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d’humanité antique dans cet idéal ! Mais ce qu’il y
d’humanité antique dans cet idéal ! Mais le plus beau c’est que la crainte de Dieu lui manque totalement, qu’il croit sévèrement à la raison, qu’il n’exhorte pas à la pénitence. Épictète était un esclave : son homme idéal est sans caste et il est possible dans toutes les situations sociales, mais on le cherchera avant tout dans les masses profondes et basses, où il sera l’homme silencieux qui se suffit à lui-même, au milieu d’un asservissement général, sans cesse en état de défense contre l’extérieur et se maintenant dans la plus haute bravoure. Il se distingue surtout du chrétien en cela que celui-ci vit dans l’espoir d’ « inexprimables félicités », qu’il accepte des présents, qu’il attend et reçoit ce qu’il a de meilleur de la grâce et de l’amour divins : tandis qu’Epictète n’espère point et ne se laisse pas offrir ce qu’il a de meilleur, — il le possède déjà, il le tient bravement entre les mains et le défendrait contre le monde entier si celui-ci voulait le lui prendre. Le christianisme était fait pour une autre espèce d’esclaves antiques, faibles de volonté et de raison, donc pour la grande masse des esclaves.
a de plus beau c’est que la crainte de Dieu lui

manque totalement, qu’il croit sévèrement à la raison,
qu’il n’exhorte pas à la pénitence. Épictète était un
esclave : son homme idéal est sans caste et il est
possible dans toutes les situations sociales, mais
il faudra le chercher avant tout dans les masses
profondes et basses, où il sera l’homme silencieux
qui se suffit à lui-même, au milieu d’un
asservissement général, qui est sans cesse en état de défense
pour se garer contre l’extérieur et se maintenant
dans la plus haute bravoure. Il se distingue du
''chrétien'' surtout en cela que celui-ci vit dans
l’espoir d’ « inexprimables félicités », qu’il se laisse
faire des présents, qu’il attend et accepte ce qu’il
y a de meilleur de la grâce et de l’amour divins :
tandis qu’Épictète n’espère point et ne se laisse pas
offrir ce qu’il a de meilleur, — il le possède déjà,
il le tient bravement entre les mains et le
défendrait contre le monde entier s’il voulait le lui
prendre. Le christianisme était fait pour une autre
espèce d’esclaves antiques, pour ceux qui sont
faibles de volonté et de raison, donc pour la grande
masse des esclaves.
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{{sc|Les tyrans de l’esprit}}. — La marche de la

{{sc|Les tyrans de l’esprit}}. — Désormais la marche de la science n’est plus contrecarrée, comme ce fut trop longtemps le cas, par le fait fortuit que l’homme vit soixantedix ans environ. Autrefois on voulait arriver au bout de la connaissance pendant cet espace de temps, et l’on
science n’est plus contrecarrée maintenant, comme
ce fut trop longtemps le cas, par le fait fortuit que
l’homme atteint un âge de soixante-dix ans
environ. Autrefois on voulait arriver au bout de la
connaissance pendant cet espace de temps, et l’on