« Civilisation des Indiens Chérokées » : différence entre les versions

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En 1817, il y eut une scission entre îles Cherokées. Près de 6,000 d’entr’eux, préférant la vie sauvage qu’avaient menée leurs pères allèrent s’établir sur les bords de l’Arkansas, où ils vivent de la chasse et de la pêche. Ceux qui restèrent sont aujourd’hui au nombre de 15,000, dont 220 blancs, qui tiennent à la nation par des alliances, et 1277 esclaves noirs. Cette population est disséminée sur un territoire de 14,000 milles carrés, qui comprend l’angle N. O. de la Georgie, le N. E. de l’état d’Alabama, et le S. E. de celui de Tennessee.
 
Ces anciens hôtes des forêts habitent actuellement des maisons commodes et bien bâties, groupées çà et là en une soixantaine de villages. Les campagnes, naguère incultes ou couvertes de bois épais sont partagées en fermes de 30 à 40 acres, d’une culture aussi perfectionnée que celle des blancs, et abondamment pourvues de bestiaux de toute espèce. Les femmes, non moins industrieuses que leurs maris, s’acquittent des fonctions du ménage, filent, tissent, font du beurre et d’excellens fromages. Les hommes se livrent aux travaux des champs, aux arts industriels les plus utiles, fabriquent eux-mêmes leurs draps et leurs étoffes, et entretiennent un commerce assez considérables en bétail et en maïs, qu’ils échangent pour du café, du sucre et d’autres denrées. Leurs connaissances ont atteint le niveau de celles des blancs voisins. La plupart, grâce aux missionnaires, savent lire, écrire et compter; des écoles sont établies dans chaque district, et le gouvernement a depuis peu affecté un territoire de 100,000 acres d’étendue à la dotation et à l’entretien d’un collège. Les Chérokées ont renoncé à 1a superstition pour embrasser le christianisme. Ils ont revu leurs anciennes lois, et en ont adopté de nouvelles en harmonie avec leurs moeursmœurs actuelles. Ils possèdent aujourd’hui un code de législation écrite, et se sont donné une constitution. La nouvelle Echota, siége de leur gouvernement, renferme déjà une bibliothèque, un musée et une imprimerie, où un Indien nommé Boudinott dirige la publication d’un journal hebdomadaire, intitulé le ''Phénix Chérokée''.
 
Ce journal a paru, pour la première fois, le 21 février 1828. II est publié en anglais, avec une traduction chérokée imprimée en caractères de l’invention d’un Indien nommé Guess. L’idée d’écrire sa langue lui vint d’une manière fort singulière. Etant un jour à Sauta, il entendit plusieurs de ses compatriotes discourir sur la supériorité du talent des blancs. L’un d’eux remarqua, comme une des choses les plus extraordinaires, qu’ils ''couchaient un parler'' sur du papier, et que la personne à qui ils l’adressaient, quoique souvent fort éloignée, le comprenait parfaitement. Guess, après avoir écouté quelque temps la conversation, rompit enfin le silence: « Vous êtes tous des imbéciles, dit—il à ses interlocuteurs; rien au monde n’est plus facile; j’en puis faire autant. » Il ramassa alors une pierre plate, griffonna dessus avec une épingle, et au bout, de quelques minutes, il lut une phrase qu’il y avait tracée, en faisant un signe pour chaque mot. Les assistans partirent tous d’un éclat de rire, et la conversation en resta là. Guess néanmoins ne se tint point pour battu. Ne voyant pas pourquoi le chérokée ne s’écrirait pas aussi bien que l’anglais, il se fit fort d’en découvrir le secret. De retour dans son pays, il acheta du papier, des plumes, et se mit à l’ouvrage. Il figura d’abord chaque mot par un signe particulier, et suivit cette méthode l’espace d’une année entière. Toutefois, après en avoir tracé plusieurs milliers, il la jugea impraticable, sans cependant se laisser décourager. Il essaya ensuite plusieurs autres manières; sans obtenir plus de succès ; mais quand l’idée de décomposer les mots se présenta à son esprit, ce fut pour lui un trait de lumière. A peine eut-il fait cette tentative, qu’il vit, à sa grande joie, que les mêmes caractères pourraient servir à écrire des mots différens, et que leur nombre se trouverait ainsi considérablement restreint. Lorsqu’il eut exprimé, par des signes, toutes les syllabes qu’il put se rappeler, il fréquenta les assemblées de ses compatriotes, écoutant attentivement les discours des étrangers, et toutes les fois qu’il entendait prononcer un mot renfermant une syllabe qui lui avait échappé, il la retenait jusqu’à ce qu’il eût trouvé un signe. De cette manière, il parvint par degrés à connaître toutes les syllabes du chérokée, et compléta son système en moins d’un mois. Si les peuples civilisés adoptent si difficilement des innovations utiles, peut-on attendre plus de docilité de la part des sauvages? Guess eut beaucoup de peine à décider ses compatriotes à apprendre son alphabet, et ce ne fut qu’après avoir entrepris dans cette intention un voyage au pays d’Arkansas, qu’il y réussit. Là, il l’enseigna à plusieurs individus, et l’un d’eux, ayant écrit une lettre à un Chérokée de Georgie, chargea Guess de la lui remettre à son retour. Cette lettre excita la plus vive curiosité. C’était un ''parler'' chérokée tracé sur du papier, et renfermé dans une lettre cachetée et venue des bords lointains de l’Arkansas. Guess en donna lecture à ses compatriotes étonnés, qui comprirent alors l’utilité de sa découverte, et voulurent la connaître. Ce désir gagna insensiblement toute la nation, et en peu de mois, les Chérokées, qui jusqu’alors avaient été un peuple non lettré, surent lire et écrire leur langue.
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Nul ne peut être jugé deux fois pour le même crime ou délit; toute aliénation de propriété, au profit du public, sans le consentement du possesseur, est illégale; le jugement par jury est inviolable, etc.
 
Cette constitution, révèle dans ses auteurs des connaissances en politique d’un ordre fort élevé, excita un sentiment de surprise, mêlé d’envie, chez leurs voisins, qui la prononcèrent l’oeuvrel’œuvre des missionnaires. M. Wilde, membre du congrès pour la Georgie, fit même une motion tendant à ce qu’il fût dressé une enquête pour découvrir jusqu’à quel point les blancs avaient assisté les Chérokées dans la rédaction de leur pacte fondamental. Le ''Phénix'' relève cette atteinte portée à la capacité de ses compatriotes. « il est surprenant, dit-il, que toutes les fois que les Indiens ont cherché à imiter leurs frères blancs, et y ont réussi à un certain point, on crie à l’imposture, comme si Dieu ne les avait pas doués d’intelligence, aussi bien que les autres hommes.
 
« On a, de plus, par une insigne mauvaise foi, accusé les missionnaires du ''crime'' d’aider les Indiens, et de s’immiscer dans le gouvernement de leurs affaires domestiques; Comme ce sont presque les seuls blancs de la nation qui puissent leur être de quelque secours, c’est sans doute d’eux qu’a voulu parler M. Wilde. Qu’il se rassure : il n’a rien à craindre de cette classe de notre population, car les Chérokées sont bien décidés à ne point les laisser se mêler de leurs affaires, et nous pensons que les sociétés qui les emploient, et dont l’unique but est de nous instruire dans la religion, leur défendent de s’occuper en aucune manière de matières politiques. Nous affirmons que telle a toujours été la règle de conduite des missionnaires presbytériens, et rien ne nous fait croire que les autres s’en soient écartés. Ils méritent toute notre reconnaissance pour les bienfaits que nous en avons reçus, et nous prions ceux qui ne les connaissent pas, parce qu’ils demeurent loin de nous, de leur donner aussi leur amour, de cesser de qualifier de mercenaires des hommes pour lesquels ils ne sauraient avoir trop d’estime. Nous déclarons, une fois pour toutes, qu’aucun homme blanc n’a mis la main à notre constitution, ni à de nos actes publics. Les Chérokées en sont seuls responsables. Il nous répugne d’entendre sans cesse accuser des innocens à faux, et attribuer à des blancs les actions de nos compatriotes. »