« Shakespeare - Œuvres complètes, Hugo, tome 1 - Préface » : différence entre les versions

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{{Titre|Préface de la nouvelle traduction des œuvres de Shakespeare <ref>Ce texte fut écrit pour servir de préface à la nouvelle traduction de Shakespeare par François-Victor Hugo. Daté de mai 1864, il ne parut qu'avecqu’avec le tome XV et dernier en 1865. <small>(Note Wikisource)</small></ref>|[[Auteur:Victor Hugo|Victor Hugo]]|<small>1865</small>}}
 
 
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==[[Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 1.djvu/3]]==
 
Préface de la nouvelle traduction des œuvres de Shakespeare <ref>Ce texte fut écrit pour servir de préface à la nouvelle traduction de Shakespeare par François-Victor Hugo. Daté de mai 1864, il ne parut qu'avecqu’avec le tome XV et dernier en 1865. <small>(Note Wikisource)</small></ref>
 
==[[Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 1.djvu/4]]==
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bourgeois résiste à l’esprit universel.
 
Traduire un poëte étranger, c’est accroître la poésie nationale ; cet
accroissement déplaît à ceux auxquels il profite. C’est du moins le
commencement ; le premier mouvement est la révolte. Une langue dans
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Au dix-septième siècle, à propos de madame Dacier, on posa la
question : Faut-il traduire Homère ? L’abbé Terrasson, tout net,
répondit non. La Mothe fit mieux ; il refit ''l’Iliade''. Ce La Mothe était
un homme d’esprit qui était idiot. De nos jours, nous avons eu en ce
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''mémoires'' ''du'' ''maréchal'' ''Gouvion'' ''Saint''-''Cyr''.
 
— Faut-il traduire Homère ? — fut la question littéraire du dix-
septième siècle. La question littéraire du dix-huitième fut celle-ci :
— Faut-il traduire Shakespeare ?
 
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Letourneur, qu’on dit secrétaire de la librairie, et qui ne me paraît
pas le secrétaire du bon goût. Auriez-vous lu les deux volumes de ce
misérable ? il sacrifie tous les Français sans exception à son idole
(Shakespeare), comme on sacrifiait autrefois des cochons à Cérès ; il
ne daigne pas même nommer Corneille et Racine. Ces deux grands
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comme Georges Ier. Il s’écriait : — Je ne pourrais pas lire Shakespeare.
Et il ajoutait, c’est Hume qui le raconte : — C’est un garçon si ampoulé !
— (''He'' ''was'' ''such'' ''a'' ''bombast'' ''fellow'' '' ! '') L’abbé Millot, historien qui prêchait
l’Avent à Versailles et le Carême à Lunéville, et que Querlon préfère
à Hénault, raconte l’influence de Pope sur Georges II au sujet de
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''grelots''. Le dédain littéraire justifiait le dédain royal. Georges III
continua la tradition. Georges III, qui commença de bonne heure, à
ce qu’il paraît, l’état d’esprit , par lequel il devait finir, jugeait
Shakespeare et disait à miss Burney : — Quoi ! n’est-ce pas là un triste
galimatias ? quoi ! quoi ! — (''What'' ! ''is'' ''there'' ''not'' ''sad'' ''stuff'' ? ''what'' ! ''what'' '' ! '')
 
On dira : ce ne sont là que des opinions de roi. Qu’on ne s’y trompe
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d’ignorance, ceci est convenu ; mais, ce qui est moins connu, il a
beaucoup de science. Parfois tel détail qui surprend, où l’on croit voir
sa grossièreté, atteste précisément sa particularité et sa finesse ;
très-souvent ce que les critiques négateurs dénoncent dans Shakespeare
comme l’invention ridicule d’un esprit sans culture et sans lettres,
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Et de la sorte, vous saurez de qui est contemporain le Thésée du
''Songe'' ''d’une'' ''nuit'' ''d’été'' ; vous saurez comment les prodiges de la mort
de César se répercutent dans ''Macbeth'' ; vous saurez quelle quantité
d’Oreste il y a dans Hamlet. Vous connaîtrez le vrai Timon d’Athènes,
le vrai Shylock, le vrai Falstaff.
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Le commentaire couche Shakespeare sur la table d’autopsie, la
traduction le remet debout ; et après l’avoir vu disséqué, nous le
retrouvons en vie.