« Dictionnaire historique et critique/8e éd., 1740/Aristote » : différence entre les versions

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354 ARISTOTE.
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peuvent être mieux excusés que les docteurs ; car soit que les membres des parlemens fussent persuadés, comme il y a beaucoup d’apparence, que cette philosophie était la meilleure de toutes, soit qu’ils ne le crussent pas, le bien public a pu les porter à proscrire les nouveaux dogmes de peur que les divisions académiques ne répandissent leurs malignes influences sur la tranquillité de l’état. Ce qui doit donc étonner le plus les hommes sages, c’est que les professeurs se soient si furieusement entêtés des hypothèses philosophiques d’Aristote. Si l’on avait eu cette prévention pour sa Poétique et pour sa Rhétorique, il y aurait moins de sujet de s’étonner ; mais on s’est entêté du plus faible de ses ouvrages, je veux dire de sa Logique et de sa Physique (M). Il faut rendre cette justice, à ses plus aveugles sectateurs, qu’ils l’ont abandonné dans les choses où il a choqué le christianisme (N). Ces choses sont de la dernière conséquence, puisqu’il a soutenu l’éternité de l’univers, et qu’il n’a point cru que la providence s’étendit sur les êtres sublunaires. Pour l’immortalité de l’âme, on ne sait pas bien s’il l’a reconnue (O). Nous rapporterons en quelque autre lieu les longues disputes qui ont régné dans l’Italie sur ce point de fait. Le célèbre capucin Valérien Magni publia un ouvrage de l’athéisme d’Aristote, l’an 1647. Il y avait alors cent trente ans que Marc-Antoine Vénérius avait publié une Philosophie qui montre plusieurs contrariétés entre les dogmes d’Aristote et les vérités de la religion. Campanella soutint la même chose dans son livre de Reductione ad Religionem qui fut approuvé à Rome, l’an 1630. On a soutenu en Hollande, depuis peu dans la préface de quelques livres, que la doctrine de ce philosophe ne diffère pas beaucoup du spinozisme (k). Cependant, si l’on en veut croire quelques péripatéticiens, il n’ignorait pas le mystère de la Trinité (P), il fit une belle mort, (Q), et il jouit de la félicité éternelle (R). Il composa un très-grand nombre de livres, dont une assez bonne partie est parvenue jusqu’à nous. Il est vrai que certains critiques forment mille doutes sur cela. Nous parlons des aventures de ces livres dans les remarques sur l’article TYRANNION (l). Il fut extrêmement honoré dans sa patrie (S) ; et il y a eu des hérétiques qui vénéraient son image conjointement avec celle de Jésus-Christ. Je n’ai point trouvé que les antinomiens portassent plus de respect à ce sage Payen, qu’à la sagesse incréée (T), ni que les aétiens ayent été excommuniés, parce qu’ils donnoient à leurs disciples les Catégories d’Aristote pour catéchisme (m) ; mais j’ai bien lu quelque part, qu’avant la réformation, il y a eu des églises en Allemagne, où l’on lisait au peuple tous les dimanches la Morale d’Aristote, au lieu de l’Évangile (V). Il n’y a guère de
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(m) Rapin. Compar. de Platon et d’Aristote. pag 392
 
ARISTOTE. 335 -
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ARISTOTE. 335 -
 
remarques de zèle pour la religion, que l’on n’ait données pour le péripatétisme. Paul de Foix, célèbre par ses ambassades et par son érudition, ne voulut pas voir à Ferrare François Patrice, parce qu’il apprit que ce savant homme enseignait une autre philosophie que la péripatéticienne (n). C’était pratiquer envers les ennemis d’Aristote ce que les zélateurs veulent qu’on fasse à l’égard des hérétiques. Après tout, il ne faut pas s’étonner que le péripatétisme, tel qu’on l’enseigne depuis plusieurs siècles, trouve tant de protecteurs (X), et qu’on en croie les intérêts inséparables de ceux de la théologie (o) ; car il accoutume l’esprit à acquiescer sans évidence. Cette réunion d’intérêt doit être aux péripatéticiens un gage de l’immortalité de leur secte, et aux nouveaux philosophes un sujet de diminuer leurs espérances ; joint qu’il y a des doctrines d’Aristote que les modernes ont rejetées, et qu’il faudra enfin adopter (p). Les théologiens protestans ont bien changé de maxime, s’il est vrai que les premiers réformateurs aient autant crié que l’on dit contre le péripatétisme (Y). Le genre de mort qui peut à certains égards faire plus d’honneur à la mémoire d’Aristote, est de dire que le chagrin de n’avoir pu découvrir la cause du flux et du reflux de l’Euripe lui causa la
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(t) Tessier, Catal. Aut. Bibliothec., etc. pag. 36.
 
Ø 356 ARISTOTE.
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Ø 356 ARISTOTE.
 
seur en philosophie à Bâle, auteur d’un livre de Vita Aristotelis, et ejus Operum Censura.
 
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(10) Timaeus, apud Suidam, in Arizotelhz.
 
Ø ARISTOTE. 357
Ø
 
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Ø ARISTOTE. 357
 
cela, je ne vois point qu’on puisse accorder ce passage de Suidas avec celui qu’Eusebe rapporte du même Timée. Il nous donne un fragment où un péripatéticien repousse plusieurs médisances publiées contre Aristote, et en particulier celle de l’historien Timée, qui avait dit qu’Aristote sur ses vieux jours ferma sa boutique de médecin, qui était dans un grand mépris : H pvz antiz apodexaito Timaion touTauromenitou legontoz en taiz izoriaiz, adoxou quraz auton iatreou kai taz tucousaz, oye thz ulikiaz kleisai (10). Ce passage a été fort mal traduit ; car la traduction latine fait dire à Timée, qu’Aristote, dans sa vieillesse, était préposé à fermer la porte de la boutique d’un médecin peu estimé. Quis Timoeum Tauromenitanum audiat dum suis in historiis illum ait affecta jam aetate, neglectis obscuri cujusdam Medici officinoe claudendis foribus prœfuisse ? Ne voilà-t-il pas un emploi bien digne de la vieillesse d’Aristote ? Quel relief que d’être suisse d’un apothicaire, ou d’un médecin qui n’était pas connu !
 
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(23) De Praeparat., lib. XV, pag. 410.
 
ARISTOTE. 359
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ARISTOTE. 359
 
qu’on dit qu’un auteur a vu un tel ou un tel, cette conséquence est infaillible, ils sont donc contemporains (24). Cela ne souffre point de difficulté ; et par conséquent le traducteur d’Eusèbe s’est donné une licence qui, jointe à celle de Clément Alexandrin falsifie étrangement les conséquences qu’on peut tirer du passage de Cléarque tel que Josephe l’a cité. Il y a des Juifs qui assurent, non seulement qu’Aristote avait copié les oeuvres de Salomon, mais aussi qu’il s’était fait prosélyte de justice (25).
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(*) Praxi XLII in Gergiam Platoni.
 
360 ARISTOTE.
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360 ARISTOTE.
 
Bessarion (*) a été dans la même erreur, et que Léonard Arétin, au VIe. livre de ses lettres, et Octavien Ferrarius, dans son ouvrage de Sermonibus exotericis, ont montré cet anachronisme.
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lard, figé de quatre-vingts ans, n’avait presque plus de Mémoire. Aristote, abusant de l’infirmité de son maître, lui fit cent questions captieuses, le poussa dans tous les coins de sa logique, et triompha fièrement. Depuis cet affront, le bonhomme n’enseigna plus en public ; il se tint chez soi avec ses disciples. Aristote s’empara de la place ; mais Xénocrate ayant su, à son retour dans Athènes, comment tout s’était passé, gronda furieusement Speusippe d’avoir permis qu’Aristote se mit en possession de l’école, et s’opposa si vivement â l’usurpateur, qu’il lui fit quitter la place, et qu’il y rétablit le premier maître. Si Aristote en avait usé ainsi, il mériterait d’être détesté ; mais je ne crois point que ce conte soit véritable. Ses sectateurs ont soutenu qu’il ne manqua ni de respect, ni de gratitude envers son maître. Ce ne serait pas en avoir manqué que d’avoir été l’auteur d’une autre philosophie. Les platoniciens auraient grand tort d’exiger qu’il eût suivi Platon en toutes choses. Platon n’avait-il rien ajouté aux lumières que Socrate lui avait fournies ? Quoi qu’il en soit, on soutient dans la Vie d’Aristote qu’il n’érigea point une école dans le Lycée pendant la vie de son mattre, et on le prouve par la raison que Chabrias et Timothée, parens de Platon, et tout-puissans alors à Athènes, ne l’eussent pas enduré. On ajoute qu’Aristote consacra un autel à Platon, avec une inscription glorieuse, et qu’il n’enseigna dans Athènes qu’après la mort de Speusippe, qui avait succédé à Platon. Enfin, on remarque qu’il ne s’inséra point de lui-même à cet emploi, mais par les sollicitations des Athéniens, qui lui envoyèrent des députés. La vieille version latine de cette Vie d’Aristote est quelquefois plus ample que l’original. Par exemple, à l’endroit où l’auteur nie qu’Aristote ait érigé une école pendant la vie de Platon, la traduction marque que c’est une calomnie d’Aristoxène et d’Aristoclès. Le grec n’a point cela. Voyez ce qu’Eusèbe rapporte du VIIe. Livre de cet Aristoclès : vous y verrez un passage d’Aristoxène qui semble contenir, sous des termes généraux et
 
ARISTOTE. 361
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ARISTOTE. 361
 
assez obscurs, ‘cette accusation con-ire Aristote ; et puis vous verrez qu’Aristoclès, ayant réfuté plusieurs autres accusations, abandonne la cause par rapport à l’ingratitude de ce disciple (37). Le père Rapin s’est donc bien trompé (38) quand il a dit qu’Eusèbe le justifie entièrement de ce reproche (39). Je ne sais pourquoi ce-même jésuite a joint à Eusèbe, comme deux apologistes diflérens, Ammonius et Philoponus ; car la Vie d’Aristote qu’il cite ne vaut qu’un auteur : c’est Ammonius, selon quelques-uns, c’est Philoponus, selon quelques autres.
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(45) In vitâ Aristotelis, lib. V, num. 5.
 
362 ARISTOTE.
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362 ARISTOTE.
 
l’accusation à Démophilus (46). On ne saurait deviner par quelle chicanerie les accusateurs pouvaient trouver quelque ombre de preuve dans l’inscription d’Hermias. Elle consiste en quatre vers qui n’ont nul rapport aux choses sacrées, mais seulement à la perfidie du roi de Perse envers ce malheureux ami d’Aristote. Nous apprenons d’Athénée que l’autre fondement de l’accusation, savoir l’hymne composé pour Hermias, était injuste, vu que ce n’était point un poëme de religion, ni une pièce sacrée, comme Démophile le prétendait (47). Athénée ajoute qu’Eurymédon avait suborné Démophile, pour donner plus de poids à l’accusation (48). Apparemment Démophile était quelque homme de qualité, et de grande autorité dans Athènes : peut-être ne pénétra- t-il pas toute la profondeur de la politique sacerdotale, et ne comprit pas que le prêtre Eurymédon ne le voulait faire agir qu’afin de rendre plus suspect le pauvre Aristote. On s’attendait à voir faire ce raisonnement : S’il n’y avait que les prétres qui accusassent Aristote, le mal pourrait être supportable, leur grande piété les allarme pour les moindres choses qui blessent la religion ; mais voici, un Démophile qui est si scandalisé des blasphèmes d’Aristote, qu’il en demande justice : il faut que le mal soit bien grand. L’hymne en question s’est conservé : on le trouve dans Athénée et dans Diogène Laërce ; et l’on ne saurait y voir aucune trace d’impiété. Mais les accusateurs disaient sans doute qu’Aristote profanait les divins cantiques, en les faisant servir à la gloire d’un homme mortel. Ils soutenaient qu’il chantait tous les jours cet hymne dans ses repas (49) : Aristote, ne se fiant point au bon tour qu’on pouvait donner à son petit poëme, se retira tout doucement à Chalcis, dans l’île d’Euboée, et plaida sa cause de loin par écrit. Athénée rapporte quelques paroles de cette apologie ; mais il ne garantit pas
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(54) Idem. ibid. lib. II.
 
ARISTOTE. 363
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ARISTOTE. 363
 
à ceux qui voulurent savoir la cause de sa retraite, montre qu’il craignait qu’on ne trouvât contre lui, ou de bonnes preuves, ou de mauvaises : Je n’ai pas voulu être cause que les Athéniens connaissent une seconde injustice contre la philosophie. La première avait été la mort de Socrate. Proz ton eromenon dia ti apelepe taz Aqhnaz, apekrinato eti ou bouletai Aqhnaiouz dez examanrtein eiz jilosojian to tere Sokrathn paboz ainittomenoz kai ton kaq iauton kindunon (55). Interroganti cur reliquisset Athenas respondit, quoniam noluisset committere ut Athenienses bis peccarent in philosophiam ; obscurè Socratis mortem innuens, et suum periculum. Il se servit d’un vers d’Homère, pour signifier qu’il ne faisait pas bon demeurer dans une ville où la race des délateurs ne décroissait point, les uns succédant aux autres à point nommé. On pourrait croire qu’il se sentait coupable d’avoir offensé personnellement, par quelque trait de raillerie, le prétre de Cérès Eurymédon (56) et que ce fut ce qui réveilla le zèle du personnage qui avait laissé vingt ans en repos la prétendue impiété de l’hymne. Or, il était plus dangereux d’offenser ces messieurs-là en leur personne, que de les offenser en la personne de leurs dieux. Voyez la remarque (13), où nous dirons ce qu’ont pensé quelques auteurs touchant la cause de la fuite d’Aristote. J’ai dit sur la fin de l’article qu’Hésychius assure qu’on l’avait effectivement condamné et exécuté dans Athènes. Je n’use point d’hyperbole dans l’expression de vingt ans, puisqu’A ristote avait enseigné treize ans à Athènes, lorsque le procès d’irréligion l’obligea de se retirer à Chalcis (57). Il n’était revenu à Athènes qu’après avoir instruit Alexandre, dont il n’était devenu précepteur qu’après la mort d’Hermias.
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(62) Voyez ci-dessus la citation (31) de l’article d’ADAM.
 
364 ARISTOTE.
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364 ARISTOTE.
 " Paul en son ravissement. " Un concile tenu en France sous Philippe-Auguste, fit brûler la Métaphysique d’Aristote. Un docteur anglais de s l’ordre de saint Augustin (63), a laissé par écrit qu’on croyait alors qu’il n’y avait que l’Antechrist qui dût bien entendre les livres d’Aristote, dont il se servirait pour convaincre tous ceux qui entreraient en dispute contre lui. Finissons cette petite compilation par un passage d’Agrippa, qui nous apprend que les théologiens de Cologne soutinrent qu’Aristote avait été le précurseur du Messie dans les mystères de la nature, comme saint Jean l’a été dans les mystères de la grâce : Dignissimus profecto, hodié latinorum gymnasiorum doctor, et quem colonienses mei theologi etiam divis adnumerarent, librumque sub proelo evulgatum ederent cui titulum facerent de Salute Aristotelis (64), sed et alium versu et metro de Viti et Morte Aristotelis, quem theologicâ insuper glossâ illustrarunt, in cujus calce concludunt, Aristotelem sic fuisse Christi proecursorem in naturalibus, quem admodum Joannes Baptista in gratuitis (65). Parlant sans préoccupation ni pour ni contre, on peut dire que ces panégyristes outrés font plus de mal que de bien à la mémoire d’Aristote. On peut assurer d’eux à certains égards le mot de Tacite : pessimum inimicorum genus laudantes (66). On, pouvait donner tant de justes louanges à Aristote (67), qu’il n’y a pas moyen d’excuser ceux qui, non contens de celles-là, y en ont joint d’hyperboliques.
 
 " Paul en son ravissement. " Un concile tenu en France sous Philippe-Auguste, fit brûler la Métaphysique d’Aristote. Un docteur anglais de s l’ordre de saint Augustin (63), a laissé par écrit qu’on croyait alors qu’il n’y avait que l’Antechrist qui dût bien entendre les livres d’Aristote, dont il se servirait pour convaincre tous ceux qui entreraient en dispute contre lui. Finissons cette petite compilation par un passage d’Agrippa, qui nous apprend que les théologiens de Cologne soutinrent qu’Aristote avait été le précurseur du Messie dans les mystères de la nature, comme saint Jean l’a été dans les mystères de la grâce : Dignissimus profecto, hodié latinorum gymnasiorum doctor, et quem colonienses mei theologi etiam divis adnumerarent, librumque sub proelo evulgatum ederent cui titulum facerent de Salute Aristotelis (64), sed et alium versu et metro de Viti et Morte Aristotelis, quem theologicâ insuper glossâ illustrarunt, in cujus calce concludunt, Aristotelem sic fuisse Christi proecursorem in naturalibus, quem admodum Joannes Baptista in gratuitis (65). Parlant sans préoccupation ni pour ni contre, on peut dire que ces panégyristes outrés font plus de mal que de bien à la mémoire d’Aristote. On peut assurer d’eux à certains égards le mot de Tacite : pessimum inimicorum genus laudantes (66). On, pouvait donner tant de justes louanges à Aristote (67), qu’il n’y a pas moyen d’excuser ceux qui, non contens de celles-là, y en ont joint d’hyperboliques.
 
Que ne se contentait-on de dire qu’il trempait sa plume dans le bon sens (68). C’est ce que doivent faire tous les philosophes, si l’on en croit le chef des stoïciens : ‘O Zhnwn elegen
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(71) Chap. VI, art. VI, pag. 253.
 
ARISTOTE. 365
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ARISTOTE. 365
 
quas illa theologicis lacertis ac viribus, de caelo suppeditatis, torqueat ac vibret (72). Je me crois obligé de dire, pour agir selon les règles de la bonne foi, que le cardinal Pallavicin n’avance point de lui-même la maxime qu’on a rapportée *, ni comme une observation qu’il voulait apprendre au monde : il ne la rapporte que comme une raillerie maligne du père Paul. Il est vrai qu’il traite cette raillerie d’impertinente, et qu’il prétend que les conciles où l’on distingua si subtilement la substance, la personne, l’hypostase, n’y étaient pas moins sujets : il est vrai, en un mot, qu’il ne nie pas le fait, et qu’il se contente de se moquer de ceux qui s’en moquent (73). Le père Paul, après avoir rapporté le décret de la VIe. session, allègue ce que l’on y critiquai et il dit, entre autres choses, que ceux qui étaient versés dans l’histoire ecclésiastique remarquèrent que tous les autres conciles pris ensemble avaient décidé moins d’articles que cette seule session, à quoi Aristote avait eu beaucoup de part : In che haveva una gran parte Aristotele, coll haver distinto essattamente tutti i generi di cause, a che, se egli non se fosse adoperato, noi mancavamo di molti articoli di fede (74). Les remontrances de la Sorbonne, sur lesquelles le parlement de Paris donna un arrêt contre des chimistes, l’an 1629, portaient : qu’on ne pouvait choquer les principes de la philosophie d’Aristote, sans choquer ceux de la théologie scolastique, recue dans l’Église (75). L’an 1624, le parlement de Paris bannit de son ressort trois hommes qui avaient voulu soutenir publiquement des thèses contre la doctrine d’Aristote ; défendit, à toutes personnes de publier, vendre ou dé‑
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(79) Le XIIe, pag. 245.
 
366 ARISTOTE.
==[[Page:Bayle - Dictionnaire historique, Beuchot, 1820, volume 2.djvu/376]]==
 
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366 ARISTOTE.
parties. On satisfait premièrement aux passages d’Aristote qui semblent contraires à la thèses, et qui sont des preuves d’autorité pour l’autre parti ; ensuite, on satisfait aux raisons mais on se garde bien de dire : J’avoue qu’Aristote a cru cela, et je nie néanmoins que ma thèse, où je soutiens une autre doctrine, soit fausse. On emploie son industrie à donner aux passages objectés un sens qui s’accommode avec la chose eu question. On en use encore ainsi dans les écoles de théologie à l’égard de saint Augustin et de Thomas d’Aquin, parmi ceux de l’église romaine.
 
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(83) Voyez le Ier. livre d’Aristote, de Generatione et Corruptione
 
ARISTOTE. 367
==[[Page:Bayle - Dictionnaire historique, Beuchot, 1820, volume 2.djvu/377]]==
 
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ARISTOTE. 367
sans chandelle dans une maison dont on ignore les êtres. Chacun sait le nombre infini de formes et de facultés distinctes de la substance, que les sectateurs d’Aristote ont introduites : il leur avait ouvert ce chemin d’égarement ; et si, dans le XVIIIe. siècle, la physique a reparu avec quelque lustre, ce n’a été que par la restauration des anciens principes qu’il avait quittés, ce n’a été que par la culture de l’évidence, c’est enfin parce que l’on a exclu de la doctrine des générations ce grand d’ombre d’entités, dont notre esprit n’a aucune idée, et que l’on s’est attachés la figure au mouvement, et à la situation des particules de la matière, toutes choses que l’on conçoit clairement et distinctement.
 
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(92) La circonstance de l’âge énerverait toute la preuve de Moura : car ceux qui prétendraient qu’Aristote aurait nié l’existence des esprits ne le prendraient pas à l’âge de dix-sept ans.
 
368 ARISTOTE.
==[[Page:Bayle - Dictionnaire historique, Beuchot, 1820, volume 2.djvu/378]]==
 
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368 ARISTOTE.
 " se servait en son temps du nombre
 
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(104) Math. Chap. X, op. 27.
 
ARISTOTE 369
==[[Page:Bayle - Dictionnaire historique, Beuchot, 1820, volume 2.djvu/379]]==
 
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ARISTOTE 369
ses profanations ordinaires, que l’éloignement d’Aristote dont nous parlons a été conforme à la morale de l’Evangile, et qu’il fit la même chose, étant poursuivi calomnieusement, que Jésus-Christ conseille à ses disciples.
 
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370 ARISTOTE.
==[[Page:Bayle - Dictionnaire historique, Beuchot, 1820, volume 2.djvu/380]]==
 
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370 ARISTOTE.
d’Aétius : il rapporte un long passage de Suidas, où on trouve, non pas que cet hérétique donnait à ses sectateurs les Catégories d’Aristote pour Catéchisme, mau qu’il leur expluitit les choses selon la méthode des Catégories d’Aristote. C’est qu’il était fort versé dans les subtilités et dans les disputes de la dialectique. C’est ainsi que présentement un scolastique espagnol qui entreprendrait d’expliquer un point de foi, le bâtirait selon le plan de l’école. Pourrait-on dire qu’il substituerait les ouvrages d’Aristote à nos livres de religion ? Citer Eusèbe au chap. 27 de son histoire, est une manière de citer insoutenable. Je ne pense pas que cet auteur ait rien dit sur les antinomiens.
 
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(121) Comment peut-on dire qu’il ait écrit contre l’église romaine dans 1e XVIe siècle ?
 
ARISTOTE 371
==[[Page:Bayle - Dictionnaire historique, Beuchot, 1820, volume 2.djvu/381]]==
 
ARISTOTE 371
 " Thomas, dit-il s’est servi de
 
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(125) Rapin, Comp. ds Platon et d’Aristote, pag. 310.
 
372 ARISTOTE.
==[[Page:Bayle - Dictionnaire historique, Beuchot, 1820, volume 2.djvu/382]]==
 
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372 ARISTOTE.
phénomène qu’on y voyait le fit mourir de chagrin. Oude thn tou Euripou jusin tou ontoz en Calkidi gnwmai dunhqeiz dia pollhn adxian kai aiscunhn luphqeiz metizh tou biou (126). Cum neque Euripi Chalcidici naturam cognoscere posset, undè propter ingens probrum et pudorem in moerorem conjectus, morte vitam commutavit. Saint Grégoire de Nazianze, à proprement parler, n’en dit pas autant : il se contente de ne point contredire Julien, qui avait allégué Aristote comme un exemple d’une si grande passion pour l’étude, qu’elle lui avait donné la mort. H kai thn Wmhron filomaqeian peri to Arkadikon zhthma kai thn Arizteloz jilosojian kai prosedrian epi taiz tou Euripou metabolaiz uj wn tebnhkasi (127). Laudas insuper in Homero discendi amorem circa Arcadicam quaestionem, et in Aristotele philosophiam et diutinam moram ad reciprocos Euripi oestus, quibus uterque occubuit. Ceci est fort remarquable, et je ne sais si quelqu’un s’en est encore aperçu. Plusieurs personnes, n’ayant pas pour les pères de l’église tout le respect qu’il faudrait, se plaisent à les taxer d’une aveugle crédulité : ils les accusent nommément d’avoir diffamé Aristote au sujet de l’Euripe ; mais il y a quelque apparence que Julien apostat avouait le fait dont Justin Martyr a parlé ; car il parait, par la réponse de saint Grégoire de Nazianze, que cet empereur avait joint Homère avec Aristote pour produire deux exemples d’une avidité de savoir qui avait causé la mort. Or, selon la tradition qui concerne Homère, il mourut de déplaisir de n’avoir pas pu entendre la réponse que lui firent certains pécheurs. On peut donc croire que Julien avait adopté une tradition semblable touchant Aristote et l’Euripe. Je conviens néanmoins qu’il se pourrait faire qu’il n’eût voulu dire, sinon qu’Aristote observa avec tant d’assiduité les mouvements de l’Euripe, et médita si profondément sur ce sujet, que cette forte application de corps et d’esprit ruina sa santé, et lui attira la maladie qui le fit mourir. Je croirais cela plutôt que toute autre chose. Il ne semble pas qu’Eustathius en veuille dire davan‑
 
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