« Le Dhammapada/XIX » : différence entre les versions

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Version du 2 janvier 2012 à 23:00


Traduction par Fernand Hû.
Ernest Leroux (Bibliothèque orientale elzévirienne, XXIp. 61-63).

CHAPITRE XIX




LE JUSTE


256 On n’est point un juste parce qu’on arrive à son but à l’aide de la violence. Mais le savant, qui est capable de distinguer à la fois ce qui est utile et ce qui ne l’est pas,

257 Qui, grâce à sa conduite exempte de violence et à sa quiétude, sert de guide aux autres, gardé qu’il est par la Loi, l’homme intelligent, voilà celui qu’on appelle « un juste ».

258 On n’est point un savant parce qu’on parle beaucoup. Celui qui vit en paix, qui est exempt de haine et de crainte, voilà celui qu’on appelle « un savant ».

259 On n’est point un observateur de la Loi parce qu’on parle beaucoup. Celui qui, même avec peu d’instruction, fixe sur la Loi les yeux de son corps, celui qui n’est point négligent vis à vis de la Loi, — voilà celui qui est « un observateur de la loi ».

260 On n’est point un ancien parce qu’on a la tête grise. Quelque mûr que soit votre âge, on peut vous appeler « qui a vieilli en vain ».

261 Celui en qui résident la vérité, la justice, la douceur, la retenue et l’empire sur soi-même, le sage exempt de péché, — voilà celui qu’on appelle « un ancien ».

262 Ce n’est ni un verbiage immodéré, ni les charmes physiques qui donnent un extérieur respectable à l’homme avide de jouissances, à l’égoïste, au fripon.

263 Mais celui chez lequel tout cela a été complètement supprimé, radicalement extirpé, celui qui est exempt de haine et intelligent, — voilà celui qu’on appelle « ayant un extérieur respectable ».

264 Ce n’est point la tonsure qui fait un Çramana de l’homme qui manque à ses devoirs et qui ment. Comment, livré tout entier à la convoitise et au désir, serait-on « un Çramana ? »

265 Celui qui fait cesser les mauvaises actions, petites ou grandes sans exception, voilà celui qu’on appelle « un Çramana », à cause de la cessation des mauvaises actions.

266 On n’est pas un Bhixu parce qu’on mendie chez autrui. C’est parce qu’on a concentré en soi toute la Loi, qu’on est un Bhixu, et non parce qu’on mendie.

267 Celui qui, ici-bas, se tient en dehors du bien et du mal, qui vit dans la chasteté, et agit en ce monde avec réflexion, voilà celui qu’on appelle « un Bhixu ».

268 Le silence seul ne fait point un muni d’un homme agité et ignorant. Après avoir tout pesé et choisi le meilleur lot, le savant

269 Qui évite le mal, — voilà celui qui est un muni, voilà ce qui fait de lui un muni. Quand on distingue en ce monde les deux faces des choses, — voilà ce qui fait qu’on vous appelle « un muni ».

270 On n’est point un Arhat parce qu’on fait du mal aux êtres animés. Celui qui est plein de compassion pour tous les êtres, — voilà celui qu’on appelle « un Arhat ».

271 Ce n’est ni par la vertu seule, ni par la seule entrée en religion, ni, d’un autre côté, par la profondeur de la science, par la continuité du recueillement, par l’isolement de la couche,

272 Que j’acquiers le bonheur du non-agir, recherché par les âmes d’élite. Bhixu, ne te laisse point aller à la confiance, tant que tu n’as point obtenu l’extinction du désir.