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atteint près de 11 millions, et dès 1805 il dépasse 20; il ne s’éloigne guère de ce chiffre pendant tout l’empire, retombe à 18 en 1815, après nos désastres, se relève à 20 en 1816, et s’abaisse de nouveau à 18 en 1817. Cette fois la politique et la guerre n’y sont pour rien; la récolte avait fait défaut en France, et la disette fut telle à Paris que la ville fut obligée de contracter un emprunt de 33 millions le 16 mai, pour porter secours aux nécessiteux. L’accroissement s’accentue pendant la restauration, dépasse 30 millions en 1825, en 1826, et tombe tout à coup à moins de 20 en 1831 à cause de la révolution de juillet. Il faut reconnaître que les bouleversemens violens ne favorisent pas précisément les affaires publiques: au moment où la dynastie d’Orléans va prendre à son tour la route de l’exil, l’octroi de Paris a encaissé 34 millions 1/2 en 1847, et 1848 ne perçoit que 26 millions 1/2. La période du second empire débute avec 39 millions, et en 1859 arrive à 54. L’année suivante, en 1860, on constate une augmentation de 19 millions; c’est le plus gros total que l’on eût encore vu : 73,187,156 francs. C’est parce que le décret du 16 juin 1859 a reçu exécution et que la banlieue, comprise dans l’enceinte des fortifications, a été réunie à Paris. Le dernier produit régulier de l’empire est imposant : 107,557,565 francs en 1869. La guerre se déchaîne, 1870 donne encore 80 millions. La commune brûle Paris, 1871 s’affaisse jusqu’à 68 millions 1/2. L’apaisement extérieur se fait, les transactions tendent à reprendre un cours à peu près normal, et le compte d’octroi de 1872 se ferme sur 100,436,630 francs. De 1798 à 1873, le produit de l’octroi a donc augmenté de 100 millions.
atteint près de 11 millions, et dès 1805 il dépasse 20 ; il ne s’éloigne guère de ce chiffre pendant tout l’empire, retombe à 18 en 1815, après nos désastres, se relève à 20 en 1816, et s’abaisse de nouveau à 18 en 1817. Cette fois la politique et la guerre n’y sont pour rien ; la récolte avait fait défaut en France, et la disette fut telle à Paris que la ville fut obligée de contracter un emprunt de 33 millions le 16 mai, pour porter secours aux nécessiteux. L’accroissement s’accentue pendant la restauration, dépasse 30 millions en 1825, en 1826, et tombe tout à coup à moins de 20 en 1831 à cause de la révolution de juillet. Il faut reconnaître que les bouleversemens violens ne favorisent pas précisément les affaires publiques : au moment où la dynastie d’Orléans va prendre à son tour la route de l’exil, l’octroi de Paris a encaissé 34 millions 1/2 en 1847, et 1848 ne perçoit que 26 millions 1/2. La période du second empire débute avec 39 millions, et en 1859 arrive à 54. L’année suivante, en 1860, on constate une augmentation de 19 millions ; c’est le plus gros total que l’on eût encore vu : 73,187,156 francs. C’est parce que le décret du 16 juin 1859 a reçu exécution et que la banlieue, comprise dans l’enceinte des fortifications, a été réunie à Paris. Le dernier produit régulier de l’empire est imposant : 107,557,565 francs en 1869. La guerre se déchaîne, 1870 donne encore 80 millions. La commune brûle Paris, 1871 s’affaisse jusqu’à 68 millions 1/2. L’apaisement extérieur se fait, les transactions tendent à reprendre un cours à peu près normal, et le compte d’octroi de 1872 se ferme sur 100,436,630 francs. De 1798 à 1873, le produit de l’octroi a donc augmenté de 100 millions.


Est-ce un chiffre énorme, et faut-il s’en étonner comme d’une merveille, faut-il gémir sur la dureté des temps et crier à l’oppression? Nullement; cet accroissement est facile à comprendre, si l’on veut tenir compte des modifications qu’ont subies la population parisienne et la valeur de l’argent. En 1801, la population recensée de Paris est de 545,856 habitans; aujourd’hui elle est de 1,851,792 individus, y compris la population militaire, qui consomme aussi bien que la population civile. A ce total, il faut ajouter une population flottante d’au moins 200,000 étrangers, qui acquittent les taxes comme les Parisiens, puisque comme eux ils se nourrissent; 2 millions de personnes concourent donc à former ce budget de recettes qui frappe chacun d’une contribution d’autant plus insignifiante qu’elle est quotidienne et se solde, jusqu’à un certain point, sans que l’on s’en aperçoive.
Est-ce un chiffre énorme, et faut-il s’en étonner comme d’une merveille, faut-il gémir sur la dureté des temps et crier à l’oppression ? Nullement ; cet accroissement est facile à comprendre, si l’on veut tenir compte des modifications qu’ont subies la population parisienne et la valeur de l’argent. En 1801, la population recensée de Paris est de 545,856 habitans ; aujourd’hui elle est de 1,851,792 individus, y compris la population militaire, qui consomme aussi bien que la population civile. A ce total, il faut ajouter une population flottante d’au moins 200,000 étrangers, qui acquittent les taxes comme les Parisiens, puisque comme eux ils se nourrissent ; 2 millions de personnes concourent donc à former ce budget de recettes qui frappe chacun d’une contribution d’autant plus insignifiante qu’elle est quotidienne et se solde, jusqu’à un certain point, sans que l’on s’en aperçoive.


Les denrées coûtent-elles aujourd’hui plus cher qu’autrefois? J’en doute; mais il est certain que les espèces métalliques et la monnaie fiduciaire qui les représente ont singulièrement diminué de valeur.
Les denrées coûtent-elles aujourd’hui plus cher qu’autrefois ? J’en doute ; mais il est certain que les espèces métalliques et la monnaie fiduciaire qui les représente ont singulièrement diminué de valeur.