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exemple, l’envie que l’on a de le posséder, ne sont pas exemptes d’un certain calcul. L’hôtel des ventes est aussi un élément de la vie des arts et comme une institution. Là, une dernière enchère, si elle est énorme, fait un chef-d’œuvre ou peu s’en faut : c’est à la fois la réputation d’un artiste et d’un amateur. Une vente d’œuvres d’art est un événement ; tout le monde s’en préoccupe... Mais au fond, et voilà le vrai des choses, le public et les artistes se cherchent, et leur premier rendez-vous est aux Champs-Elysées. Aussi faut-il qu’à jour dit le Palais de l’Industrie, ce palais qui se prête si bien aux expositions, quoi qu’on en dise, il faut que ce palais s’ouvre et montre à Paris, toujours avide de nouveautés, ce qu’a produit en une année le travail en serre chaude des ateliers.
exemple, l’envie que l’on a de le posséder, ne sont pas exemptes d’un certain calcul. L’hôtel des ventes est aussi un élément de la vie des arts et comme une institution. Là, une dernière enchère, si elle est énorme, fait un chef-d’œuvre ou peu s’en faut : c’est à la fois la réputation d’un artiste et d’un amateur. Une vente d’œuvres d’art est un événement ; tout le monde s’en préoccupe… Mais au fond, et voilà le vrai des choses, le public et les artistes se cherchent, et leur premier rendez-vous est aux Champs-Elysées. Aussi faut-il qu’à jour dit le Palais de l’Industrie, ce palais qui se prête si bien aux expositions, quoi qu’on en dise, il faut que ce palais s’ouvre et montre à Paris, toujours avide de nouveautés, ce qu’a produit en une année le travail en serre chaude des ateliers.


C’est bien ainsi qu’il convient de considérer dans leur ensemble les œuvres que l’on envoie au Salon : qui ne sait avec quelle ardeur travaillent les artistes pendant les dernières semaines et les derniers jours qui précèdent le dépôt de leurs ouvrages? Et puis c’est pendant l’hiver, dans l’atmosphère fiévreuse des ateliers, au sein de la vie parisienne et de sa plus intense combustion. Il n’en était pas de même au XVIIIe siècle. Alors les Salons s’ouvraient invariablement le 25 août. A n’envisager que l’intérêt des artistes et avec l’habitude qu’on leur connaît de ne terminer qu’à la dernière heure, ce moment de l’année n’avait-il pas ses avantages? Pour les peintres en particulier, rien ne peut suppléer la lumière colorée des grands jours et le recours au plein air. Comment leur demander de surmonter à force de mémoire l’impression qui résulte d’un ciel pluvieux? comment empêcher que peintres et sculpteurs n’aient à compter avec les journées courtes et sombres? comment s’attendre à ce que tous s’isolent du monde qui les recherche à l’heure où rien ne doit manquer à son éclat? Ses distractions pas plus que les contre-temps d’une saison qui limite les heures du travail ne sont favorables à l’effort soutenu et au recueillement nécessaires pour mener à bonne fin des œuvres appelées à durer. Si l’on ajoute à ces entraves les inconvéniens que présentent nos ateliers eux-mêmes avec leur orientation froide et leur éclairage de convention, on aura peut-être la raison de quelques-unes des critiques que l’on adresse à notre école, et qui ne manquent pas de fondement. Mais quand tout change, l’intérêt de l’art peut-il prévaloir sur les dates et sur les mœurs?
C’est bien ainsi qu’il convient de considérer dans leur ensemble les œuvres que l’on envoie au Salon : qui ne sait avec quelle ardeur travaillent les artistes pendant les dernières semaines et les derniers jours qui précèdent le dépôt de leurs ouvrages ? Et puis c’est pendant l’hiver, dans l’atmosphère fiévreuse des ateliers, au sein de la vie parisienne et de sa plus intense combustion. Il n’en était pas de même au XVIIIe siècle. Alors les Salons s’ouvraient invariablement le 25 août. A n’envisager que l’intérêt des artistes et avec l’habitude qu’on leur connaît de ne terminer qu’à la dernière heure, ce moment de l’année n’avait-il pas ses avantages ? Pour les peintres en particulier, rien ne peut suppléer la lumière colorée des grands jours et le recours au plein air. Comment leur demander de surmonter à force de mémoire l’impression qui résulte d’un ciel pluvieux ? comment empêcher que peintres et sculpteurs n’aient à compter avec les journées courtes et sombres ? comment s’attendre à ce que tous s’isolent du monde qui les recherche à l’heure où rien ne doit manquer à son éclat ? Ses distractions pas plus que les contre-temps d’une saison qui limite les heures du travail ne sont favorables à l’effort soutenu et au recueillement nécessaires pour mener à bonne fin des œuvres appelées à durer. Si l’on ajoute à ces entraves les inconvéniens que présentent nos ateliers eux-mêmes avec leur orientation froide et leur éclairage de convention, on aura peut-être la raison de quelques-unes des critiques que l’on adresse à notre école, et qui ne manquent pas de fondement. Mais quand tout change, l’intérêt de l’art peut-il prévaloir sur les dates et sur les mœurs ?


Malgré quelques jours de retard, l’ouverture du Salon vient d’avoir lieu dans la saison habituelle. On aurait pu songer à supprimer celui de l’an passé à cause de l’exposition universelle; mais on a trouvé qu’il était préférable de lui conserver sa place et de ménager ainsi aux étrangers le spectacle de l’une des plus
Malgré quelques jours de retard, l’ouverture du Salon vient d’avoir lieu dans la saison habituelle. On aurait pu songer à supprimer celui de l’an passé à cause de l’exposition universelle ; mais on a trouvé qu’il était préférable de lui conserver sa place et de ménager ainsi aux étrangers le spectacle de l’une des plus