« Page:Béranger - Chansons anciennes et posthumes.djvu/555 » : différence entre les versions

(Aucune différence)

Version du 18 octobre 2011 à 19:32

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Malheur à celui qu’elle entraîne
Jusqu’à sa couche de roseaux !
Déjà, pas à pas, sur l’arène,
D’elle s’approche un bel adolescent,
En rougissant.

— Accours, dit-elle, amour me presse ;
Pour tous les cœurs j’ai des échos.
À moi d’enhardir la jeunesse ;
Je te soutiendrai sur les flots.
Échappe au mors de la Sagesse,
Qui ceint le front de ses enfants blafards
De nénufars.

L’Amour fait scintiller les ondes
Où nous folâtrons sans souci.
Combien, dans nos grottes profondes,
Tombent, qui nous disent : Merci !
C’est dans le plus joyeux des mondes
Que va te luire un éternel été
De volupté.

Goûte aux plaisirs qu’on nous envie ;
Caresse mon sein palpitant ;
Chez vous quelle âme est assouvie ?
Vos feux n’échauffent qu’un instant.
La vie, enfant, la douce vie
N’est parmi nous, qui savons l’attiser,
Qu’un long baiser.

L’adolescent plonge dans l’onde.
Qui l’a revu ? Nul depuis lors.
Mais qu’au soir la Sirène immonde
Chante encor l’amour sur nos bords,
Une voix, qui n’est plus du monde,
Crie aux passants saisis, tremblants d’effroi :
« Priez pour moi. »