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chez le peuple d’attachement que pour les plus pauvres des ecclésiastiques, pour ces curés à la portion congrue qui avaient à supporter, toutes les fatigues du ministère sacré et dont le sort était devenu si peu tolérable que les assemblées du clergé, vers la fin du règne de Louis XV, durent sérieusement s’en occuper. L’épiscopat semblait ne pas comprendre, pas plus que ne le comprenait la noblesse, que pour sauver la situation il lui fallait prendre l’initiative des réformes. Il y était d’autant moins disposé que ces réformes lui paraissaient être des atteintes aux privilèges de l’église. Les assemblées ne les demandaient pas, par la raison qu’elles se regardaient comme ayant pour mission de défendre les droits de l’ordre dont elles étaient l’émanation. D’ailleurs ces réformes eussent naturellement amené l’ingérence du pouvoir séculier que le clergé redoutait par-dessus tout et qui allait droit contre son autonomie. L’épiscopat voyait bien le péril ; il s’apercevait qu’il ne jouissait plus de la même influence que par le passé, mais il ne connaissait d’autre remède que de réclamer contre ses ennemis des mesures répressives. C’étaient toujours les mêmes doléances à l’endroit des philosophes et des protestans. En portant la parole devant Louis XVI, le président de l’assemblée de 1780, le cardinal de La Rochefoucauld, archevêque de Rouen, fit contre eux un véritable réquisitoire. Pour mettre un terme à ces attaques contre la religion que leurs auteurs ne prenaient même plus soin de déguiser, comme le prélat le remarquait avec douleur, le clergé attendait plus des vertus du roi qu’il n’avait obtenu de la faiblesse du précédent monarque. Il exprima sa confiance dans la protection d’un prince qui, en prenant les rênes de l’état, avait annoncé l’intention d’assurer l’économie des finances et de travailler à la réforme des mœurs. L’orateur de l’assemblée passa en revue tout ce que Louis XVI avait déjà fait d’heureux pour son royaume; il affecta d’en tirer un favorable augure de ce qu’il ferait pour l’église. « Déjà, s’écriait-il, un nouvel ordre de choses s’établit; l’administration des finances se simplifie et s’épure, et une sage prévoyance va tarir la source de ce luxe scandaleux qui dévore la substance des riches et rend insupportable aux autres leur heureuse médiocrité. » Ces paroles prouvent que le clergé sentait la nécessité des réformes, mais, en les réclamant du souverain, il ne songea pas à les lui faciliter par l’initiative de ses assemblées. L’ordre ecclésiastique semblait redouter que des réformes opérées dans son organisation n’ébranlassent son existence et que le mal mis à nu ne fournît à ses adversaires un prétexte à de nouvelles attaques. Il croyait qu’il fallait avant tout raffermir son autorité dont l’affaiblissement était à ses yeux un bien plus grand mal que les abus qu’on pouvait
chez le peuple d’attachement que pour les plus pauvres des ecclésiastiques, pour ces curés à la portion congrue qui avaient à supporter, toutes les fatigues du ministère sacré et dont le sort était devenu si peu tolérable que les assemblées du clergé, vers la fin du règne de Louis XV, durent sérieusement s’en occuper. L’épiscopat semblait ne pas comprendre, pas plus que ne le comprenait la noblesse, que pour sauver la situation il lui fallait prendre l’initiative des réformes. Il y était d’autant moins disposé que ces réformes lui paraissaient être des atteintes aux privilèges de l’église. Les assemblées ne les demandaient pas, par la raison qu’elles se regardaient comme ayant pour mission de défendre les droits de l’ordre dont elles étaient l’émanation. D’ailleurs ces réformes eussent naturellement amené l’ingérence du pouvoir séculier que le clergé redoutait par-dessus tout et qui allait droit contre son autonomie. L’épiscopat voyait bien le péril ; il s’apercevait qu’il ne jouissait plus de la même influence que par le passé, mais il ne connaissait d’autre remède que de réclamer contre ses ennemis des mesures répressives. C’étaient toujours les mêmes doléances à l’endroit des philosophes et des protestans. En portant la parole devant Louis XVI, le président de l’assemblée de 1780, le cardinal de La Rochefoucauld, archevêque de Rouen, fit contre eux un véritable réquisitoire. Pour mettre un terme à ces attaques contre la religion que leurs auteurs ne prenaient même plus soin de déguiser, comme le prélat le remarquait avec douleur, le clergé attendait plus des vertus du roi qu’il n’avait obtenu de la faiblesse du précédent monarque. Il exprima sa confiance dans la protection d’un prince qui, en prenant les rênes de l’état, avait annoncé l’intention d’assurer l’économie des finances et de travailler à la réforme des mœurs. L’orateur de l’assemblée passa en revue tout ce que Louis XVI avait déjà fait d’heureux pour son royaume ; il affecta d’en tirer un favorable augure de ce qu’il ferait pour l’église. « Déjà, s’écriait-il, un nouvel ordre de choses s’établit ; l’administration des finances se simplifie et s’épure, et une sage prévoyance va tarir la source de ce luxe scandaleux qui dévore la substance des riches et rend insupportable aux autres leur heureuse médiocrité. » Ces paroles prouvent que le clergé sentait la nécessité des réformes, mais, en les réclamant du souverain, il ne songea pas à les lui faciliter par l’initiative de ses assemblées. L’ordre ecclésiastique semblait redouter que des réformes opérées dans son organisation n’ébranlassent son existence et que le mal mis à nu ne fournît à ses adversaires un prétexte à de nouvelles attaques. Il croyait qu’il fallait avant tout raffermir son autorité dont l’affaiblissement était à ses yeux un bien plus grand mal que les abus qu’on pouvait