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cent lieues : il faut passer des déserts pour y arriver : mais Dieu voulait qu’il fît ce voyage ; il voulait lui montrer la terre que devaient occuper ses descendants plusieurs siècles après lui. L’esprit humain comprend avec peine les raisons d’un tel voyage.

À peine est-il arrivé dans le petit pays montagneux de Sichem, que la famine l’en fait sortir. Il va en Égypte avec sa femme chercher de quoi vivre. Il y a deux cents lieues de Sichem à Memphis ; est-il naturel qu’on aille demander du blé si loin et dans un pays dont on n’entend point la langue ? voilà d’étranges voyages entrepris à l’âge de près de cent quarante années.

Il amène à Memphis sa femme Sara, qui était extrêmement jeune et presque enfant en comparaison de lui, car elle n’avait que soixante-cinq ans. Comme elle était très belle, il résolut de tirer parti de sa beauté ; Feignez que vous êtes ma soeur, lui dit-il, afin qu’on me fasse du bien à cause de vous. Il devait bien plutôt lui dire, Feignez que vous êtes ma fille. Le roi devint amoureux de la jeune Sara, et donna au prétendu frère beaucoup de brebis, de boeufs, d’ânes, d’ânesses, de chameaux, de serviteurs, de servantes : ce qui prouve que l’Égypte dès lors était un royaume très puissant et très policé, par conséquent très ancien, et qu’on récompensait magnifiquement les frères qui venaient offrir leurs soeurs aux rois de Memphis.

La jeune Sara avait quatre-vingt-dix ans selon l’Écriture quand