« Contes d’Andersen/Le Chanvre » : différence entre les versions

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==__MATCH__:[[Page:Andersen - Contes d'Andersen, traduit par Soldi, Librairie Hachette et Cie, 1876.djvu/360]]==
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Le chanvre était en fleur. Ses fleurs sont bleues,
 
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Le chanvre était en fleur. Ses fleurs sont bleues,
admirablement belles, molles comme les ailes
d’un moucheron et encore plus fines. Le soleil
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peut plus !
 
— Oui, oui, oui, dirent les bâtons de la haie,
vous ne connaissez pas le monde ; mais nous avons
de l’expérience, nous. »
 
Et ils craquèrent lamentablement, et chantèrent :
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Cric, crac ! cric, crac ! crac !
C’est fini ! c’est fini ! c’est fini ! </poem>
 
 
 
« Pas sitôt, répondit le chanvre ; voilà une bonne
matinée, le soleil brille, la pluie me fait du bien,
je me sens croître et fleurir. Ah ! je suis bien heureux ! »
 
Mais un beau jour il vint des gens qui prirent
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« On ne saurait être toujours heureux, pensa le
chanvre ; il faut souffrir, et souffrir c’est apprendre. »
 
Mais tout alla de pis en pis. Il fut brisé, peigné,
cardé ; sans y comprendre un mot. Puis on le mit
à la quenouille, et rrrout ! il perdit tout à fait la
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tortures ; les biens qu’on a perdus, il faut encore
s’en réjouir, s’en réjouir. » Et il répétait : « s’en
réjouir, » que déjà il était, hélas ! mis au métier,
et devenait une magnifique pièce de toile.
 
Les mille pieds de chanvre ne faisaient qu’un
morceau.
 
« Vraiment ! c’est prodigieux ; je ne l’aurais jamais cru ; quelle chance pour moi ! Que chantaient
donc les bâtons de la haie avec leur
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<poem>
Cric, crac ! cric, crac ! crac !
C’est fini ! c’est fini ! c’est fini ! </poem>
 
 
 
« Mais...Mais…. je commence à peine à vivre. C’est
prodigieux ! Si j’ai beaucoup souffert, me voilà
maintenant plus heureux que jamais ; je suis si
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sur moi, et a prouvé parfaitement que je suis le
plus beau morceau de la paroisse. Je ne saurais
être plus heureux ! »
 
« La toile fut portée à la maison et livrée aux ciseaux. On la coupait, on la coupait, on la piquait
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béni, car je suis utile dans le monde. Il faut cela pour être content soi-même. Nous sommes douze
morceaux, c’est vrai, mais nous formons un seul
corps, une douzaine. Quelle incomparable félicité ! »
 
Les années s’écoulèrent ; c’en était fait de la
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« Il faut que toute chose ait sa fin, murmura
chaque pièce. J’étais bien disposée à durer encore,
mais pourquoi demander l’impossible ? »
 
Et elles furent réduites en lambeaux et en chiffons, et crurent cette fois que c’était leur fin
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« O surprise ! ô surprise agréable ! s’écria le papier, je suis bien plus fin qu’autrefois, et l’on va
me charger d’écritures. Que n’écrira-t-on pas sur
moi ? Ma chance est sans égale. »
 
Et l’on y écrivit les plus belles histoires, qui
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tous les hommes puissent me lire ! Autrefois je
portais de petites fleurs bleues ; mes fleurs maintenant sont de sublimes pensées. Je suis heureux/
incomparablement heureux. »
 
Mais le papier n’alla pas en voyage ; il fut remis
à l’imprimeur, et tout ce qu’il portait d’écrit fut
imprimé pour faire un livre, des centaines de livres qui devaient être une source de joie et de
profit pour une infinité de personnes. Notre morceau de papier n’aurait pas rendu le même service, même en faisant le tour du monde. AÀ moitié route
il aurait été usé.
 
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avais pas pensé. Je reste à la maison et j’y suis
honoré comme un vieux grand-père ! c’est moi
qui ai reçu l’écriture, les mots ont découlé directement de la plume sur moi, je reste à ma place,
et les livres vont par le monde ; leur tâche est
belle assurément, et moi je suis content, je suis
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connaître soi-même, voilà le véritable progrès.
Que m’arrivera-t-il encore ? Je vais sans nul doute
avancer, on avance toujours. »
 
Quelque temps après, le papier fut mis sur la
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l’autre. Tout le paquet de papier fut jeté dans le
feu. Oh ! comme il brûlait ! Ouf ! ce n’est plus
qu’une grande flamme. Elle s’élevait la flamme,
tellement, tellement que jamais le chanvre n’avait
porté si haut ses petites fleurs bleues ; elle brillait comme jamais la toile blanche n’avait brillé.
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s’en allèrent en langues de feu.
 
« Je vais monter directement jusqu’au soleil, »
disait une voix dans la flamme, et on eût dit mille
voix réunies en une seule. La flamme sortit par
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<poem>
Cric, crac ! cric, crac ! crac !
C’est fini ! c’est fini ! c’est fini ! </poem>
 
 
 
Mais chacun des petits êtres disait : « Non, ce
n’est pas fini ; voici précisément le plus beau de
l’histoire ! Je le sais, et je suis bien heureux. »
 
Les enfants ne purent ni entendre ni comprendre ces paroles ; du reste, ils n’en avaient pas
besoin : les enfants ne doivent pas tout savoir.
 
 
<center>FIN.</center>
 
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