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Châlons sous le général Frossard et arrivé avant tous les autres, dès le 19 juillet, à Saint-Avold, en arrière de la Sarre, le 3e formé avec des troupes de Paris ou de Nancy sous Bazaine et arrivé peu après à Metz, le 4e venant du nord à Thionville sous le général Ladmirault, ces trois corps formaient d’abord un rassemblement décousu sous le commandement mal défini et provisoire du maréchal Bazaine. Le 5e corps, composé de régimens de Lyon sous le général de Failly, était envoyé à Bitche pour relier la Lorraine à l’autre groupe militaire d’Alsace, — 1er corps formé avec des troupes d’Afrique, de Franche-Comté ou de Strasbourg sous le maréchal de Mac-Mahon, 7e corps constitué à Belfort sous le général Félix Douay. La garde impériale, confiée au général Bourbaki, ne dépassait pas encore Nancy. Le 6e corps, que devait commander le maréchal Canrobert, commençait à peine à s’organiser au camp de Châlons. A part les forces de cavalerie attachées aux divers corps d’armée, il y avait comme réserve générale en formation une division de cuirassiers sous le général Bonnemains à Lunéville, une division de cuirassiers et de dragons sous le général marquis de Forton à Pont-à-Mousson, une division de chasseurs d’Afrique sous le général Du Barail. Outre l’artillerie divisionnaire, le parc général commençait sa concentration à Toul. Je ne parle pas du corps de débarquement de la Baltique dont on avait l’air de s’occuper à Paris, qui n’existait pas, que cherchait vainement à débrouiller le général Trochu, rappelé de Toulouse, où il avait été d’abord relégué.
Châlons sous le général Frossard et arrivé avant tous les autres, dès le 19 juillet, à Saint-Avold, en arrière de la Sarre, le 3e formé avec des troupes de Paris ou de Nancy sous Bazaine et arrivé peu après à Metz, le 4e venant du nord à Thionville sous le général Ladmirault, ces trois corps formaient d’abord un rassemblement décousu sous le commandement mal défini et provisoire du maréchal Bazaine. Le 5e corps, composé de régimens de Lyon sous le général de Failly, était envoyé à Bitche pour relier la Lorraine à l’autre groupe militaire d’Alsace, — 1er corps formé avec des troupes d’Afrique, de Franche-Comté ou de Strasbourg sous le maréchal de Mac-Mahon, 7e corps constitué à Belfort sous le général Félix Douay. La garde impériale, confiée au général Bourbaki, ne dépassait pas encore Nancy. Le 6e corps, que devait commander le maréchal Canrobert, commençait à peine à s’organiser au camp de Châlons. A part les forces de cavalerie attachées aux divers corps d’armée, il y avait comme réserve générale en formation une division de cuirassiers sous le général Bonnemains à Lunéville, une division de cuirassiers et de dragons sous le général marquis de Forton à Pont-à-Mousson, une division de chasseurs d’Afrique sous le général Du Barail. Outre l’artillerie divisionnaire, le parc général commençait sa concentration à Toul. Je ne parle pas du corps de débarquement de la Baltique dont on avait l’air de s’occuper à Paris, qui n’existait pas, que cherchait vainement à débrouiller le général Trochu, rappelé de Toulouse, où il avait été d’abord relégué.


L’indécision du commandement apparaissait dans toutes ces combinaisons; elle éclatait d’une manière bien plus saisissante encore dans la disposition de ces troupes, échelonnées sur une frontière de quatre-vingts lieues, sur une ligne flottante de Thionville à Bâle en passant par Forbach, Sarreguemines, Bitche, Haguenau, Strasbourg, et Colmar ou Belfort. Les soldats prétendaient eux-mêmes gaîment, — ils avaient encore de la gaîté ! — qu’ils formaient une ligne de douaniers. Si par cette dissémination, qui n’avait rien de militaire, qui pouvait devenir un péril, on avait cru faciliter la mobilisation et les approvisionnemens, on était arrivé tout juste au résultat opposé : on avait une armée prématurément jetée en avant, mal liée, mal approvisionnée, difficile à compléter et réduite à se débattre sur place. Le désordre d’en haut se communiquait partout, compliquait et ralentissait tout. Les choses en étaient encore là aux derniers jours de juillet et aux premiers jours d’août.
L’indécision du commandement apparaissait dans toutes ces combinaisons ; elle éclatait d’une manière bien plus saisissante encore dans la disposition de ces troupes, échelonnées sur une frontière de quatre-vingts lieues, sur une ligne flottante de Thionville à Bâle en passant par Forbach, Sarreguemines, Bitche, Haguenau, Strasbourg, et Colmar ou Belfort. Les soldats prétendaient eux-mêmes gaîment, — ils avaient encore de la gaîté ! — qu’ils formaient une ligne de douaniers. Si par cette dissémination, qui n’avait rien de militaire, qui pouvait devenir un péril, on avait cru faciliter la mobilisation et les approvisionnemens, on était arrivé tout juste au résultat opposé : on avait une armée prématurément jetée en avant, mal liée, mal approvisionnée, difficile à compléter et réduite à se débattre sur place. Le désordre d’en haut se communiquait partout, compliquait et ralentissait tout. Les choses en étaient encore là aux derniers jours de juillet et aux premiers jours d’août.