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dans la lettre de son livre, ne l’est-il pas resté dans son esprit ? Pourquoi les premiers mots qui vous frappent dans un écrit, ayant la prétention d’être une solution chrétienne à la grande question du temps présent, sont-ils une définition orde et païenne de la notion de Droit : « Le Droit est la résultante des besoins de la nature » ? Pour un homme qui, comme M. l’abbé Mitraud, doit avoir de la théologie et de la tradition dans la tête, le Droit a-t-il son expression ailleurs que dans les relations de la Famille ? Or, l’auteur des Sociétés humaines touche-t-il une seule fois à cette question de la famille, type et pierre angulaire de toute société, et à l’aide de laquelle un penseur énergique aurait tout expliqué, car Bonald n’a pas tout dit et il a même interverti les termes de sa Trinité domestique ?

M. Mitraud, qui parle de société et d’analyse comme il parle de tout, sans rigueur, sans serrer la voile d’une expression qui l’emporte à la dérive de toute pensée et le noie à la fin dans une écume de mots brillants, a-t-il analysé les éléments constitutifs de toute société ? A-t-il vu quelles en étaient les institutions essentielles, nécessaires, et au sein desquelles les familles doivent se grouper et se mouvoir ? S’il l’avait vu, est-ce une théorie après laquelle il aurait couru (et court encore) ? Au lieu d’une théorie, n’aurait-il pas fait une histoire, l’histoire de la constitution catholique qui n’est au fond que le jeu harmonieux des constellations de la famille dans le zodiaque de l’ordre et qu’il aurait opposée, comme une suprême réponse, à tous ces essais de société mécanique, rêvés par les philosophes du dix-neuvième siècle, en dehors du sociisme humain ?