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Nordenskjöld et les passagers de la Vega, fut pour ces derniers un long adoucissement à leur captivité. Le scorbut, cet implacable ennemi des expéditions polaires, épargna nos voyageurs. Ils attribuent ce fait à ce que pas une seule journée ne fut entièrement obscure, la plus courte ayant été de deux heures. Cette heureuse circonstance, le contentement de se voir tous sains et robustes, leur fit envisager l’hiver sans crainte ; bien plus, ils se réjouissaient d’être parvenus aussi loin, d’autant mieux que, l’été arrivant, ils étaient sûrs d’atteindre, sans beaucoup de difficultés, le détroit de Behring. Par crainte qu’il n’arrivât quelque accident au navire, on avait déposé sur la côte pour quatre mois de vivres, et si l’expédition eût été obligée d’arriver par terre du point où elle eût-il était au cap Oriental, les Tchouktchis l’eussent à coup sûr aidée, fallu même, comme dernière ressource, se rendre à Anadyrk.

Pendant la saison où la clarté du jour ne durait que quelques heures, on ne s’occupa guère que d’observations météorologiques et magnétiques sous la direction du lieutenant Hoogard, de la marine royale danoise. Le nombre des officiers et savans chargés de ces travaux était de onze ; quoique les observations ne se fissent que d’heure en heure, la faction de six heures que chacun d’eux montait à la maison de glace était fort pénible. La distance d’un kilomètre qui séparait le navire de l’observatoire empêchait les officiers, lorsqu’ils n’étaient pas en observation, de retourner à la Vega pour s’y réconforter. Il ne leur restait autre chose à faire qu’à bien s’envelopper de pelisses de peau de rennes, ou d’arpenter de long en large les six pas de leur maison transparente. Par un froid de 20 degrés, on comprend que nul ne se sentait disposé à un travail sédentaire, et, cependant, lorsque les nuits étaient splendidement étoilées, quand l’arc de l’aurore boréale brillait à l’horizon caressant d’un doux reflet la neige et la glace, bien souvent plusieurs des passagers de la Vega, M. Nordenskjöld un des premiers, allaient tenir compagnie à l’observateur isolé.

On peut supposer que les amateurs de chasse eurent de fréquentes occasions de satisfaire leur passion; il n’en fut rien jusqu’au jour de la débâcle, par la simple raison qu’il était impossible de distinguer sur la neige le lièvre au poil blanc et la gelinotte au plumage également blanc. Quant aux ours, ils s’aventurent rarement sur les points habités de la côte, se tenant de préférence dans les crevasses où les Tchouktchis ont une façon bien particulière de les surprendre. Les chasseurs agitent de la main gauche et au-dessus de la crevasse, où ils savent que se tient l’animal, une moufle; au moment où la bête sort la tête de son refuge pour s’en saisir, ils lui tranchent la gorge avec un couteau. Il arrive