcs des
voûtes.
</div>
 
[[Image:Arc.boutant.cathedrale.Paris.png|center]]
<div class=prose>
Lorsqu'à la fin du XII<sup>e</sup> siècle et au commencement du XIII<sup>e</sup> on appliqua
le système des arcs-boutants aux grandes voûtes portées sur des
Ligne 775 ⟶ 777 :
poussée des arcs-doubleaux entre ces buttées. À la cathédrale de Paris,
par exemple (71), il a toujours existé des
 
[[Image:Arc.boutant.cathedrale.Paris.png|center]]
 
arcs-boutants de A en B pour maintenir
la poussée des voûtes de la nef et du
Ligne 795 ⟶ 794 :
les contre-forts des angles formés par les transsepts de manière à pouvoir
butter les voûtes dans les deux sens (72). À la cathédrale d'Amiens,
 
[[Image:Arc.boutant.XIIIe.siecle.png|center]]
 
par exemple, ces contre-forts, à la rencontre du transsept et du chœur,
présentent en plan la forme d'une croix, et il existe des arcs-boutants de
D en C comme de A en B. Quand les arcs-boutants sont à doubles volées,
la première volée est bandée de E en F comme de G en F.
</div>
 
[[Image:Arc.boutant.XIIIe.siecle.png|center]]
<div class=prose>
Souvent il arrivait aussi que les arcs-boutants des nefs ou des chœurs,
poussant sur la tranche de contre-forts très-larges mais
Ligne 808 ⟶ 806 :
n'étaient en réalité que des murs (73), comme aux chœurs de
Notre-Dame
 
[[Image:Arc.boutant.XIIIe.siecle.2.png|center]]
 
de Paris, de l'église de Saint-Denis, de la cathédrale du Mans, tendaient à
faire déverser ces murs; on établit également, vers le milieu du XIII<sup>e</sup> siècle,
des éperons latéraux A sur les flancs des contre-forts, pour prévenir ce
déversement (voy. CONTRE-FORT).
</div>
 
[[Image:Arc.boutant.XIIIe.siecle.2.png|center]]
<div class=prose>
On ne s'arrêta pas là; ces masses de constructions élevées pour maintenir
les arcs-boutants ne pouvaient satisfaire les constructeurs du XV<sup>e</sup> siècle, qui