« Page:Revue des Deux Mondes - 1880 - tome 37.djvu/412 » : différence entre les versions

Phe-bot (discussion | contributions)
m Zoé: split
 
Phe-bot (discussion | contributions)
m Typographie
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
l’emploi du semoir mécanique, à quelque système qu’il appartienne, permettant de réduire cette quantité de moitié, procurerait, pour la France entière, l’énorme économie de 250 millions de francs; ajoutez à cela que le grain enfoui à une profondeur toujours égale, régulièrement espacé, donne des plantes plus robustes, des pailles plus belles, des épis mieux fournis, et par conséquent une récolte plus abondante; que grâce au régulier écartement des lignes, les travaux de sarclage et de moisson deviennent plus faciles, et vous pourrez juger de l’intérêt qu’il y aurait à voir ce précieux instrument se répandre partout où il peut être utilisé. Ce serait cependant une faute que de chercher à l’introduire dans les pays où la culture est encore peu avancée, car il demande des terres bien préparées. En agriculture tous les progrès sont solidaires les uns des autres et marchent parallèlement. En 1862, on comptait en France 10,853 semoirs; mais depuis lors le nombre doit s’en être considérablement accru.
l’emploi du semoir mécanique, à quelque système qu’il appartienne, permettant de réduire cette quantité de moitié, procurerait, pour la France entière, l’énorme économie de 250 millions de francs ; ajoutez à cela que le grain enfoui à une profondeur toujours égale, régulièrement espacé, donne des plantes plus robustes, des pailles plus belles, des épis mieux fournis, et par conséquent une récolte plus abondante ; que grâce au régulier écartement des lignes, les travaux de sarclage et de moisson deviennent plus faciles, et vous pourrez juger de l’intérêt qu’il y aurait à voir ce précieux instrument se répandre partout où il peut être utilisé. Ce serait cependant une faute que de chercher à l’introduire dans les pays où la culture est encore peu avancée, car il demande des terres bien préparées. En agriculture tous les progrès sont solidaires les uns des autres et marchent parallèlement. En 1862, on comptait en France 10,853 semoirs ; mais depuis lors le nombre doit s’en être considérablement accru.


Les faucheuses et les moissonneuses, autrefois inconnues dans la culture, y ont définitivement conquis leur place. On se rappelle l’étonnement qu’ont produit ces instrumens envoyées par l’Amérique à l’exposition universelle de 1855. Aux yeux des uns, elles ne devaient jamais trouver leur application en France, à cause du morcellement des propriétés et de la difficulté de les faire réparer en cas d’accident dans les fermes reculées. Pour d’autres, la main-d’œuvre agricole était menacée d’une baisse considérable par l’emploi d’engins qui lui épargnaient la rude besogne de la moisson. Dès ce moment M. de Lavergne combattait ici même <ref> Voyez dans la ''Revue'' du 1er octobre 1855 : ''les Produits et les Machines agricoles''. </ref> ces craintes exagérées et faisait preuve d’une bien grande perspicacité : « On peut se rassurer, disait-il, l’invasion ne sera jamais assez subite pour que l’effet soit sensible partout à la fois ; l’extrême lenteur est ici plus à craindre que la précipitation. Dans tous les cas, on peut être certain que la somme de travail ne sera pas diminuée ; les bras devenus libres seront employés à d’autres travaux qu’on ne fait pas aujourd’hui et qui augmenteront d’autant la production ; c’est ce qui arrive toujours en pareil cas. Dans toutes les industries où a pénétré l’emploi des machines, les salaires ont monté au lieu de baisser; il en sera de même dans l’industrie rurale. » En effet, les salaires ont si bien haussé que cette hausse même a été la cause principale de la diffusion de ces machines, grâce auxquelles, malgré le défaut de la main-d’œuvre, on peut couper les récoltes en quelques jours, sans être exposé à les laisser périr sur pied. Aussi l’emploi s’en est-il généralisé, surtout dans
Les faucheuses et les moissonneuses, autrefois inconnues dans la culture, y ont définitivement conquis leur place. On se rappelle l’étonnement qu’ont produit ces instrumens envoyées par l’Amérique à l’exposition universelle de 1855. Aux yeux des uns, elles ne devaient jamais trouver leur application en France, à cause du morcellement des propriétés et de la difficulté de les faire réparer en cas d’accident dans les fermes reculées. Pour d’autres, la main-d’œuvre agricole était menacée d’une baisse considérable par l’emploi d’engins qui lui épargnaient la rude besogne de la moisson. Dès ce moment M. de Lavergne combattait ici même <ref> Voyez dans la ''Revue'' du 1er octobre 1855 : ''les Produits et les Machines agricoles''.</ref> ces craintes exagérées et faisait preuve d’une bien grande perspicacité : « On peut se rassurer, disait-il, l’invasion ne sera jamais assez subite pour que l’effet soit sensible partout à la fois ; l’extrême lenteur est ici plus à craindre que la précipitation. Dans tous les cas, on peut être certain que la somme de travail ne sera pas diminuée ; les bras devenus libres seront employés à d’autres travaux qu’on ne fait pas aujourd’hui et qui augmenteront d’autant la production ; c’est ce qui arrive toujours en pareil cas. Dans toutes les industries où a pénétré l’emploi des machines, les salaires ont monté au lieu de baisser ; il en sera de même dans l’industrie rurale. » En effet, les salaires ont si bien haussé que cette hausse même a été la cause principale de la diffusion de ces machines, grâce auxquelles, malgré le défaut de la main-d’œuvre, on peut couper les récoltes en quelques jours, sans être exposé à les laisser périr sur pied. Aussi l’emploi s’en est-il généralisé, surtout dans