« La Morale de Nietzsche » : différence entre les versions

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« Ce seront toujours, dit Nietzsche, les natures1 fortes, dominatrices qui, sous ce joug, dans cette tenue et cet achèvement résultant d'une loi qu'on s'impose à soi-même, éprouveront leurs plus fines jouissances; la passion qui anime leur très puissante volonté éprouve un soulagement à la vue de toute nature soumise à un style, de toute nature domptée et faite servante ; même ^lorsqu'ils ont à construire des palais ou à établir des jardins, il leur répugne de donner à la nature libre carrière. — Réciproquement, ce sont les caractères faibles, non maîtres d'eux-mêmes, qui haïssent la tenue du style; ils sentent que si ce joug si méchant leur était imposé, il ne pourrait que les rendre vils ; ils deviennent esclaves dès qu'ils servent, ils haïssent de servir. De tels esprits — ce peuvent être des esprits de premier rang —- n'ont qu'une visée : de se modeler et de se donner à comprendre eux-mêmes et ce qui les entoure, comme libre Nature —. sauvages, sans règles, fantasques, hors de tout ordre, étonnants... » (Die fiôkliche Wissensckaft, p. 220.)
 
Dans les siècles classiques, une oeuvreœuvre d'art est d'autant plus goûtée qu'elle unit à une plus impeccable pratique, à une science plus profonde des ordonnances traditionnelles, plus de liberté, de jeunesse, d'imprévu, de fraîcheur. Cela est d'une psychologie très sage. Car, à supposer que les règles qui résultent d'une telle exigence soient un peu lourdes et oppressives, on n'en est que mieux assuré, à voir un génie les porter légèrement, qu'il est plein de force et de ressources. Mais en fait les formes classiques sont des œuvres d'art générales d'un peuple artiste. Elles signifient les diverses sortes d'arrangement sous lesquelles l'intelligence et lés sens de son élite se plaisent le plus à embrasser un sujet et en sont le plus capables. La séduction d'un chef-d'œuvre classique, c'est donc bien moins de nous révéler une personnalité nouvelle ou un sujet nouveau que de nous faire retrouver plaisir à la majesté, à la grâce, aux mystères aussi d'un ordre maintes fois, mais toujours diversement éprouvé. Le romantisme est, en principe du moins, la négation de toute forme consacrée. A y regarder de près, on verrait qu'il n'a été le plus souvent qu'un usage effronté et chaotique de tous les styles du passé à la fois.
 
Se croyant ou se rêvant d'ailleurs sortie directement des entrailles de la nature, l'œuvre d'art romantique sera condamnée, par une conséquence évidente, à chercher l'intérêt dans la nouveauté absolue. Par quoi donc pourra-t-elle être si nouvelle? Par le sujet tout d'abord. Trait caractéristique du romantisme :1a poursuite de sujets extraordinaires, de cas inouïs, laquelle a pour aboutissant extrême la frénésie de l'anormal.