« La Consolation de la philosophie » : différence entre les versions
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15
abrité clés mon adolescence : la Philosophie. « Quel motif,
Et du vivant même de ce grand homme, est-ce que Son maître,
« Je veux bien que
. 17
ler
« Leur armée est nombreuse, il est vrai, mais elle
VII
Donne à ta vie une règle certaine ;
Mets sous tes pieds les arrêts du Destin ; De la Fortune ose affronter la haine ;
A ses faveurs oppose ton dédain. Ton âme alors bravera la tempête, Les vents, la foudre éclatant sur le faîte1)es tours de marbre et des palais
19
Quoi ! des tyrans te font trembler ! Courage Bannis la crainte et
Leur impuissance égale leur fureur. Mais
De ses deux mains il a forgé sa chaîne ; Sans bouclier, sous le joug il se traîne, Fier• de sa honte et de sa lâcheté.
VIII
« Comprends-tu ces vérités, dit-elle, et pénètrent-elles
Je rassemblai tout mon courage et je répondis u
21
« Est-ce là le prix de ma déférence à tes instructions ?
« Voilà la cause de mon divorce irréconciliable et de mes luttes avec les méchants ; voilà pourquoi, dans
23
« Dans une année
« Paulin
« Albinus, un autre consulaire, avait été décrété
« Or, quels sont ceux qui
25
« Veux-tu savoir en somme de quel crime on
« Quoi
27
est peut-être une faiblesse de notre nature ; mais chie le premier scélérat venu puisse impunément persécuter l’innocence, et cela à la face de Dieu, voilà qui tient véritablement. du prodige.
« Et quand est-il arrivé que, sur
29
à près de cinq cent mille pas du lieu de ma résidence, sans avoir été entendu, que, pour cause
De plus la bonne discipline de ma maison,
31
Quant aux bruits qui courent maintenant dans le publïc, quant aux opinions multiples et contradictoires dont je fournis le sujet, je dédaigne de
IX
Créateur du monde aux clartés splendides Du haut de ton trône éternel ta voix Fait rouler les cieux, tourbillons rapides ; Les astres domptés subissent tes lois.
Opposant son disque aux feux de son frère, La Lune en son plein brille et resplendit ; L’humble étoile alors voile sa lumière, Plus près de Phébus, le croissant pâlit.
33
Le jour disparaît, et la nuit allume Dans
Selon que nos champs dorment sous la neige, Ou
Les heures du jour ou le cours des nuits.
Borée ou Zéphyr, chaleur ou froidure, Ton souffle puissant règle les saisons,
Et les grains chétifs semés sous
Docile à tes lois, toute la nature Marche
Hélas !
Ne voyons-nous pas le crime et le vice,
La couronne au front, trôner en haut lieu ;
Et sous leur sandale, ô sainte justice Fouler sans pudeur les élus de Dieu ?
Dans
35
Mais
Sous son pied vainqueur ses pâles tyrans.
Toi qui fais sortir l’effet de la cause, De la terre en pleurs bannis le hasard ; Dans le monde
Le sort fait à
Et que ta sagesse impose à la terre
X
quand ma douleur se fut soulagée tout
37
Là, il
« Aussi est-ce moins
« Je conviens
39
âme a subi le choc de bien des émotions, et la souffrance, la colère, le chagrin, te sollicitent en sens contraire. Dans cette disposition
Quand de sa corrosive haleine Le Cancer desséchant la plaine Brûle le grain dans les guérets, Le pauvre colon dont Cérès
A trahi les vœux et la peine Récolte son pain sur le chêne. Quand sur les monts hêtre et sapin Tombent brisés parla tempête,Biien fou qui dans le bois voisin
A chaque saison son prodige !
41
A chaque jour sa fonction ! ainsi Dieu
Le trouble et la destruction.
« Et
43
ta question. Comment pourrais-je v répondre ?
Et
45
la nature. Je tiens déjà un des éléments de ta guérison
X
Soulève les oncles, Les flots radieux Dont la transparence Avait
47
De sable et de fange Éteignent leurs feux.
La sainte beauté, Pour suivre sa voie Avec fermeté, Renonce à la joie, Bannis de ton cœur
== LIVRE DEUXIEME ==
Après ces paroles, elle se tut, et
53
« Au temps même où tu jouissais de sa présence et de ses faveurs, tu la gourmandais souvent par des apostrophes viriles ; et tu la harcelais à coups de sentences empruntées à més oracles. Mais une révolution subite ne se produit jamais dans les choses sans jeter quelque perturbation dans les esprits.
«
Tu connais â présent sous son double visage cette aveugle divinité. Déguisée encore pour nombre
55
présente
« Enfin, il faut te résoudre à supporter avec résignation tout ce qui peut
57
Sous sa fantasque main tout
Aux rois, terreur du monde, elle arrache leur foudre, Relève les vaincus prosternés dans la poudre
Et flatte un moment leur orgueil.
Le mal
Pour attester sa fonce, il faut que
Mais je voudrais discuter un peu avec toi comme pourrait le faire la Fortune. Vois si sa cause
59
« Est-ce que, seule au monde, je ne pourrai userd(le mon droit ? Le Ciel peut faire luire des jours sereins, et les couvrir ensuite des ténèbres de la nuit.
61
« il allait périr dans les flammes
1V
Du bon
On voit briller de rayons et
Les comblerait
63
Regorgeant
Va, tu mourras, riche, dans
V
« Si, pour sa justification, la Fortune te tenait un pareil langage, tu
trouvas auprès des personnages les plus éminents, ni de ton admission dans la famille des princes de la cité, auxquels tu appartenais déjà par le genre de parenté le plus précieux de tous, puisque tu leur étais cher avant de devenir leur allié. Qui donc ne
67
dont naguère tu croyais jouir ont disparu, tu
VI
Du haut de son char de lumière, Quand Phébus ouvrant sa carrière Commence à colorer les cieux,
Au souffle de Zéphyre éclose, Au mois de mai voyez la rose Étaler ses fraîches couleurs ; Vienne
Des mers souvent
. 69
Puisque tout
Et dites avec certitude Rien
VII
Je pris alors la parole : « Les faits que tu viens de rappeler sont vravs, ô mère de toutes les vertus, et je ne puis nier le rapide enchaînement de mes prospérités. Plais
chaste pudeur, cette femme dont toutes les qualités peuvent
73
riche, vit dans le célibat et
« Combien de gens, à ton avis, se croiraient ravis au ciel
« 1l est donc clair que les choses humaines ne peuvent procurer
75
posséder toi-même, tu posséderas un bien que tu ne voudras jamais perdre, et que la fortune ne pourra jamais te ravir. Et, pour te convaincre que tous ces avantages fortuits ne peuvent pas constituer la béatitude, fais-toi ce raisonnement : Si la béatitude est le souverain bien aux yeux de tout être douédle raison, et si
Pour toi, comme je sais que tu es convaincu et que tu tiens pour démontré par un grand nombre de preuves que
Vlll
Si tu veux édifier
Un réduit indestructible, Capable de défier
Ne construis pas ton asile Sur une plage mobile,
Ni sur un mont sourcilleux.
Sous le moindre poids
De la nue ou te la grève, Que ton humble toit
Sans péril pour ton repos
Les vents, la foudre et
Tu braveras ia colère Des éléments déchaînés.
79
« Mais puisque le baume de mes raisonnements a déjà pénétré dans ton âme, je pense que le moment est venu de recourir à des moyens un peu plus énergiques. Dis-moi, lors même que les dons de la Fortune ne seraient ni fragiles ni temporaires,
u
81
mettant due cet éclat ait quelque valeur en soi, il est propre aux pierreries, non à
« Peut-être
83
félicité ?
« Au demeurant, quel est le but de tout ce bruyant étalage ? Apparemment de chasser la pauvreté par
« Le reste des créatures est satisfait de ce
. 85
la terre
« Que votre erreur est donc grande, vous qui pensez que
87
De
Le miel jamais dans sa coupe rustique N’avait au vin mêlé ses doux poisons ; Jamais de Tyr la pourpre magnifique
Aucun vaisseau sur une mer profonde
IJn glaive affreux, rouge de sang humain.
Et pourquoi donc le démon des batailles Eût-il soufflé sur ce peuple naissant Quel est le prix de tant de funérailles ? Pur vivre heureux faut-il verser le sang ?
89
Ah ! plût au ciel que le siècle où nous sommes Pût revenir aux mœurs des premiers hommes, Et fût comme eux de tout meurtre innocent !
Mais
Qui
La perle et
« Que dirai-je des dignités et de la puissance, que, dans votre ignorance de la véritable dignité et de la véritable puissance, vous élevez
« Après tout, en quoi consiste cette puissance humaine,
91
si désirable et si éclatante à vos yeux ? Vous ne regardez donc pas, ô vils animaux, à qui vous croyez commander ? Si tu voyais une souris
« Mais il y a plus : si les dignités et la puissance possédaient naturellement et en propre quelque chose de bon, elles ne tomberaient jamais en partage aux méchants. II
93
les mains des méchants, il est évident aussi que par ellesmêmes elles ne sont pas des biens,
95
On le connaît le César assassin
Qui, bourreau du Sénat romain, Brûla la ville, empoisonna son frère, Et sans pâlirr, dans le sang de sa mière Trempa sa parricide main.
Elle était là, nue, un poignard au flanc Lui,
Eh bien ! ce monstre, effroi de
Que le soleil éclaire dans sa course ;
On
A ces hauteurs, est-ce que la raison Calma la rage de Néron ?
Malheur à vous, ô peuples
97
Je pris alors la parole et lui dis : «
. 99
dlans
Mais encore, combien
101
deux fractions de temps a sa durée déterminée, et si le moment lui-même
« Au demeurant,
103
rien, puisque celui à qui on
Des héros immortels tu veux suivre la trace ! La gloire est le premier des biens ! Soit ! compare la terre et son étroit espace Aux vastes champs aériens
Le nom le plus fameux, du céleste royaume A-t-il jamais franchi le seuil ?
Il
Tu frémis sous le joug, il faut porter ta chaîne ! Je veux que par tout
Ton nom retentissant vole de bouche en bouche, Que les plus éclatants honneurs Illustrent ta maison : dans son dédain farouche La mort se rit n de vos grandeurs.
Sa main nivelle tout, et le même naufrage Attend le pâtre et le héros. Noble Fabricius, qui sait sur quel rivage Reposent
Et Brutus, et Caton, que devient leur mémoire ? Quelques lignes
Un nom sur une
105
Eh ? que me fait un nom pompeux,
Si
Pour grand que soit
Mais des mortels fameux peut-être que la vie Par delà le tombeau
1V
Cependant, comme tu pourrais me reprocher de faire à la Fortune une guerre à outrance, je veux bien avouer que de temps à autre cette perfide divinité rend quelques services aux hommes ;
107
par ses caresses, la bonne fortune éloigne les hommes du vrai bonheur : la mauvaise
Si le monde toujours varie Sans éprouver de changements, Si la lutte des éléments
Si le char doré de Phébus
Dans la pourpre du soir se baigne, Afin
Si la falaise du rivage
109
Mortels,
Le firmament, la terre et
Que sa vigilance sommeille, Entre les éléments divers Dont se compose
Du jeu savant de mille lois Résultaient
Et qui maintient les nations Dans les liens
Il prend, pour charmer la jeunesse, De
Sainte union ! touchantes flammes ! Mortels, que vous seriez heureux, Si
Ligne 507 :
Elle avait fini de chanter que je
115
brûle les lèvres, quand on
Avant
.
Le miel paraît plus doux après
A cessé de rouler ses bruyants tourbillons, Du ciel rasséréné plus pure est la lumière.
Du brillant Lucifer
Que Phébus, accourant sur les pas de la Nuit, Dans les cieux empourprés lance son attelage ;
117
Comme lui chasse
La liberté peut seule assurer le bonheur.
Alors le regard fixe, et comme retirée dans le sanctuaire de ses pensées, elle commença en ces termes : « Tous les hommes, si divers que soient les soucis qui les travaillent,
119
de rendre leur nom glorieux dans les arts de la paix ou dans ceux de la guerre. Le plus grand nombre pourtant le rapporte à la joie et au plaisir, et lui donne pour dernier terme
«
121
des jouissances à
123
Je veux te chanter, puissante nature ! Guidé par ta main, tout marche à son but ; Par des lois
Le lion punique, indolent esclave, Dans ses fers dorés
II lèche en tremblant le, fouet qui le mord.
Mais
Empourpre sa gueule, irrite ses sens, Longtemps assoupi, son instinct sauvage
Se réveille et tonne en rauques accents.
Il brise sa chaîne, il bondit, il vole, Altéré de meurtre et de sang humain ; Pour son coup
L,
En vain
125
Un zèle hypocrite en vain lui présente
Les fruits les plus beaux
Mais
Les grands bois touffus, les vertes charmilles Qui retentissaient (le ses chants
Graines et fruits
En accents plaintifs renaît, et gazouille Des bois le silence et
Aux mers du couchant, sous
La vie est un cercle : au bout de la course Dieu posa pour but le point de départ.
127
vous aussi, mortels dégénérés, vous conservez, bien faible il est vrai et pareil à un rêve, le souvenir de votre origine ; et votre pensée, si peu clairvoyance
129
Assurément, répondis-je.
131
assouvir. Je
V
Pourquoi donc, avare stupide, Dans un gouffre déjà plein
A quoi bon ce collier splendide Où la perle
Dans tes champs, que cent bœufs sillonnent, Vivant, la crainte te poursuit
Mort, tes richesses
Mais les dignités donnent à qui elles échoient de la considération et de
133
voir si souvent aux mains des scélérats ; et
~
135
rait constamment sur tous les points de la terre : de même que le feu, partout et toujours, conserve sa chaleur. Mais, comme cette vertu ne leur est pas propre, et
VIII
Fier
Sous la pourpre Néron se crayait plus
Payait ce luxe de son sang,
137
insulteur du sénat, aux Pères vénérables
Il jetait anneaux
« La royauté du moins et la faveur des rois peuvent-elles donner la puissance ?
« Que si
139
plus encore
« A quoi bon
Savoir se vaincre et maîtriser son
Je reconnais la puissance à ces traits. Je veux que
141
Creusent ton front sous
gI
« Et la gloire ! que souvent elle est mensongère et honteuse ! De là cette exclamation si bien fondée du poëte tragique s
Combien de vils mortels, ô courtisane ! ô Gloire ! Dont les noms, grâce à toi, déshonorent
Nombre de misérables, en effet, ont arraché un grand nom à
143
Qui ne voit aussi combien est vide, combien est frivole ce
Enfants de
De l’Etre et de la Vie est la source commune ;
A la terre il donna les hommes ; les étoiles De la nuit, à sa voix, dissipèrent les voiles ; Quand son souffle divin
Si de tous les mortels le ciel est la patrie, Pourquoi donc nous vanter la pompeuse série
Ligne 616 :
Celui-là seul déroge et ment à sa noblesse, Qui pour les voluptés de la terre délaisse Son berceau glorieux.
XIII
« Que dirai-je des plaisirs des sens, dont la poursuite est toujours accompagnée
XIV
Toute volupté meurtrit Et flétrit
Les fous dont elle est
Livre sa blonde alvéole,
Puis plonge un dard assassin Dans le sein
Du téméraire, et
XV
« Il est donc hors de doute que ces divers chemins, loin de se diriger vers la béatitude,
149
route est rude, difficile ; mille terreurs
XYI
De
Sur le sommet des monts qui de vous tend ses rets Pour pêcher
Vous avez pénétré les secrets de la mer ; Vous plongez dans ses noirs abîmes ; Vous savez quels récifs, au fond du gouffre amer, Abritent les perles opimes ;
Sur quels bords luit la pourpre aux éclatants reflets ; Quels poissons nourrit chaque plage Hérissons épineux, délicats surmulets,
Ces mets si vantés de notre âge.
Mais le souverain bien, ô mortels aveuglés, Se dérobe â votre misère
Ligne 644 :
Sans trêve, sans repos, poursuivez le plaisir, Les honneurs et le luxe infâme 1
Puis, a bout de courage, et ployant les genoux, De vos félicités coupables
Quand vous reconnaîtrez le néant, puissiez-vous Voir, trop tard, les biens véritables" !
XVII
« Mais en voilà assez sur ce sujet. Si, grâce à mes leçons, tu es en état de distinguer clairement sous son masque la fausse félicité, le moment est venu de te montrer la véritable » -- Je vois bien, dis-je,
155
Assurément, dis je. -- Donc, se suffire à soi-même et être puissant
f ?
157
i ~9
159
cevrait ; tu me
161
XVIII
Père, nous adorons ta sagesse profonde
Le temps surpris marcha pour la première fois.
Ta bonté seule, au sein de ton vaste repos,
Que le monde naissant se forma sous ta main ; De détails accomplis merveilleux assemblage, Il était ta pensée : il devint ton image.
Les éléments soumis
Et par son propre poids la terre équilibrée Repose sans danger sur
La vie encor manquait. Tu lui donnas une âme, Une et triple à la fois, dont la brûlante flamme, De
A son point de départ ; et, dans son double cours,
1633
J)e
Tu rappelles à toi leurs phalanges ailées ~
Du bonheur souverain source toujours nouvelle,
Te voir est notre fin, Dieu suprême, principe De
De
XIX
« Puis donc que tu sais distinguer le bonheur parfait
165
existe et
167
vraie béatitude réside dans le Dieu suprême.-
169
tu en tires.
171
distinctes, est-ce la réunion de ces conditions différentes qui donne un corps à la béatitude elle-même, ou, dans le nombre,
quelque bien, ne saurait exciter la convoitise. Et, au contraire,
XX
Voici le but ! venez, misérables esclaves
Que la terre éblouit de ses fausses grandeurs, Et que le vice étreint dans ses rudes entraves ! Voici la Halte après les pénibles labeurs !
175
Le seul asile ouvert à
Dont le char de trop près rase et brûle
Qui dérobent le ciel à vos cœurs corrompus.
O mortels ! il vous faut dompter vos passions, Si vous voulez du ciel contempler la lumière, Celui qui peut la voir sans baisser la paupière
XXI
177
véritables et parfaits, par la raison
181
ciel par une écorce qui semble être placée là pour supporter tout accident ? Quel soin,
183
185
Si, pour la vérité
Des yeux de
Apprends à ton esprit que tous ces vains trésors
Et ton esprit, brillant
Fera pâlir les feux qui forment du soleil resplendissant diadème.
Complice de
Elle sait, elle veille, et son souffle sacré Sous la cendre excite la flamme.
Tout ce que
XXIII
189
mats, les saisons, les effets à produire, leur durée et leurs modes,
191
béissent
193
mettre la confusion dans une série de raisonnements admirable et
Figurant de tout point une sphère parfaite
elle fait rouler le globe de ce mobile univers tout en restant elle-même immobile. Que si
193
Heureux qui du bien suprême Peut dans le sein de Dieu même Voir les splendides clartés,
Et
Le jour
Le cerf, du lion sauvage Affronte le voisinage, Et le lièvre rassuré
Voit le molosse farouche
Qui, dompté, rampe et se couche Aux pieds du chantre inspiré.
Le poëte chante encore ; Mais sa douleur le dévore Et les merveilleux accents Dont le charme salutaire Donne la paix à la terre, Ne peuvent calmer ses sens.
. 137
Ligne 759 :
Des dieux qui règnent au ciel, Des enfers il prend la route, Espérant trouver sans doute Leur souverain moins cruel.
Là, dans sa tristesse amère, De la déesse sa mère
Il évoque lés leçons ;
Aux doux accords de la lyre Sa voix
Ses plus touchantes chansons.
II dit la mort
Sa terreur, soie long supplice, Et ses adieux déchirants ; Franchissant le noir Ténare, Sa voix émeut du Tartare Les impassibles tyrans.
Cerbère aux pieds du poète Incline sa triple tête,
Et les Fantômes vengeurs, Les implacables Furies,
De leurs yeux, sources taries, Sentent couler quelques pleurs.
Là, sur la roue infernale, Ixion dort, et Tantale Dédaigne le flot moqueur ; Plus loin, gorgé
199
Enfin :
Que ton désir
« Mais je
Sur ta femme encor captive Ne détourne pas les yeux. »
Vainement Pluton ordonne
Et cette fois sans retour !
Méditez bien cette histoire, O vous qui briguez la gloire De guider votre Aime aux cieux des yeux sonder le Tartare,
== LIVRE QUATRIEME ==
Aprés que la Philosophie, sans que son visage eût rien perdu de son expression grave et digne, eut chanté ces vers
205
déjà assez digne
Pour monter
Comme les purs esprits ;
Ose les essayer, prends
Pour les fausses grandeurs de cette terre infâme
Elle dépassera, dans son hardi voyage,
La coupole de
Les vastes régions où flotte le nuage,
Et
Du tournoyant éther.
Elle atteindra, planant
Les astres radieux ;
Aux traces de Phéhus elle joindra ses traces,
Ou suivra le Vieillard qui promène ses glaces
Ligne 803 :
Elle escortera Mars, fidèle satellite,
Dans ses détours, et puis,
De la planète
Reine et flambeau des nuits.
Lasse de contempler ce multiple miracle,
Ligne 812 :
Des divines splendeurs.
Que le maître des rois,
Immuable, conduit sou char dans la carrière,
Ligne 819 :
Lorsque tu reverras cet océan de vie
Oh tu mets ton salut
« Voilà, je
Diras-tu,
Puis, si tu veux encor contempler les ténèbres
De la terre, astre vil,
Les monstres couronnés et les tyrans célèbres
Dans un funèbre exil.
211
doit être solide. Mais pour donner plus de poids à ma démonstration, je me servirai tour à tour des deux propositions, demandant mes preuves tantôt à
213
et comme les premiers
215
217
dans ce cas, ils cessent non-seulement
219
si celui-là seul qui peut le bien peut tout, et si ceux qui peuvent même le mal ne peuvent pas tout, ces derniers, évidemment, ont moins de puissance que
1V
Enivrés
221
Trahit la terreur et la rage
Qui font de leur cœur un enfer ; A ces divinités humaines Arrachez leurs parures vaines, Et vous apercevrez les chaînes Qui froissent leurs os et leur chair.
Leur cœur, que la débauche enflamme, Est dévoré
La fureur flagelle leur âme, Égare et trouble leur raison. Sans répit la tristesse amère Les mord au flanc, sombre vipère ;
Par ses mensonges enivrants Malheureux
V
« Vois-tu dans quelle fange se vautre le vice et de quel éclat resplendit la vertu ? En quoi il apparaît
223
hommes ont en vue dans leurs actions. Le bien même est donc comme la récompense commune proposée à leur activité. Mais le bien ne peut être enlevé aux bons. E : n effet, on ne pourrait plus appeler bon celui qui ne serait plus en possession du bien, et
225
« honnêtes gens trouvent leur récompense dans leur honnêteté même, il faut que les méchants trouvent leur supplice dans leur méchanceté. Et, en effet, quiconque est frappé
227
plongé dans les plus immondes voluptés, me représente un porc et ses crapuleux plaisirs. Et
VI
Au gré des vents, au gré des eaux, Depuis dix ans errait Ulysse, Lorsque, de Neptune complice,
Sur un écueil âpre et sauvage Où Circé, fille du Soleil,
Aux étrangers que le naufrage A déposés sur le rivage
Fait boire un magique breuvage, Précurseur
Sous la peau
Et hurle quand il croit pleurer ; Dans sa douleur inoffensive, Autour des toits on voit errer
. 2v
homme-tigre, ombre pensive. Indigné que le sort jaloux
Osat frapper de tant de coups Un héros,
I : e préserver des noirs complots Et des piéges de son hôtesse ; Mais ses malheureux matelots Déjà, dans la coupe traîtresse, Avaient bu
Dans ce changement déplorable Et de leur voix et de leurs traits, Leur âme seule invulnérable Gémit
Oh ! la magie ! oh !
Des corps peut transformer
A couvert dans sa citadelle,
Qui changent en brutes stupides Les hommes même les plus forts ; Ce sont les passions infâmes Qui, sans dénaturer les corps, Dégradent et souillent les âmes.
231
233
des méchants sont souvent déjouées par une fin soudaine et imprévue qui est en même temps la fin de leur misère. Si le crime, en effet, est une cause de malheur, celui-là sera nécessairement plus malheureux qui sera plus longtemps criminel, et, à mon sens,
Et je ne veux pas dire pour le moment, ce que
235
237
actions ; que cette liberté de mal faire, dont tu hâtais le terme de tous tes vœux, est de courte durée ;
239
maines, devrions-nous pour cela tenir pour aveugles ceux qui voient clair ? Le vulgaire ne
24I
pables eux-mêmes pouvaient encore, par quelque échappée, entrevoir la vertu
VIII
A quoi bon déchaîner ces discordes fatales ? Provoquer le Destin
Des serpents, des lions, des tigres et des ours
II
243
Vous différez de mœurs,
Où sont de vos fureurs les motifs suffisants ? Pourquoi ce grand courroux et ce zèle hypocrite ? Voulez-vous à chacun rendre ce
IX
Je pris alors la parole : « Je comprends, dis-je, le genre de félicité ou de malheur qui, selon
245
confusion. Je
X
Celui qui ne sait pas que
Lorsque, par la
247
Scintillent seules dans la nuit, De
Que du Corus
La foule admire aveuglément Mlais que l’ignorance
XI
249
léger sourire : »cTu me proposes la question la plus difficile à éclaircir ; elle
251
pour assigner à chaque objet la place qui lui convient. La Providence, en effet, embrasse à la fois tous les êtres, si divers, si innombrables
253
immédiatement de, la Providence échappent à
255
immuable, il faut nécessairement
« Mais, diras-tu, peut-on imaginer une confusion plus inique que celle qui a pour résultat de répartir indistinctement les biens et les maux, les joies et les peines, entre les bons et les méchants ? Quoi donc ! les hommes ont-ils
257
bien de remèdes anodins, ceux-là
. 259
ne souffre même pas que son corps soit éprouvé par la maladie ; car, ainsi que
De
Souvent encore il arrive que la direction des affaires publiques est confiée aux gens de bien, afin
261
méchants. Une autre raison, selon moi, de cet ordre de choses,
Mais un Dieu seul pourrait expliquer ces mystères".
Il
. 2d3
sée tout le mécanisme de
Veux-tu rendre hommage à la prévoyance Du Dieu dont la foudre ébranle les cieux ? Sans prévention et sans défiance
Vers le firmament dirige tes yeux ss.
Quel astre égaré, chassé de sa voie, Sur
Bien que chaque étoile, au bout de sa course, Tombe en frémissant dans le gouffre amer,
265
Infidèle au pôle on ne voit pas
Toujours en deux parts la lumière et
De
Sans troubler du ciel
Le chaud et le froid, le sec et
Se souffrent
La terre fléchit sous son propre faix.
Le tiède Printemps de fleurs se couronne ;
Le pressoir gémit lorsque vient
Tout ce qui respire et vit sur la serre Va se transformant, saison par saison ; Toujours un berceau, sublime mystère, Fait poindre une tombe à
Si tout marche ainsi, si tout suit sa voie,
1)e tout ce qui vit éternelle Source, Père et Créateur, Juge, Maître et Roi,
267
Des globes
Ce pacte
Le tout ne fait
On verrait bientôt périr toute chose, Et la nuit sans fin succéder au jour Si
XIiI
« Vois-tu maintenant la conséquence de tout ce que
2fi9
raisonnement
271
plus
Atride, après dix ans de guerre Sur les bords Phrygiens, Vengea la honte de son frère
Mais pour ouvrir les mers aux flottes de la Grèce, four réveiller les vents silencieux,
Il avait dû, prêtre pieux, Mais père sans tendresse, De sa fille égorgée offrir le sang aux dieux. Des compagnons de sa détresse
Ligne 992 :
273
Le roi
Quand
Mais le héros vengea leur mort,
Et le monstre aveuglé, par des larmes de rage Expia sa gaîté sauvage.
Hercule
Aux Centaures domptés sa valeur fut fatale ; Un lion lui livra sa dépouille-, au Stymphale Il perça de ses traits de monstrueux oiseaux ; Pour ravir des fruits
Malgré sa triple chaîne il entraîna Cerbère ; Puis, il donna, dit-on,
Aux chevaux
Il arracha, sanglante injure, Une corne à
Aux rives de
Ces reins, pourtant, devaient porter le monde, Et ce dernier labeur,
Du ciel au demi-dieu valut la paix profonde Et
Allez donc, et suivez de cette vie austère
Pourquoi fuir le combat ? Triompher de la terre,
== LIVRE CINQUIÈME ==
Ayant ainsi parlé, elle se disposait à aborder un autre point à résoudre. Je la prévins : « Tes conseils, lui dis je, sont assurément très-sensés et tout à fait dignes de ton autorité. Mais tu as dit auparavant que la question de la Providence se complique de plusieurs autres ; et je le vois maintenant par expérience. Je te prie donc de me dire si tu crois que le hasard existe réellement, et, en ce cas, ce que
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moi un délassement que
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qui a produit ce hasard. En effet, si le cultivateur
Sur ces monts escarpés où, terrible en sa fuite,
Le Parthe à son vainqueur trop prompt à la poursuite~ Lance ses furtifs javelots,
Deus fleuves fraternels, nés de la même source s, Par des chemins divers bientôt prennent leur course Et, jaloux, séparent leurs flots.
Plus loin, dans un seul lit ils
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Troncs
Cette confusion pourtant
De même le hasard qui semble aux yeux de
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dans la contemplation de
tout.
IV
Dans ses vers enchanteurs
Vain éclat cependant ! de sa pâle lumière Les rayons au loin répandus
Ne peuvent de la terre, impénétrable masse, Percer la charpenta et les os,
Ligne 1 039 :
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Tout autre est le pouvoir du Créateur du monde ; Chassant les ombres de la nuit,
Dans les plus noirs replis de la terre et de
Qui pour
Je pris alors la parole : « Me voici, dis je, embarrassé dans une nouvelle difficulté plus ardue que les autres. De quoi
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la question. Suivant eux, si un événement arrive, ce
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pour mettre à néant la liberté de
? ,9
ce que je dirai sera ou ne serez
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divine ;
VI
Complice de
Des choses vient briser
Les fait dans notre esprit lutter confusément ? Chacune, vue à part., rayonne ; à l’autre unie Elle devient mensonge et faux raisonnement.
La vérité pourtant subsiste ; si notre âme Ne peut en pénétrer
Et pour la ranimer
La vérité se cache, et nous voulons surprendre Le regard
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On ne peut convoiter un bien due
Où
Le vrai, même trouvé,
Quand son âme habitait le séjour de lumière,
Et maintenant encore, à travers la matière, Il aperçoit
De nos doutes, hélas ! telle est la seule cause.
Il se souvient du Dieu
De
Elle répondit : « Ces plaintes contre la Providence sont déjà vieilles, et Marcus Tullius, en traitant de la Divination, a vivement agité cette question ; toi-mêmetu
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nèbres ; mais je commencerai par lever les difficultés qui te troublent.
« Je te demanderai
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sons qui lui sont propres et nécessaires. Mais comment peut-il se faire que des événements yui ont été prévus
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plir,
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contenue dans la forme, et cela de la même manière
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Jadis les rêveurs du Portique" Croyaient que l’image des corps, Par les sens saisie au dehors, Sur
Se gravent en traits corrosifs.
Quoi ! sans une cause étrangère
Du joug honteux de la matière
Et les réfléchit sans les voir ?
Mais alors, par quelle puissance Distingue-t-elle dans les corps Les contrastes et les rapports, Les accidents et la substance ? Comment peut-elle, de
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Voir à la fois de la science La surface et les profondeurs ? Dissiper toutes les erreurs
Au grand jour de la conscience :
Comme l’air r avive la flamme,
Du moins,
Alors, pour changer en idées Ces obscures impressions, Elle évoque les notions
Et voit sa science première S’enrichir de nouveaux trésors.
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« Si
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flatte de concevoir ?
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voir en elle-même
X
Quelle variété de forme et de structure
Dans les êtres vivants qui peuplent la nature ! Sur le ventre allongés, les uns par mille efforts Sillonnent la poussière où se tordent leurs corps ;
Leur face à tous pourtant se penche vers la terre, Et courbe sous son poids leur instinct alourdi.
Et debout, le corps droit, dans sa démarche altière, Du haut de son dédain il regarde la terre ".Mortel, ce
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« Puisque, comme je
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le présent.
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ne peut se fixer ; il faut
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pas non plus les jugements
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condition qui
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elles-mêmes. Mais, diras-tu,
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regard éternel et toujours présent se rencontre toujours avec nos actions à venir, et, selon leurs mérites, il distribue des récompenses aux bons et des châtiments aux méchants. Ce
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