« Nostromo/Première partie/Chapitre V » : différence entre les versions

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Le général Montero, que le début de la guerre civile avait trouvé capitaine obscur dans un poste désert de la frontière orientale, avait apporté son appui au parti Ribiera, en un temps où des circonstances spéciales donnaient à ce faible concours une importance particulière. La fortune de la guerre l’avait merveilleusement servi, et la victoire de Rio Seco, remportée après un jour de lutte acharnée, avait mis le sceau à sa renommée. Il avait fini par se voir général, ministre de la Guerre et chef militaire du parti Blanco, bien qu’il ne pût se targuer d’une origine aristocratique. On disait même qu’orphelins tous deux, son frère et lui avaient dû leur éducation à la générosité d’un célèbre voyageur européen, au service de qui leur père avait perdu la vie. Ce père, simple charbonnier, selon une autre version, aurait vécu dans les bois avec leur mère, une Indienne baptisée de l’intérieur.
 
Quoi qu’il en fût, la presse du Costaguana célébrait comme « le plus héroïque exploit militaire des temps modernes », la marche effectuée par MonteraMontero à travers les forêts pour rejoindre, de son poste, les forces blanco, au début de la guerre. Vers la même époque, son frère, rentré d’Europe, où il était nommément secrétaire de consulat, avait réuni une bande de proscrits et montré quelque talent comme chef de guérilla. Son rôle lui avait valu, à la pacification, le poste de gouverneur militaire de la capitale.
 
Le ministre de la Guerre accompagnait donc le Dictateur. L’administration de la compagnie O.S.N., qui marchait la main dans la main, pour le bien de la République, avec celle du chemin de fer, avait, en cette occasion mémorable, donné l’ordre au capitaine Mitchell de mettre à la disposition des illustres voyageurs son paquebot-poste, la ''Junon''.