« Articles de l’Encyclopédie rédigés par Diderot » : différence entre les versions

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==NOTICE PRÉLIMINAIRE.==
 
C’est surtout par l’Encyclopédie que Diderot s’est fait connaître de ses contemporains cette oeuvre de longue haleine a occupé plus de la moitié de sa vie littéraire, lui a procuré les plus grands ennuis, mais a consacré sa réputation en appelant autour de son nom le bruit sans lequel on ne va pas à la postérité. Nous nousétendrons sur ce sujet dans notre étude biographique ; il ne peut s’agir ici que d’un résumé sommaire des péripéties de l’entreprise en elle-même. La pensée de l’Encyclopédie vint d’abord à quelques libraires, et, suivant l’usage, lesdits libraires, parmi lesquels se trouvaient Le Breton, l’imprimeur de l’Almanach rogal, et Briasson, pour lequel Diderot travaillait alors, ne virent pas autre chose là qu’un moyen de faire d’aussi beaux bénéfices qu’en avaient faits leurs confrères d’Angleterre avec l’Encyclopédie de Chambers, dont la vogue avait été, on peut le dire, excessive pour une simple compilation. Le premier projet consistait seulement en une traduction de l’ouvrage anglais, exécutée par un compatriote de l’auteur, Mills, qui s’était associé Godefroy Sellius, de Dantzick. Ce premier essai avorta. Les libraires s’adressèrent alors à quelques gens de lettres, et entre autres à un homme d’un esprit éclairé, mais incapable de suivre longtemps une même idée, à l’abbé de Gua de Malves, dont Diderot a tracé quelque part le portrait. On dit que cet abbé leur conseilla de ne pas se borner à traduire Chambers, mais à essayer de faire un travail nouveau dans lequel un plan bien conçu et bien dirigé mettrait un peu d’accord et de liaison entre les articles de même nature, que l’ordre alphabétique séparerait forcément. Cela est-il exact ? L’abbé donna-t-il un plan ? Voila ce qu’il est impossible d’élucider aujourd’hui. Il se pourrait que l’évocation de l’abbé ne fût qu’une des armes employées pour enlever à Diderot une partie de son mérite. Quoi qu’il en soit, l’abbé n’est

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nommé que par les ennemis de Diderot, et Diderot est nommé sur le titre de l’ouvrage t. Au moment où commencèrent les travaux préparatoires de l’Encyclopédie, Diderot avait trente-deux ans. Marié depuis peu et père, il travaillait courageusement et il traduisait, en collaboration avec Eidous et Toussaint, le grand Diction ?aaire de médecine de James, dont les six volumes in-folio allaient paraître en 1746. Cette besogne le préparait à en entreprendre une d’un genre analogue. On le savait bon mathématicien, excellent humaniste, déjà lié avec des artistes en tout genre, et, de plus, très-propre, par son esprit ouvert, le charme et la puissance de sa parole, à servir de trait d’union entre les divers membres de cette « Société de gens de lettres n qui devaient collaborer à l’oeuvre commune. Le privilége de la nouvelle Encyclopédie fut obtenu en 1745 et scellé le 21 janvier 1746. Le choix de Diderot comme principal éditeur avait été indiqué par le chancelier d’Aguesseau. Diderot amenait avec lui un certain nombre de ses amis, mais luimême était peu connu du public. Il n’avait encore rien publié sous son nom, et s’il était cité comme un « savant n, il sentait bien qu’un savant qui n’était d’aucune Académie ne recommandait pas l’oeuvre suffisamment. Heureusement, d’Alembert se trouvait là. Comme académicien et comme spécialiste, il pouvait être de la plus grande utilité, et ce ne fut pas une des moindres habiletés de Diderot de se l’associer sur le titre de l’ouvrage et de le conserver le plus longtemps qu’il le put commeauteur ou comme réviseur des articles de mathématiques, en même temps que comme paratonnerre. Quand d’Alembert, las de ce rôle, dont il ne se trouvait pas suffisamment rémunéré par les libraires, abandonna la partie, Diderot tint à la pousser jusqu’au bout et mérita dès lors d’être considéré comme ayant été seul à l’avoir jouée et à l’avoir gagnée. Cette partie fut longue et digicile. Les contre-temps se présentèrent avant même le premier coup de dé, c’est-à-dire avant la publication du premier volume. On commençait à s’occuper sérieusement dans le monde de l’oeuvre nouvelle en 1749, et l’impression était décidée, les rôles distribués, les matériaux en grande partie rassemblés, lorsque Diderot fut, comme nous l’avons dit dans la Notice de la Lettre sur les Aveugles, enfermé à Vincennes. Nous n’avons pas à dire ici l’impression qu’il ressentit de son incarcération nous ne devons pas sortir de l’historique du livre. Ce qui nous 1. Voici comment Naigeon délimite la part de l’abbé de Gua : « Le premier projet se bornait à la traduction de l’Encyclopédie anglaise de Chambers, avec quelques commentaires et additions que l’abbé de Gua, alors seul éditeur et rédacteur, s’était chargé de faire pour réparer les omissions importantes de l’auteur anglais et achever le tableau des connaissances humaines à cette époque. » (Mémoires sur la Vie et les Ouv1’agesOuvrages de Diderot, p. 450.)
 
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