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de Cervantes, ailleurs une réminiscence du divin Arioste, puis des vestiges d’autres plus petits, mais non moins aimés de cet âge heureux qui conserve encore, transformé et agrandi, le goût des enfans pour les contes. Sterne, Cazotte, les conteurs allemands. Et ces lectures ont été bien faites, je vous assure, car elles ont été si sympathiquement senties par le cœur, si chaudement dévorées par l’imagination, que les auteurs en sont devenus les émules de leurs modèles. Tels épisodes de ce petit livre sont de véritables chefs-d’œuvre qui feraient honneur aux noms illustres qu’ils rappellent. Le conte de la révolte des fleurs serait vraiment digne de Jean-Paul, tant il ressemble à si méprendre à quelqu’une des poétiques paraboles ou des visions radieuses que ce singulier volcan de tendresse lance dans ses éruptions incessantes au milieu d’amas de scories quintessenciées et de blocs énormes de lourdeur germanique. L’histoire de la poupée Blandine et de Job le petit sonneur serait digne d’Hoffmann, dont elle rappelle l’Homme au sable. La rencontre du berger, suicidé par amour, est un souvenir évident du Don Quichotte et ne serait aucunement déplacée parmi les épisodes pastoraux de ce célèbre livre ; quant à la rencontre de l’homme dont on a volé la cervelle, c’est une invention qui vaut quelques-unes des meilleures de Charles Nodier dans son chef-d’œuvre de la Fée aux miettes. Comme dans les œuvres en collaboration il est fort difficile de savoir ce qui appartient à chaque auteur, Stahl voudra bien prendre dans les éloges qui précèdent la part qui lui revient.

Le Voyage où il vous plaira parut à l’origine enrichi de fantastiques vignettes de Tony Johannot, ce roi véritable des illustrateurs. La vogue des livres illustrés était alors à ses débuts, et Stahl doit être cité parmi ceux qui contribuèrent le plus puissamment à la lancer comme collaborateur et associé du libraire Curmer. Qui donc parmi ceux de nos lecteurs qui commencent à descendre le cours des années tristes ne se rappelle l’aimable furie de cette mode à ses premiers jours, le Don Quichotte et le Molière de Tony Johannot, le Gil Blas de Gigoux, le Paul et Virginie de Célestin Nanteuil, les Fables de La Fontaine de Grandville. Bientôt même les chefs-d’œuvre littéraires ne suffisent plus, et l’épidémie menaça de s’étendre à toute sorte de sujets. C’est ainsi que prirent naissance une foule de publications élégantes, entreprises uniquement en vue de fournir un thème au talent de tel ou tel dessinateur, comme un libretto d’opéra est écrit pour fournir un canevas au musicien. De ces publications de fantaisie, il n’en est pas dont on se souvienne davantage aujourd’hui que des Scènes de la vie publique et privée des animaux, esquisses satiriques de diverses mains, composées et