« Page:Nietzsche - Aurore.djvu/42 » : différence entre les versions

ThomasBot (discussion | contributions)
m Marc: split
 
Aucun résumé des modifications
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
et trouver qu'il était bon de simuler. Du reste, chacun se trouvait en compétition pour sa vertu avec la vertu d'un autre ou de tous les autres : comment n'aurait-on pas rassemblé tous les artifices pour faire montre de ses vertus, avant tout devant soi-même, ne fût-ce que pour en prendre l'habitude! A quoi servait une vertu que l'on ne pouvait montrer ou qui ne s'entendait pas à se montrer elle-même! — Le christianisme imposa un frein à cette comédie de la vertu : il inventa l'usage d'étaler ses péchés d'une façon répugnante, d'en faire parade, il introduisit dans le monde la culpabilité affectée (considérée jusqu'à nos jours comme de « bon ton » parmi les bons chrétiens).
et trouver qu’il était bon de simuler. Du reste, chacun se trouvait en compétition pour sa vertu avec la vertu d’un autre ou de tous les autres : comment n’aurait-on pas rassemblé tous les artifices pour faire montre de ses vertus, avant tout devant soi-même, ne fût-ce que pour en prendre l’habitude ! À quoi servait une vertu que l’on ne pouvait montrer ou qui ne s’entendait pas à se montrer elle-même ! — Le christianisme imposa
un frein à cette comédie de la vertu : il inventa l’usage d’étaler ses péchés d’une façon répugnante, d’en faire parade, il introduisit dans le monde la culpabilité affectée (considérée jusqu’à nos jours comme de « bon ton » parmi les bons chrétiens).
==30==
==30==
{{sc|La cruauté raffinée en tant que vertu}}. — Voici
La cruauté raffinée en tant que vertu. — Voici une moralité qui repose entièrement sur le besoin de se distinguern'en pensez pas trop de bien! Quel penchant est-ce donc au fond et quelle est l'arrière-pensée qui le dirige? On aspire à ce que notre vue fasse mal à notre voisin et à son esprit d'envie, éveille en lui un sentiment d'impuissance et de déchéance; on veut lui faire goûter l'amertume de sa destinée, en répandant sur sa langue une goutte de notre miel et, tandis qu'on lui fait goûter ce prétendu bienfait, on le regarde dans le blanc des yeux, fixement et d'un air de triomphe. Le voici devenu humble et parfait maintenant dans son humilité, — cherchez ceux à qui, par son humilité, il préparait
une moralité qui repose entièrement sur le <i>penchant
de la distinction</i>,n’en pensez pas trop de bien! Quel penchant est-ce donc au fond et quelle est l’arrière-pensée qui le dirige ? On aspire à ce que notre vue fasse mal à notre voisin et à son esprit d’envie, éveille en lui un sentiment d’impuissance et de déchéance ; on veut lui faire goûter l’amertume de sa destinée, en répandant sur sa langue une goutte de notre miel et, tandis qu’on lui fait goûter ce prétendu bienfait, on le regarde dans le blanc des yeux, fixement et d’un air de triomphe. Le voici devenu humble et parfait maintenant dans son humilité, — cherchez ceux à qui, par son humilité, il préparait