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qu’un troisième courant» émané du siège de là volonté au cerveau, annule le second et laisse subsister le premier : c’est l’histoire de ce Romain qui se brûle le poignet devant le Porsenna étrusque. C’est aussi l’histoire de certains martyrs. Chez d’autres, le plus grand nombre, il semble que les perceptions douloureuses soient plutôt éteintes par l’attention vers la couronne céleste qui leur est promise que dominées par un effort de la volonté. L’homme chez lequel les courans nerveux volontaires domineraient tous les autres pourrait être dit l’homme vraiment maître de lui; mais de telles natures, si elles existent, sont en tout cas fort rares autre part que dans les œuvres des romanciers, qui trouvent toujours là un type aussi peu naturel que séduisant pour les masses. Tous, plus ou moins, nous sommes soumis à cette dépendance un peu honteuse où nos organes tiennent notre esprit. Malgré nous, et quoi que nous fassions, notre cœur bat parfois plus vite que nous ne voudrions, une rougeur souvent menteuse colore nos joues, les larmes nous viennent aux yeux quand nous serions jaloux de cacher toute émotion; une mauvaise digestion a son contre-coup dans la lucidité de l’esprit, et la tristesse sous l’influence des affections de l’hypochondre n’est pas tout à fait une erreur de la vieille médecine. L’intelligence, la raison, l’imagination, les facultés les plus nobles sont chez l’homme tout a la fois dépendantes d’une foule d’influences extérieures et d’influences occultés non moins nombreuses venant des organes.
qu’un troisième courant » émané du siège de là volonté au cerveau, annule le second et laisse subsister le premier : c’est l’histoire de ce Romain qui se brûle le poignet devant le Porsenna étrusque. C’est aussi l’histoire de certains martyrs. Chez d’autres, le plus grand nombre, il semble que les perceptions douloureuses soient plutôt éteintes par l’attention vers la couronne céleste qui leur est promise que dominées par un effort de la volonté. L’homme chez lequel les courans nerveux volontaires domineraient tous les autres pourrait être dit l’homme vraiment maître de lui ; mais de telles natures, si elles existent, sont en tout cas fort rares autre part que dans les œuvres des romanciers, qui trouvent toujours là un type aussi peu naturel que séduisant pour les masses. Tous, plus ou moins, nous sommes soumis à cette dépendance un peu honteuse où nos organes tiennent notre esprit. Malgré nous, et quoi que nous fassions, notre cœur bat parfois plus vite que nous ne voudrions, une rougeur souvent menteuse colore nos joues, les larmes nous viennent aux yeux quand nous serions jaloux de cacher toute émotion ; une mauvaise digestion a son contre-coup dans la lucidité de l’esprit, et la tristesse sous l’influence des affections de l’hypochondre n’est pas tout à fait une erreur de la vieille médecine. L’intelligence, la raison, l’imagination, les facultés les plus nobles sont chez l’homme tout a la fois dépendantes d’une foule d’influences extérieures et d’influences occultés non moins nombreuses venant des organes.