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La cause d’Athènes était irrévocablement perdue. Après une défaite si grosse de conséquences, Conon ne se hasarde pas à braver la colère de ses concitoyens; il laisse le vent du nord l’emporter jusqu’à Chypre. Un allié fidèle, Évagoras, accueille le fugitif et n’hésite pas à ouvrir les ports où il commande aux trières vaincues. La ''Paralos'' cinglait, pendant ce temps, à toutes voiles et à toutes rames vers Athènes. Elle y arrive de nuit. La fatale nouvelle court de bouche en bouche. Tout était à craindre, car Athènes, pendant cette longue guerre, n’avait épargné aucun des petits états qui, à diverses reprises, faussèrent, pour passer à Sparte, la foi jurée. La loi du talion allait-elle l’atteindre? L’application de cette loi eût été pour ses habitans la mort ou l’esclavage. Dans cette extrémité, Athènes se retrouva. Les premiers instans de consternation passés, les larmes données à ceux qui n’étaient plus, on ne s’occupa que des préparatifs de résistance. Les factions se turent; les rangs de l’armée s’ouvrirent à tous les citoyens sans exception ; à aucun d’eux on n’eut alors l’idée de demander quel avait été son parti ou quel était son âge. Tombée sur le champ de bataille, Athènes, comme le guerrier dont nous parle le poète, « secouait sa poussière, niait sa chute et ne songeait qu’à revenir à la charge. » Lysandre cependant recueillait de tous côtés les fruits de sa victoire. Il reprenait Chalcédoine, il rétablissait un harmoste lacédémonien à Byzance, Quand il eut rendu la ville d’Égine aux Éginètes, l’île de Milo aux Méliens, quand il eut ravagé l’île de Salamine et effacé partout la trace de la persécution athénienne, il vint mouiller devant le Pirée à la tête de cent cinquante vaisseaux. Pausanias, l’un des rois de Sparte, l’attendait, campé depuis quelques jours déjà sous les murs d’Athènes. A la voix de Lacédémone, les Péloponésiens s’étaient levés en masse; chacun accourait à la vengeance et à la curée. La grande ville fut ainsi investie par terre et par mer. Il ne lui restait plus ni vaisseaux, ni alliés, ni vivres ; elle résista quatre mois et ne capitula que devant les horreurs de la famine. Après de longs
La cause d’Athènes était irrévocablement perdue. Après une défaite si grosse de conséquences, Conon ne se hasarde pas à braver la colère de ses concitoyens ; il laisse le vent du nord l’emporter jusqu’à Chypre. Un allié fidèle, Évagoras, accueille le fugitif et n’hésite pas à ouvrir les ports où il commande aux trières vaincues. La ''Paralos'' cinglait, pendant ce temps, à toutes voiles et à toutes rames vers Athènes. Elle y arrive de nuit. La fatale nouvelle court de bouche en bouche. Tout était à craindre, car Athènes, pendant cette longue guerre, n’avait épargné aucun des petits états qui, à diverses reprises, faussèrent, pour passer à Sparte, la foi jurée. La loi du talion allait-elle l’atteindre ? L’application de cette loi eût été pour ses habitans la mort ou l’esclavage. Dans cette extrémité, Athènes se retrouva. Les premiers instans de consternation passés, les larmes données à ceux qui n’étaient plus, on ne s’occupa que des préparatifs de résistance. Les factions se turent ; les rangs de l’armée s’ouvrirent à tous les citoyens sans exception ; à aucun d’eux on n’eut alors l’idée de demander quel avait été son parti ou quel était son âge. Tombée sur le champ de bataille, Athènes, comme le guerrier dont nous parle le poète, « secouait sa poussière, niait sa chute et ne songeait qu’à revenir à la charge. » Lysandre cependant recueillait de tous côtés les fruits de sa victoire. Il reprenait Chalcédoine, il rétablissait un harmoste lacédémonien à Byzance, Quand il eut rendu la ville d’Égine aux Éginètes, l’île de Milo aux Méliens, quand il eut ravagé l’île de Salamine et effacé partout la trace de la persécution athénienne, il vint mouiller devant le Pirée à la tête de cent cinquante vaisseaux. Pausanias, l’un des rois de Sparte, l’attendait, campé depuis quelques jours déjà sous les murs d’Athènes. A la voix de Lacédémone, les Péloponésiens s’étaient levés en masse ; chacun accourait à la vengeance et à la curée. La grande ville fut ainsi investie par terre et par mer. Il ne lui restait plus ni vaisseaux, ni alliés, ni vivres ; elle résista quatre mois et ne capitula que devant les horreurs de la famine. Après de longs