« Les Possédés/Deuxième Partie/10 » : différence entre les versions

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Chapitre X. Les Flibustiers. Une matinée fatale.
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fabrique, dont on a tant parlé depuis, n’aurait été qu’une
intervention de nouvellistes. Enfin, suivant une troisième
version, il faudrait voir dans la manifestation ouvrière non le
==[[Page:Dostoïevski - Les Possédés, Plon, 1886, tome 2.djvu/117]]==
ouvrière non le
fait de simples tapageurs, mais un mouvement politique provoqué
par des écrits clandestins. Bref, on ne sait pas encore au juste
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aux instigations de Fedka.
 
Quoi qu’il en soit, arrivés sur l’esplanade qui s’étend devant la
==[[Page:Dostoïevski - Les Possédés, Plon, 1886, tome 2.djvu/118]]==
la
maison du gouverneur, les ouvriers se rangèrent silencieusement
vis-à-vis du perron ; ensuite ils attendirent bouche béante. On m’a
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direction…
 
Mais un point, je l’avoue, reste encore obscur pour moi : comment
==[[Page:Dostoïevski - Les Possédés, Plon, 1886, tome 2.djvu/119]]==
pour moi : comment
transforma-t-on tout d’abord une paisible réunion de solliciteurs
en une émeute menaçante pour l’ordre social ? Comment Lembke lui-
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la somma d’entendre « son ultimatum ». Il parlait d’un ton si
impérieux que Julie Mikhaïlovna dut obéir ; elle se leva indignée,
s’assit sur une couchette sans prendre le temps de défaire ses
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prendre le temps de défaire ses
papillotes, et s’apprêta à écouter d’un air sarcastique. Alors,
pour la première fois, elle comprit dans quel état d’esprit se
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coquetterie féminine ne sont plus de saison. Nous ne sommes pas
dans le boudoir d’une petite-maîtresse, nous sommes en quelque
sorte deux êtres abstraits se rencontrant en ballon pour dire la
==[[Page:Dostoïevski - Les Possédés, Plon, 1886, tome 2.djvu/121]]==
se rencontrant en ballon pour dire la
vérité. » (Comme on le voit, le trouble de ses idées se trahissait
dans l’incohérence de ses images.) « C’est vous, vous, madame, qui
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souffrirai plus de jeunes gens autour de vous… Par dignité
personnelle, vous auriez dû, madame, vous intéresser à votre mari
et ne pas laisser mettre en doute son intelligence, lors même
==[[Page:Dostoïevski - Les Possédés, Plon, 1886, tome 2.djvu/122]]==
son intelligence, lors même
qu’il aurait été un homme de peu de moyens (ce qui n’est pas du
tout mon cas) ; or vous êtes cause, au contraire, que tout le monde
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grossièrement moqué de lui, il n’avait révélé quelque chose au
gouverneur qu’après avoir fait des confidences beaucoup plus
détaillées à la gouvernante, et enfin ce même Pierre Stépanovitch
==[[Page:Dostoïevski - Les Possédés, Plon, 1886, tome 2.djvu/123]]==
Pierre Stépanovitch
était peut-être l’âme de la conspiration ! Cette pensée exaspéra
Von Lembke. « Sache, femme insensée mais venimeuse, répliqua-t-il
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riant que l’un d’eux était assesseur de collège. À sept heures,
André Antonovitch s’endormit, et des rêves agréables le visitèrent
durant son sommeil. Il était environ dix heures quand il
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était environ dix heures quand il
s’éveilla ; il sauta brusquement à bas de son lit, se rappela
soudain tout ce qui s’était passé et se frappa le front avec
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plus vite ! ne cessait-il de répéter. Nous n’étions plus qu’à une
petite distance du rempart quand il fit arrêter, descendit et prit
un chemin à
un chemin à travers champs. Ensuite, il s’arrêta et se mit à
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un chemin à travers champs. Ensuite, il s’arrêta et se mit à
examiner de petites fleurs. Il les contempla si longtemps que je
me demandai même ce que cela voulait dire. » Tel fut le récit du
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J’imagine que nombre de choses fort intéressantes se présentèrent,
durant la route, à la pensée du gouverneur, toutefois c’est bien
au plus
au plus s’il avait pris une décision quelconque lorsqu’il arriva
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au plus s’il avait pris une décision quelconque lorsqu’il arriva
sur la place située devant sa demeure. Mais tout son sang reflua
vers son cœur dès qu’il eût vu le groupe résolu des « émeutiers »,
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était évidente pour lui comme la kibitka l’avait été tout à
l’heure pour Stépan Trophimovitch. Et dans la foule des
« émeutiers » qui le regardaient en ouvrant de grands yeux il
==[[Page:Dostoïevski - Les Possédés, Plon, 1886, tome 2.djvu/127]]==
de grands yeux il
croyait voir aller et venir le « Boute-en-train » du désordre,
Pierre Stépanovitch dont la pensée ne l’avait pas quitté un seul
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intention était de le conduire chez le gouverneur en lui faisant
faire le tour de la place. Mais, poussé par la curiosité, je
m’arrêtai une minute pour questionner un badaud, et quand ensuite
==[[Page:Dostoïevski - Les Possédés, Plon, 1886, tome 2.djvu/128]]==
un badaud, et quand ensuite
je promenai mes yeux autour de moi, je n’aperçus plus Stépan
Trophimovitch. Instinctivement je me mis tout de suite à le
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suisse me connaissait, je lui dis que nous nous rendions tous deux
chez Julie Mikhaïlovna. Nous attendîmes dans le salon de
réception. Je ne voulais pas abandonner mon ami, mais je jugeaisaba
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ndonner mon ami, mais je jugeais
inutile de lui faire encore des observations. Il avait l’air d’un
homme qui se prépare à accomplir le sacrifice de Décius. Nous nous
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venu faire une perquisition chez moi ; en conséquence je
désirerais…
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À ces mots, la lumière parut se faire dans l’esprit de Von Lembke.
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— Oui, j’ai été… gouverneur… dans la maison de la générale
Stavroguine.
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— Et durant vingt ans vous avez propagé les doctrines dont nous
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le public, l’un d’eux donna à l’autre un retentissant soufflet.
Aussitôt après, l’auteur de cette voie de fait reconnut qu’il
avait commis un regrettable quiproquo, mais en homme qui apprécie
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regrettable quiproquo, mais en homme qui apprécie
trop la valeur du temps pour le perdre en vaines excuses, il se
contenta de dire d’un air vexé à sa victime exactement ce que je
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les autres chez Barbara Pétrovna. Grâce à cette circonstance, le
Juif apprit avant tout le monde ce qui s’était passé en ville ;
pressé d’annoncer d’aussi agréables nouvelles, il loua un mauvaisd’auss
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i agréables nouvelles, il loua un mauvais
cheval de Cosaque et partit à la rencontre de la société qui
revenait de Skvorechniki. Je présume que Julie Mikhaïlovna, malgré
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ton qu’elle était, je trouve que dans cette circonstance Julie
Mikhaïlovna manqua complètement de tact. Karmazinoff rivalisa avec
 
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elle (sur la demande de la gouvernante il s’était joint aux
excursionnistes ; tout au plus pouvait-on appeler cela une visite ;
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n’éprouvions que de l’antipathie l’un pour l’autre…
 
Le salon de Julie Mikhaïlovna ne tarda pas à se remplir. Barbara
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ne tarda pas à se remplir. Barbara
Pétrovna était dans un état particulier d’excitation, bien qu’elle
feignît l’indifférence ; à deux ou trois reprises je la vis
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le vieux docteur. Le prince se tourna aussi vers ce dernier et
l’examina nonchalamment avec son pince-nez.
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— …Doit présenter un aspect uniforme, répéta exprès Stépan
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russes celui qui a mis en scène le plus de types contemporains,
deviné avec la plus lumineuse prescience les questions actuelles ?
C’est vous assu
C’est vous assurément. Et après cela vous viendrez nous parler de
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C’est vous assurémentrément. Et après cela vous viendrez nous parler de
votre indifférence à l’endroit de la patrie, vous voudrez nous
faire croire que vous ne vous intéressez qu’aux eaux de Karlsruhe !
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— Donnez-moi votre adresse, et j’irai vous voir à Karlsruhe, dans
votre tombeau, dit en riant à gorge déployée le docteur allemand.
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— À présent on transporte les morts même par les voies ferrées,
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font des mamours dans le salon du gouverneur de la province ! Je
suis sûr qu’en ce moment il est malade de joie ; même en rêve il
n’avait jamais entrevu pareil bonheur. Et à présent il ira débiner
==[[Page:Dostoïevski - Les Possédés, Plon, 1886, tome 2.djvu/139]]==
entrevu pareil bonheur. Et à présent il ira débiner
les socialistes !
 
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salon. L’impression fut pénible. Tout le monde eut le
pressentiment d’un malheur. Je vis Julie Mikhaïlovna pâlir. Un sot
accident ajouta encore à l’effet de cette scène. Après avoir
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Après avoir
déclaré que des mesures étaient prises, Von Lembke tourna
brusquement les talons et se dirigea vers la porte, mais, au
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persuadé qu’il n’avait pas remarqué la présence de la jeune fille.
Et tout à coup, au milieu du silence qui succéda aux dernières
paroles de Julie Mikhaïlovna, s’éleva la voix sonore d’Élisabeth
==[[Page:Dostoïevski - Les Possédés, Plon, 1886, tome 2.djvu/141]]==
s’éleva la voix sonore d’Élisabeth
Nikolaïevna interpellant Stavroguine.
 
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Jamais je n’oublierai la consternation dont la générale
Stavroguine offrit alors l’image. Ses traits prirent une
expression d’affolement, elle se leva à demi et étendit le bras
==[[Page:Dostoïevski - Les Possédés, Plon, 1886, tome 2.djvu/142]]==
leva à demi et étendit le bras
droit devant elle comme pour se protéger. Nicolas Vsévolodovitch
regarda à son tour sa mère, Lisa, l’assistance, et tout à coup un