« Le Péché de Monsieur Antoine/Chapitre XXIX » : différence entre les versions

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L’abatis d’arbres qui blessait si vivement M. de Boisguilbault avait été fait sur le bord de la petite rivière, et les sveltes peupliers, les vieux saules et les aunes majestueux, en tombant pêle-mêle, avaient formé comme un pont de verdure sur cet étroit courant. Tandis que les bœufs étaient occupés à en retirer quelques-uns avec des cordes, et à les traîner vers les chariots destinés à les emporter, le vigoureux charpentier, courant sur les tiges abattues qui barraient encore la rivière, s’appliquait à couper les branches entrecroisées dont la résistance paralysait l’effort des animaux de trait. Ardent au travail et passionné pour la destruction que sa profession utilise, il déployait son courage et son habileté avec une sorte de transport. La rivière était profonde et rapide en cet endroit, et le poste de Jean était assez périlleux pour qu’aucun autre n’eût osé le partager. Courant avec la légèreté et l’aplomb d’un jeune homme jusque vers l’extrémité flexible des arbres couchés en travers sur l’eau, il se retournait parfois pour couper la tige même sur laquelle il se tenait en équilibre, et au moment où un craquement sérieux lui annonçait que son appui allait s’enfoncer sous ses pieds, il sautait lestement sur une tige voisine, électrisé par le danger et par l’étonnement de ses camarades. Sa hache brillante tournoyait en éclairs autour de lui, et sa voix sonore stimulait les autres travailleurs, surpris de trouver si facile une tâche que l’intelligence et l’énergie d’un seul homme commandait, simplifiait et enlevait comme par miracle.
 
L’abatis d’arbres qui blessait si vivement M. de Boisguilbault avait été fait sur le bord de la petite rivière, et les sveltes peupliers, les vieux saules et les aunes majestueux, en tombant pêle-mêle, avaient formé comme un pont de verdure sur cet étroit courant. Tandis que les bœufs étaient occupés à en retirer quelques-uns avec des cordes, et à les traîner vers les chariots destinés à les emporter, le vigoureux charpentier, courant sur les tiges abattues qui barraient encore la rivière, s’appliquait à couper les branches entrecroisées dont la résistance paralysait l’effort des animaux de trait. Ardent au travail et passionné pour la destruction que sa profession utilise, il déployait son courage et son habileté avec une sorte de transport. La rivière était profonde et rapide en cet endroit, et le poste de Jean était assez périlleux pour qu’aucun autre n’eût osé le partager. Courant avec la légèreté et l’aplomb d’un jeune homme jusque vers l’extrémité flexible des arbres couchés en travers sur l’eau, il se retournait parfois pour couper la tige même sur laquelle il se tenait en équilibre, et au moment où un craquement sérieux lui annonçait que son appui allait s’enfoncer sous ses pieds, il sautait lestement sur une tige voisine, électrisé par le danger et par l’étonnement de ses camarades. Sa hache brillante tournoyait en éclairs autour de lui, et sa voix sonore stimulait les autres travailleurs, surpris de trouver si facile une tâche que l’intelligence et l’énergie d’un seul homme commandait, simplifiait et enlevait comme par miracle.
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d’un seul homme commandait, simplifiait et enlevait comme par miracle.
 
Si M. de Boisguilbault eût été de sang-froid, il eût admiré à son tour, et même il eût ressenti un certain respect pour l’homme qui portait la puissance du génie dans l’accomplissement de ce travail grossier. Mais la vue d’une belle plante pleine de sève et de vie, tranchée par le fer au milieu de son développement, l’indignait et lui déchirait le cœur, comme s’il eût assisté à une scène de meurtre, et, quand cet arbre lui appartenait, il le défendait comme si c’eût été un membre de sa famille.
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« Que faites-vous là, maladroits imbéciles ! s’écria-t-il en brandissant sa canne, et d’une voix de fausset que la colère rendait aiguë et perçante comme celle d’un fifre. Et toi, bourreau ! cria-t-il à Jean Jappeloup, as-tu juré de me blesser et de m’outrager sans cesse ? »
 
Le paysan a l’oreille dure, le paysan berrichon surtout. Les bouviers, échauffés par une ardeur inaccoutumée, n’entendirent pas la voix du maître, d’autant plus que le grincement des cordes, le craquement des jougs et les cris puissants et dominateurs du charpentier couvrirent ces sons grêles. Le temps était à l’orage, l’horizon était chargé de nuées violettes qui montaient rapidement. Jean, baigné de sueur, avait retenu tout le monde, en jurant qu’il fallait achever cette besogne avant la pluie qui allait gonfler la rivière, et qui pouvait emporter les arbres abattus. Une sorte de rage s’était emparée de lui, et, malgré la piété qui régnait au fond de son cœur, il jurait comme un païen, comme s’il eût cru ainsi décupler ses forces. Le sang bourdonnait dans son oreille ; des exclamations de fureur et de joie lui échappaient à chaque exploit de son bras robuste, et venaient se mêler aux grondements de la foudre. Des coups de vent impétueux l’enveloppaient de feuillage et faisaient voltiger sur son
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front les mèches argentées de sa rude chevelure. Avec son teint pâle, ses yeux étincelants, son tablier de cuir, sa grande taille maigre, son bras nu et armé, il avait l’air d’un cyclope faisant, sur les flancs de l’Etna, sa provision de bois, pour alimenter le foyer de sa forge infernale.
 
Tandis que le marquis s’épuisait en impuissantes clameurs, le charpentier, ayant dégagé le dernier obstacle, revint en courant sur le tronc arrondi d’un jeune érable, avec une adresse qui eût fait honneur à un acrobate de profession, sauta sur le rivage, et, saisissant la corde de l’attelage, il allait unir l’exubérance de sa force athlétique à celle des bœufs épuisés de fatigue, lorsqu’il sentit tomber assez sèchement sur ses reins, couverts seulement d’une grosse chemise, le jonc souple et nerveux de M. de Boisguilbault.
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À peine avait-il prononcé cette formule d’extermination, que ses yeux, voilés par l’ivresse du travail, s’éclaircirent tout à coup, et, qu’à la lueur d’un grand éclair, il vit son bienfaiteur debout devant lui, pâle comme un spectre. Le marquis tenait encore, dans sa main tremblante de rage, la pomme d’or et le tronçon de sa canne. Ce tronçon était si court qu’il s’en était fallu de bien peu que Jean n’abattît la main imprudemment levée sur lui.
 
« Par les cinq cent mille noms du diable, monsieur de Boisguilbault ! s’écria-t-il en jetant sa cognée ; si c’est votre esprit qui vient là pour me tourmenter, je vous ferai dire une messe ; mais si c’est vous, en chair et en os, parlez-moi, car je ne suis pas patient avec les gens de l’autre monde.
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parlez-moi, car je ne suis pas patient avec les gens de l’autre monde.
 
— Que fais-tu ici ? pourquoi détruis-tu mes plantations, bête stupide ? répondit M. de Boisguilbault, que le danger auquel il venait d’échapper comme par miracle n’avait nullement calmé.
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— C’est des arbres que la dribe avait déracinés, not’ maître, et qui commençaient à jaunir : une dribe de plus, et l’eau les emportait avec la souche. Voyez si je vous trompe ! »
 
Le marquis retrouva alors assez de calme pour regarder autour de lui, et pour constater que l’inondation du mois de juin avait couché ces arbres sur le flanc. La terre largement crevassée et les racines en l’air attestaient la vérité du rapport qu’on lui faisait. Mais, ne voulant pas encore s’en rapporter au témoignage de ses yeux :
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pas encore s’en rapporter au témoignage de ses yeux :
 
« Et pourquoi n’avez-vous pas attendu mes ordres pour les enlever ? dit-il, ne vous ai-je pas défendu cent fois de mettre la cognée à un seul arbre sans m’avoir consulté ?
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— Not’ maître, vous n’aurez pas le temps, la voilà qui commence, et ça va tomber dru !
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— C’est bon, c’est bon, je vous remercie, c’est mon affaire », dit le marquis. Et, tournant le dos, il s’éloigna, tandis que ses métayers et leurs bœufs reprenaient le chemin du domaine.
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« Ma destinée est d’offenser cet homme-là, et de ne le rencontrer que pour souffrir », se dit M. de Boisguilbault. Et il hésita longtemps, partagé entre un naïf repentir et une violente répugnance.
 
Il se décida à lui faire signe de venir à lui, mais Jean
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ne parut pas le voir, quoiqu’il fit encore un peu de jour ; à l’appeler d’une voix dont la colère n’élevait plus le diapason, mais Jean ne parut pas l’entendre.
 
« Allons, se dit M. de Boisguilbault à lui-même, tu es coupable ; il faut t’exécuter. »
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— Vous savez bien que je n’en peux demander aucune. D’une chiquenaude, je vous casserais en deux, et, en outre, je suis votre obligé. Mais je vous en voudrai toute ma vie pour m’avoir rendu la reconnaissance humiliante et lourde à porter. Je n’aurais pas cru que ça dût jamais m’arriver, car je n’ai pas le cœur plus mal fait qu’un autre, et je m’étais soumis au chagrin de ne pouvoir pas vous remercier. À présent, tenez, j’aime mieux aller en prison, ou recommencer à vagabonder que d’emporter un coup de canne. Allez-vous-en, laissez-moi tranquille. J’étais en train de me raisonner, et voilà que vous me remettez en colère. J’ai besoin de me dire que vous êtes un peu fou, pour ne pas vous en dire davantage.
 
— Eh bien, c’est vrai, Jean, je suis un peu fou, répondit
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tristement le marquis, et ce n’est pas la première fois qu’il m’arrive de perdre l’empire de ma raison pour des misères. C’est à cause de cela que je vis seul, que je ne sors pas, et que je me montre le moins possible. Ne suis-je pas assez puni ? »
 
Jean ne répliqua pas ; ce triste aveu faisait succéder la pitié à la colère.
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— Et comment donc ? Que je vous frappe ? Nous ne serions pas quittes : je resterais toujours votre obligé, et je ne veux rien vous devoir.
 
— Eh bien, acquitte-toi, si bon te semble, puisque tu es si fier et si têtu, dit le marquis perdant patience. Tu es aveugle et méchant, puisque tu ne vois pas la peine que j’éprouve.
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Tu serais assez vengé si tu la comprenais ; mais tu veux une vengeance brutale et cruelle. Tu veux te réduire à la misère et t’épuiser de fatigue pour me faire rougir et pleurer tous les jours de ma vie.
 
— Si vous le prenez comme ça… dit Jean à demi vaincu, non, je ne suis pas un méchant homme, et je peux vous pardonner une folie de jeunesse. Diable ! c’est que vous avez encore la tête vive et la main leste ! Qu’est-ce qui dirait ça ? Enfin, n’en parlons plus ; encore une fois, je vous pardonne.
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— Comme vous tournez ça, je n’y comprends plus goutte. Allons, nous verrons si nous pouvons nous entendre. Mais si je vais chez vous et que ma figure vous mette encore en colère ! Voyons, ne pouvez-vous pas me dire, au moins, ce que vous avez eu si longtemps contre moi ? Vous me devriez bien ça ! Il faut que, sans le savoir, je ressemble à quelqu’un qui vous a fait du mal. Ce n’est toujours pas quelqu’un d’ici ; car je ne connais dans le pays que le vieux cheval du curé de Cuzion à qui je ressemble.
 
— Ne me fais pas de questions ; il m’est impossible de te répondre. Admets que je suis sujet à des accès de folie, et aime-moi par pitié, puisque je ne puis être aimé autrement.
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et aime-moi par pitié, puisque je ne puis être aimé autrement.
 
— Monsieur de Boisguilbault, dit le charpentier avec effusion, il ne faut pas parler comme cela : ce n’est pas vous rendre justice. Vous avez des défauts, c’est vrai, des caprices, des vivacités un peu fortes ; mais, au fond, vous savez bien qu’on est obligé de vous respecter, parce que vous avez un cœur juste, que vous aimez le bien et que vous n’avez jamais fait un malheureux autour de vous ; et puis, vous avez des idées… que vous n’avez pas prises seulement dans vos livres, des idées que les riches n’ont pas souvent, et qui rendraient le monde heureux, si le monde voulait penser comme vous. Pour avoir ces idées-là, il ne suffit pas d’être instruit et raisonnable, il faut aimer beaucoup tous les hommes qui sont sur la terre, et n’avoir pas une pierre à la place du cœur ; c’est pourquoi il faut bien que Dieu s’en soit mêlé. Ne dites donc pas qu’on vous aimerait par pitié ; vous n’auriez qu’à vouloir être aimé, et il ne faudrait pas beaucoup vous changer pour en venir à bout.
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— Parle-moi de toi, Jean, dit M. de Boisguilbault avec un empressement douloureux… ou plutôt… viens prendre ton souper et ton gîte chez moi ce soir. Je veux que nous soyons, dès aujourd’hui, entièrement réconciliés, mais à certaines conditions que je te dirai peut-être… et qui sont étrangères au fond de notre querelle. La pluie augmente, et ces branches ne nous garantissent plus.
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— Non, je n’irai pas chez vous ce soir, dit le charpentier, mais je vous reconduirai jusqu’à votre porte ; car voilà une mauvaise nuée, et il ne fera pas bon à marcher dans un instant. Tenez, monsieur de Boisguilbault, voulez-vous me croire ? mettez sur vos épaules mon tablier de cuir ; ça n’est pas beau, mais ça ne touche que du bois (mon état est propre, c’est ce qui m’en a toujours plu), et puis ça ne craint pas l’eau.
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— Oui, il y avait des jours où ça m’amusait trop, ça me rendait malade ; mais quand vous veniez me dire : “Jean, ce n’est pas ça ; tu vas me tromper…” dame ! me mettiez-vous en colère !
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— Tu te fâchais, tu m’envoyais presque promener !
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— Et tu ne peux même pas me donner de ses nouvelles ? J’en suis fort inquiet. J’espérais le voir aujourd’hui, et c’est pour aller à sa rencontre que j’étais sorti.
 
— Ah ! alors, je comprends comment, vous qui ne sortez pas de votre parc, vous avez été si loin. Mais vous avez tort de suivre comme ça les prés. C’est coupé de ruisseaux qui ne sont pas minces, et voilà que je ne sais plus où nous
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sommes. Comme ça tombe, mille millions de diables ! voilà juste le temps qu’il faisait le soir qu’Émile est arrivé dans ce pays-ci. Je l’ai rencontré sous une grosse pierre où il s’était mis à l’abri, et je ne savais guère qu’en m’appuyant là je mettais la main sur un ami, sur un vrai cœur d’homme, sur un trésor !
 
— Tu lui es donc fort, attaché ? Il avait essayé de me parler de toi bien souvent…
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— Ainsi, tu approuverais qu’on lui achetât la liberté de son fils ?
 
— Il y a des gens qui ne donnent jamais, et qui vendent ce qu’ils doivent. Mais, par le sang du diable ! nous voilà dans l’étang ! Arrêtez-vous ! arrêtez-vous ! ce n’est pas de la terre, c’est de l’eau ; nous avons trop pris sur la droite :
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ce n’est pourtant pas le vin qui nous a troublé la cervelle. Par où allons-nous sortir de là ?
 
— Je n’en sais rien ; il y a longtemps que nous marchons, et nous devrions être à Boisguilbault.
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— Je ne me rappelle pas de l’avoir jamais rencontrée, répondit M. de Boisguilbault en examinant l’intérieur avec plus d’attention. C’est sans doute une personne charitable, qui remplit auprès des malheureux les devoirs que je néglige.
 
— C’est la sœur du curé de Cuzion, reprit Jean Jappeloup, c’est une bonne âme, une jeune veuve très charitable, comme vous le dites. Attendez que je la prévienne de votre arrivée, car, je la connais, elle est un peu timide… »
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de votre arrivée, car, je la connais, elle est un peu timide… »
 
Il s’élança dans la chaumière, dit rapidement quelques paroles à l’oreille de la vieille femme et de Gilberte, qu’il venait, par une inspiration subite, de métamorphoser en sœur de curé, puis il revint prendre M. de Boisguilbault et le fit entrer en lui disant : « Venez, monsieur le marquis, venez ! vous ne ferez peur à personne. Les malades vont mieux, et il y a là un bon petit feu de javelle pour vous sécher. »