« Contes de la bécasse (Havard, 1894)/La Folle » : différence entre les versions

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Qu'avaient-ils fait de cette femme ? s'était-elle enfuie à travers les bois ! L'avait-on recueillie quelque part, et gardée dans un hôpital sans pouvoir obtenir d'elle aucun renseignement.
 
Rien ne venait alléger mes doutes ; mais, peu à peu, le temps apaisa le souci de mon coeurcœur. Or, à l'automne suivant, les bécasses passèrent en masse ; et, comme ma goutte me laissait un peu de répit, je me traînai jusqu'à la forêt. J'avais déjà tué quatre ou cinq oiseaux à long bec, quand j'en abattis un qui disparut dans un fossé plein de branches. Je fus obligé d'y descendre pour y ramasser ma bête. Je la trouvai tombée auprès d'une tête de mort. Et brusquement le souvenir de la folle m'arriva dans la poitrine comme un coup de poing. Bien d'autres avaient expiré dans ces bois peut-être en cette année sinistre ; mais je ne sais pas pourquoi, j'étais sûr, sûr vous dis-je, que je rencontrais la tête de cette misérable maniaque.
 
Et soudain je compris, je devinai tout. Ils l'avaient abandonnée sur ce matelas, dans la forêt froide et déserte ; et, fidèle à son idée fixe, elle s'était laissée mourir sous l'épais et léger duvet des neiges et sans remuer le bras ou la jambe.
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Et les oiseaux avaient fait leur nid avec la laine de son lit déchiré.
 
J'ai gardé ce triste ossement. Et je fais des voeuxvœux pour que nos fils ne voient plus jamais de guerre.