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persistante, le roi se garda bien de fournir un nouvel aliment à la querelle par de nouvelles manifestations officielles de l’esprit gallican. Afin de se faire pardonner par le pape l’ attitude qu’il avait prise à son égard, il redoubla de zèle contre l’hérésie, entra plus résolument dans la voie d’une réaction contre les idées de tolérance que son aïeul avait tenté de faire prévaloir. En agissant ainsi, il payait sa dette de reconnaissance envers l’épiscopat, qui venait de lui apporter dans l’assemblée de 1682 un si précieux concours. Les évêques n’avaient cessé de réclamer contre l’édit de Nantes, et à la dernière séance de cette assemblée, le 23 juin, ils s’étaient occupés des mesures à prendre à l’égard des religionnaires, contre lesquels, dans sa harangue d’adieu, le président de l’assemblée sollicita du roi des lois répressives. Louis XIV ne s’en tint pas là; il se montra presque aussi sévère envers les jansénistes. En même temps qu’il interdisait l’envoi de la circulaire aux évêques, il avisait aux moyens de faire garder le silence sur la décision de l’assemblée, afin qu’elle ne fût point exposée à des attaques qui en eussent compromis le succès. Défense fut faite de répandre et d’imprimer le procès-verbal de l’assemblée de 1682 ; il ne fut pas même déposé aux archives du clergé. Fr. de Harlay le retint comme président de la compagnie, et à la mort de ce prélat, en 1695, l’archevêque de Reims, Le Tellier, le réclama en qualité de plus ancien archevêque de France. Ce ne fut qu’à la mort de ce prélat, en 1711, que l’abbé de Louvois, son neveu, le fit déposer aux archives du clergé.
persistante, le roi se garda bien de fournir un nouvel aliment à la querelle par de nouvelles manifestations officielles de l’esprit gallican. Afin de se faire pardonner par le pape l’ attitude qu’il avait prise à son égard, il redoubla de zèle contre l’hérésie, entra plus résolument dans la voie d’une réaction contre les idées de tolérance que son aïeul avait tenté de faire prévaloir. En agissant ainsi, il payait sa dette de reconnaissance envers l’épiscopat, qui venait de lui apporter dans l’assemblée de 1682 un si précieux concours. Les évêques n’avaient cessé de réclamer contre l’édit de Nantes, et à la dernière séance de cette assemblée, le 23 juin, ils s’étaient occupés des mesures à prendre à l’égard des religionnaires, contre lesquels, dans sa harangue d’adieu, le président de l’assemblée sollicita du roi des lois répressives. Louis XIV ne s’en tint pas là ; il se montra presque aussi sévère envers les jansénistes. En même temps qu’il interdisait l’envoi de la circulaire aux évêques, il avisait aux moyens de faire garder le silence sur la décision de l’assemblée, afin qu’elle ne fût point exposée à des attaques qui en eussent compromis le succès. Défense fut faite de répandre et d’imprimer le procès-verbal de l’assemblée de 1682 ; il ne fut pas même déposé aux archives du clergé. Fr. de Harlay le retint comme président de la compagnie, et à la mort de ce prélat, en 1695, l’archevêque de Reims, Le Tellier, le réclama en qualité de plus ancien archevêque de France. Ce ne fut qu’à la mort de ce prélat, en 1711, que l’abbé de Louvois, son neveu, le fit déposer aux archives du clergé.


Cette conduite de Louis XIV n’était assurément pas du repentir, c’était simplement de la politique, car il n’entendait pas se désister du droit que l’assemblée lui avait reconnu. La preuve en est qu’il fit faire par le procureur général du parlement une protestation contre le bref pontifical, qui resta déposée à la cour, et que M. l’abbé Loyson a reproduite dans son ouvrage. Mais le monarque eut beau jeter sur les décisions qu’il avait obtenues en 1682 un voile qui les dissimulât quelque peu aux regards de la curie romaine, on ne fut pas dupe au Vatican. Le conflit avec le saint-siège se prolongea pendant plusieurs années et laissa suspendue sur la tête du pape la crainte qu’une nouvelle assemblée ne consacrât les quatre articles. La lutte ouverte durait encore en 1693, les deux partis gardant leurs prétentions respectives. Innocent XI refusait l’institution à ceux des évêques nommés par Louis XIV qui avaient figuré à la fameuse assemblée, tout en accordant les bulles à ceux qui n’y avaient point appartenu et sur lesquels s’était porté le choix du roi. Alexandre VIII se relâcha un peu de la raideur de son prédécesseur; il fit à Louis XIV quelques concessions sur des points qui ne touchaient pas aux quatre articles; il travailla à ramener à lui les évêques qui persistaient dans les principes proclamés en
Cette conduite de Louis XIV n’était assurément pas du repentir, c’était simplement de la politique, car il n’entendait pas se désister du droit que l’assemblée lui avait reconnu. La preuve en est qu’il fit faire par le procureur général du parlement une protestation contre le bref pontifical, qui resta déposée à la cour, et que M. l’abbé Loyson a reproduite dans son ouvrage. Mais le monarque eut beau jeter sur les décisions qu’il avait obtenues en 1682 un voile qui les dissimulât quelque peu aux regards de la curie romaine, on ne fut pas dupe au Vatican. Le conflit avec le saint-siège se prolongea pendant plusieurs années et laissa suspendue sur la tête du pape la crainte qu’une nouvelle assemblée ne consacrât les quatre articles. La lutte ouverte durait encore en 1693, les deux partis gardant leurs prétentions respectives. Innocent XI refusait l’institution à ceux des évêques nommés par Louis XIV qui avaient figuré à la fameuse assemblée, tout en accordant les bulles à ceux qui n’y avaient point appartenu et sur lesquels s’était porté le choix du roi. Alexandre VIII se relâcha un peu de la raideur de son prédécesseur ; il fit à Louis XIV quelques concessions sur des points qui ne touchaient pas aux quatre articles ; il travailla à ramener à lui les évêques qui persistaient dans les principes proclamés en