« Chronique de la quinzaine - 14 janvier 1833 » : différence entre les versions

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L'Afrique et l'Asie ne se sont pas montrées plus raisonnables. On avait bien dit que la Russie allait intervenir dans cette bataille acharnée que se livrent l'Egypte et la Turquie; mais il n'en a rien été. On n'a pas séparé les combattans. On a souffert que ce duel à mort se continuât.
 
Quant à l'Europe, c'est elle qui donne maintenant le bon exemple. Son expérience lui a profité. A force d'être folle, elle est devenue sage. Ainsi tout récemment, bien que ce fut pour elle un grand crève-coeurcœur, elle nous a laissés prendre sous ses yeux la citadelle d'Anvers, et tant qu'a duré le siège, elle nous a regardés magnanimement l'arme au bras, sans broncher. Il est vrai que nous, de notre côté, nous avons été admirables de modération. Nos bombes n'ont tué de Hollandais que le strict nécessaire. Nos battteries n'ont fait de brêche aux murs de la forteresse que tout juste ce qu'il en fallait pour les jeter bas. Puis, cette pacifique conquête achevée, notre armée s'est hâtée de revenir en France, afin d'y être passée en revue, emmenant d'ailleurs la garnison hollandaise, non point prisonnière de guerre, comme cela se fût autrefois pratiqué, mais prisonnière de paix, ce qui est bien différent, surtout pour cette garnison privilégiée que l'on garde à Saint-Omer.
 
Au-delà des Pyrénées, la réforme politique continue à se conduire avec une louable prudence. Les libéraux y avancent lentement, mais ils avancent; chaque jour ils gagnent quelques nouveaux pouces de terrain : malgré bien des résistances, M. d'Offalia vient d’être nommé ministre de l'intérieur; et ce qui est plus important encore, le roi, dont le silence devenait inquiétant, s'est enfin prononcé lui-même. Il a protesté solennellement contre la violence qui avait profité de sa maladie, pour lui arracher le sacrifice des droits de sa fille. Ce dernier acte est décisif. Puisque voici Ferdinand VII qui s'embarque aussi à bord de la Liberté, c’est pour elle un lest suffisant. Quoi que fassent maintenant les vagues de l’absolutisme, elles n'abîmeront pas ce glorieux navire qui va bien assurément aller conquérir pour l'Espagne un autre nouveau monde.
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La littérature suédoise, long-temps vouée à l'imitation des littératures étrangères, vient enfin, depuis une vingtaine d'années, de se rappeler qu'une autre carrière, une carrière patriotique lui était ouverte; que la mythologie, les traditions, les moeursmœurs antiques du pays, étaient des sources abondantes, où elle pourrait puiser l'originalité dont la plupart de ses travaux étaient dépourvus. L'attention du public et des écrivains s'est reportée avec ardeur vers les contes (saga) scandinaves. Leur énergie, leur naïveté, ont ému l'imagination des jeunes poètes; ils ont essayé de les prendre pour sujets de leurs compositions nouvelles. M. Isaïe Tegner est sans contredit, celui de tous qui a le mieux réussi dans cette tentative. Il s'est approprié le conte de ''Frithiof'', que l'on croit du neuvième siècle, et en a tiré un poème en vingt-quatre chants, qui fait, depuis neuf ans, la gloire de la littérature suédoise moderne. Quatre éditions consécutives ont à peine suffi à l'empressement des lecteurs. Tous les Suédois, n'importe leur rang, ont pour ''Frithiof'' le plus vif enthousiasme; la musique, la peinture se sont empressées de lui apporter leur tribut. C'est, en un mot, un poème populaire sur un sujet national, une peinture fidèle des moeursmœurs antiques de la Scandinavie.
 
Frithiof, fils du paysan Thorsten Vikingsson, est élevé chez Hilding avec Ingeborg, fille de Bele, roi de Norwège. Frithiof ressemble au chêne, Ingeborg à la rose au montent où le printemps fuit; bientôt aux jeux de l'enfance succède l'amour, transition exprimée par l'auteur avec une simplicité remplie de charme. C'est en vain qu'Hilding rappelle à son fils adoptif qu'Ingeborg est de sang royal, que sa race remonte à Oden, Frithiof oppose sa force, son courage : « Le glaive, dit-il, est un aspirant puissant, je com¬battrai pour ma jeune fiancée, malheur à qui voudra nous séparer. »
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Ring, monarque d'une autre partie de la Norwège, annonce à son peuple que son choix s'est arrêté sur la fille de Bele. Ses écuyers partent avec fracas; une longue file de skaldes les accompagnent en chantant les exploits des héros. Ils se présentent devant les frères d'Ingeborg. Helge, qui passe de préférence son temps avec les devins, consulte les dieux. Tous gardant un obstiné silence, il rejette la demande de Ring. Halfdan plaisante sur la vieillesse de Ring, qui, pour venger son injure, assemble une armée. Helge réclame alors le secours de Frithiof; mais celui-ci reste inflexible. Il se rend près d'Ingeborg, dans le temple de Balder, et se décide enfin, à sa prière, à faire une nouvelle tentative près de Helge. Il vient en dire le résultat à sa bien-aimée.
 
« Je me rendis à l'assemblée. Sur la colline sépulcrale, sur ses flancs couverts de gazon, bouclier contre bouclier, le glaive nu, les hommes du nord debout formaient anneau sur anneau jusqu'au sommet; mais sur la pierre servant de tribunal, sombre comme une nuée d'orage, siégeait ton frère Helge. Les joues de l'homme de sang sont sans couleur. Près de lui un grand enfant, Halfdan, était assis négligemment, jouant sans réflexion avec son glaive. Je m'avance et dis : « La guerre est à nos frontières; elle frappe sur le bouclier de bataille. Ton royaume, roi Helge, est en danger. Donne-moi ta sœur, et je te prêterai mon bras. Dans le combat, il pourra te devenir utile. Oublions notre mésintelligence. Je ne la nourris pas volontiers contre le frère d'Ingeborg. Sois juste, prince, sauve en même temps ta couronne d'or et le coeurcœur de ta soeursœur. Voici ma main, par Asa-Thor (1): c'est la dernière fois qu'elle t'est offerte en signe de réconciliation ». Une rumeur s'élève alors dans l'assemblée. Mille glaives marquent leur approbation sur mille boucliers. « Donne-lui Ingeborg, ce lys délicat, le plus beau qu'aient produit nos vallées. Il est le meilleur glaive du pays; donne-lui Ingeborg. - Mon père nourricier, le vieux Hilding, avec sa barbe blanche, s'avance, fait un discours plein de sagesse, composé de courtes sentences qui retentissent comme les coups du glaive, et Halfdan lui-même se lève de son siège royal, supplie de la voix et du geste. C'est en vain : toute prière est inutile. Tel ce rayon du soleil prodigué sur le roc stérile n'arrache aucune plante de son sein. Le visage de Helge reste immobile. « J'aurais pu, dit-il avec mépris, donner Ingeborg au fils d'un paysan; mais le profanateur du temple ne me semble pas convenir à la fille de Walhall. N'as-tu pas, Frithiof, rompu la paix de Balder? N'as-tu pas vu ma sueur dans son temple, après la fuite du jour ? Oui ou non. - Alors un cri s'éleva : « Dis non, dis non, nous croirons tes paroles, nous demanderons Ingeborg pour toi, fils de Thorsten, qui vaux autant qu'un fils de roi; dis non, et Ingeborg t'appartient. - Le bonheur de ma vie est suspendu à un mot, répondis-je, mais ne crains rien, roi Helge, je ne voudrais pas devoir à un mensonge les joies de Walhall, encore moins celles de la terre. J'ai vu ta soeursœur, je lui ai parlé dans l'obscurité du temple, mais je n'ai point rompu la paix de Balder. » On ne me permit pas d'en dire davantage. Un murmure d'horreur parcourut l'assemblée; ceux qui étaient près de moi s'en éloignèrent comme d'un pestiféré, et quand je me retournai, la sotte superstition avait paralysé toutes les lan¬gues, blanchi toutes les joues récemment brûlantes d'une joyeuse espérance. »
 
Frithiof, pour expier la profanation dont Helge l'accuse, est condamné, sous peine d'être infâme et proscrit à jamais, à aller réclamer dans les îles de l'ouest un tribut qu'elles ont cessé de payer depuis la mort de Bele. Il part; mais le printemps suivant, de fâcheuses nouvelles accueillent son retour. Sa demeure n'est plus qu'un monceau de cendres; Helge l'a incendiée en fuyant devant le roi Ring, et celui-ci vient d'emmener Ingeborg.
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4° Au milieu d'une nuit épaisse, tomber avec tout votre bagage au fond d'un profond ravin.
 
5° Quand vous vous arrêtez dans un khan, épuisé de fatigue et transi de froid, ne trouver qu'une chambre, aux murs ruisselans, avec des fenêtres de papier et sans portes. Essayer d'y faire du feu, mais n'avoir que du bois vert, et lorsqu'à force de souffler aux dépens de vos poumons, vous l'avez enfin allume, être saisi de violens maux de coeurcœur et ne pouvoir même plus manger votre pilaw.
 
6° En sortant d'un café sur le parquet duquel vous étiez demeuré roulé toute la soirée, vous apercevoir que vos habits et votre manteau sont percés d'une infinité de trous, qu'y a pratiqués le feu des pipes de la compagnie.