« Armance/Chapitre VIII » : différence entre les versions
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Le lendemain de l'explication dans le jardin, Octave vint deux fois à l'hôtel de Bonnivet, mais Armance ne parut point. Cette absence singulière augmenta beaucoup l'incertitude qui l'agitait sur le résultat favorable ou funeste de la démarche qu'il s'était permise. Le soir, il vit son arrêt dans l'absence de sa cousine et n'eut pas le courage de se distraire par le son de vaines paroles; il ne put prendre sur lui de parler à qui que ce soit.
A chaque fois qu'on ouvrait là porte du salon il lui semblait que son
Le troisième jour après celui où il avait osé parler à sa cousine, il vint chez Mme de Bonnivet, bien convaincu qu'il était à jamais relégué au rang des simples connaissances. Quel ne fut pas son trouble en apercevant Armance au piano! Elle le salua avec amitié. Il la trouva pâle et fort changée. Et cependant, ce qui l'étonna beaucoup et fut sur le point de lui rendre un peu d'espoir, il crut apercevoir dans ses yeux un certain air de bonheur.
Le temps était magnifique et Mme de Bonnivet voulut profiter d'une des plus jolies matinées de printemps pour faire quelque longue promenade. "Êtes-vous des nôtres, mon cousin, dit-elle à Octave? - Oui, madame, s'il ne s'agit ni du bois de Boulogne ni de Mousseaux." Octave savait que ces buts de promenade déplaisaient à Armance. - "Le jardin du Roi, si l'on y, va par le boulevard, trouvera-t-il grâce à vos yeux? - Il y a plus d'un an que je n'y suis allé. - Je n'ai pas vu le jeune éléphant, dit Armance, en sautant de joie, et allant chercher son chapeau." On partit gaiement. Octave était comme hors de lui; Mme de Bonnivet passa en calèche devant Tortoni avec son bel Octave. C'est ainsi que parlèrent les hommes de la société qui les aperçurent. Ceux dont la santé n'était pas en bon état se livrèrent, à cette occasion, à de tristes réflexions sur la légèreté des grandes dames qui reprenaient les façons d'agir de la cour de Louis XV. Dans les circonstances graves vers lesquelles nous marchons, ajoutaient ces pauvres gens, il est bien maladroit de donner au tiers état et à l'industrie l'avantage de la régularité des
Armance dit que le libraire venait d'envoyer trois volumes intitulés: Histoire de... - "Mme conseillez-vous cet ouvrage, dit la marquise à Octave? il est si effrontément prôné dans les journaux que je m'en méfie. - Vous le trouverez cependant fort bien fait; l'auteur sait raconter et il ne s'est encore vendu à aucun parti. - Mais est-il amusant? dit Armance. - Ennuyeux comme la peste", répondit Octave. On parla de certitude historique, puis de monuments. "Ne me disiez-vous pas, un de ces jours, reprit Mme de Bonnivet, qu'il n'y a de certain que les monuments; - Oui, pour l'histoire des Romains et des Grecs, gens riches qui eurent des monuments; mais les bibliothèques renferment des milliers de manuscrits sur le moyen âge, et c'est paresse toute pure chez nos prétendus savants si nous n'en profitons pas. - Mais ces manuscrits sont écrits en si mauvais latin, reprit Mme de Bonnivet. - Peu intelligible peut-être pour nos savants, mais pas si mauvais. Vous seriez fort contente des lettres d'Héloïse à Abailard. - Leur tombeau était, dit-on, au Musée français, dit Armance, qu'en a-t-on fait? - On l'a mis au Père-Lachaise. - Allons le voir", dit Mme de Botinivet, et quelques minutes après on arriva à ce jardin anglais, le seul vraiment beau par sa position qui existe à Paris. On visita le monument d'Abailard, l'obélisque de Masséna; on chercha la tombe de Labédoyère. Octave vit le lieu où repose la jeune B.... et lui donna des larmes.
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