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court à toute controverse. Seulement ce n’est ni dans les ''Mémoires'' en général, ni dans les ''Correspondances'' d’un caractère privé, ni dans les pamphlets, ni dans les brochures, ni dans les satires, ni dans les chansons qu’on rencontre de tels documens; c’est à peu près uniquement dans les archives d’état. Il y aurait donc un moyen bien simple de resserrer aux bornes du nécessaire et de l’utile ces « publications inédites. » Ce serait de publier tout ce que les circonstances permettraient de publier en fait de documens d’archives. Si par exemple le gouvernement allemand poussait jusqu’au cinquantième volume, ou au-delà, la ''Correspondance politique de Frédéric le Grand'', il est bien évident que ce serait profit net pour les historiens de l’avenir. Pour les mêmes raisons, nous n’hésiterons pas à regretter que, dans notre grande ''Collection des documens inédits sur l’histoire de France'', on ait cru devoir, en trop d’occasions, remplacer les textes originaux par une analyse sommaire de leur contenu. Mais, pour les correspondances privées et les mémoires, quel inconvénient y aurait-il à les renfermer sous de triples clés et à ne les mettre au jour qu’autant qu’ils auraient, comme les ''Mémoires de Saint-Simon'', une valeur littéraire de premier ordre? Si l’on n’avait pas mis au jour le ''Journal'' de l’avocat Barbier, je vois parfaitement ce que l’avocat Barbier y aurait gagné; je vois moins bien ce que nous y aurions perdu.
court à toute controverse. Seulement ce n’est ni dans les ''Mémoires'' en général, ni dans les ''Correspondances'' d’un caractère privé, ni dans les pamphlets, ni dans les brochures, ni dans les satires, ni dans les chansons qu’on rencontre de tels documens ; c’est à peu près uniquement dans les archives d’état. Il y aurait donc un moyen bien simple de resserrer aux bornes du nécessaire et de l’utile ces « publications inédites. » Ce serait de publier tout ce que les circonstances permettraient de publier en fait de documens d’archives. Si par exemple le gouvernement allemand poussait jusqu’au cinquantième volume, ou au-delà, la ''Correspondance politique de Frédéric le Grand'', il est bien évident que ce serait profit net pour les historiens de l’avenir. Pour les mêmes raisons, nous n’hésiterons pas à regretter que, dans notre grande ''Collection des documens inédits sur l’histoire de France'', on ait cru devoir, en trop d’occasions, remplacer les textes originaux par une analyse sommaire de leur contenu. Mais, pour les correspondances privées et les mémoires, quel inconvénient y aurait-il à les renfermer sous de triples clés et à ne les mettre au jour qu’autant qu’ils auraient, comme les ''Mémoires de Saint-Simon'', une valeur littéraire de premier ordre ? Si l’on n’avait pas mis au jour le ''Journal'' de l’avocat Barbier, je vois parfaitement ce que l’avocat Barbier y aurait gagné ; je vois moins bien ce que nous y aurions perdu.


Le bonhomme Barbier, grand transcripteur de chansons, nous ramènera tout naturellement à notre ''Chansonnier''. Ce n’est pas avoir dépassé les limites rigoureuses de notre sujet que d’avoir touché quelques mots de l’abus des publications inédites. Il y a là certainement un danger. Nous nous sommes contenté de l’indiquer, puisque l’occasion s’en offrait. Il y a tout lieu de prévoir que nous aurons encore trop tôt l’occasion d’y revenir. Nous louerons d’ailleurs très volontiers le soin que l’éditeur du ''Chansonnier du XVIIIe siècle'' a mis à son travail, trop de soin, comme lorsqu’il lui paraît nécessaire de nous apprendre en notes que « Sardanapale était un roi d’Assyrie, célèbre par son existence efféminée et voluptueuse, » ou encore que Machiavel, Nicolas Machiavel, est « un célèbre écrivain politique italien, dont le livre du ''Prince'' a obtenu une légitime célébrité;» nous louerons surtout sa préface, qui reste encore ce que nous aimons le mieux de tout ce ''Chansonnier''; mais nous ne pouvons pas lui accorder qu’il y eût urgence à faire paraître ce volumineux recueil, parce que nous ne pouvons pas lui accorder que ceux qui aiment les bons vers y trouvent plaisir, ni que ceux qui aiment mieux l’histoire que les curiosités de l’histoire en tirent jamais profit.
Le bonhomme Barbier, grand transcripteur de chansons, nous ramènera tout naturellement à notre ''Chansonnier''. Ce n’est pas avoir dépassé les limites rigoureuses de notre sujet que d’avoir touché quelques mots de l’abus des publications inédites. Il y a là certainement un danger. Nous nous sommes contenté de l’indiquer, puisque l’occasion s’en offrait. Il y a tout lieu de prévoir que nous aurons encore trop tôt l’occasion d’y revenir. Nous louerons d’ailleurs très volontiers le soin que l’éditeur du ''Chansonnier du XVIIIe siècle'' a mis à son travail, trop de soin, comme lorsqu’il lui paraît nécessaire de nous apprendre en notes que « Sardanapale était un roi d’Assyrie, célèbre par son existence efféminée et voluptueuse, » ou encore que Machiavel, Nicolas Machiavel, est « un célèbre écrivain politique italien, dont le livre du ''Prince'' a obtenu une légitime célébrité ; » nous louerons surtout sa préface, qui reste encore ce que nous aimons le mieux de tout ce ''Chansonnier'' ; mais nous ne pouvons pas lui accorder qu’il y eût urgence à faire paraître ce volumineux recueil, parce que nous ne pouvons pas lui accorder que ceux qui aiment les bons vers y trouvent plaisir, ni que ceux qui aiment mieux l’histoire que les curiosités de l’histoire en tirent jamais profit.