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VOYAGE ? CARTHAGE. ^3
des femmes, dans les champs, labourent ou sar­clent en vestes et en chapeaux d'hommes, portières de Paris transportées au pays des Moresques, la crasse de la banlieue dans le soleil d'Afrique. Et les misères qu'il doit y avoir là dedans, les rages, les souvenirs, et la fièvre, la fièvre pâle et famélique !
des femmes, dans les champs, labourent ou sar­clent en vestes et en chapeaux d'hommes, portières de Paris transportées au pays des Moresques, la crasse de la banlieue dans le soleil d'Afrique. Et les misères qu'il doit y avoir là dedans, les rages, les souvenirs, et la fièvre, la fièvre pâle et famélique !


Guelma. — Café de M. Aubril. — Les monu­ments pour la troupe tiennent une grande place : logement charmant et entouré de verdure du com­mandant supérieur, M. de Vanory; ressemble en beau à E. Delamare. — Déjeuner avec mon com­mandant; M. Borrel, du bureau arabe, m'en dé­barrasse. Parti à 3 heures; mon spahi, sorte de nègre blond, idiot, me précède. Verdure et eau, un grand quai, voitures et carrioles de maître. L'an­cien pénitencier, grande bâtisse où je bois du lait; le moulin d'Osman Mustapha, petits bâtiments, peupliers; une montagne assez basse en face. Je couche dans le pavillon supérieur (bruit de chiens et de chevaux), sur un tapis; nuit atroce de puces. On m'avait fait du feu ; nous sommes sur les hauteurs, il fait froid. Le cawas, maigre, turban vert, yatagan, con­naît tout l'Orient; gueulard, officieux; aime l'al­cool. La route du moulin à Constantine est assom­mante d'ennui : petites montagnes toutes se res­semblant, puis une plaine, les fils du télégraphe tantôt sur la droite, tantôt sur la gauche; cela est pauvre sans grandeur et monotone sans majesté. Je fouette à tour de bras le mulet de bagages. — Ferme Faucheux : le fermier, monsieur dégradé,
Guelma. — Café de M. Aubril. — Les monu­ments pour la troupe tiennent une grande place : logement charmant et entouré de verdure du com­mandant supérieur, M. de Vanory ; ressemble en beau à E. Delamare. — Déjeuner avec mon com­mandant ; M. Borrel, du bureau arabe, m'en dé­barrasse.
Parti à 3 heures; mon spahi, sorte de nègre blond, idiot, me précède. Verdure et eau, un grand quai, voitures et carrioles de maître. L'an­cien pénitencier, grande bâtisse où je bois du lait; le moulin d'Osman Mustapha, petits bâtiments, peupliers; une montagne assez basse en face. Je couche dans le pavillon supérieur (bruit de chiens et de chevaux), sur un tapis; nuit atroce de puces. On m'avait fait du feu ; nous sommes sur les hauteurs, il fait froid. Le cawas, maigre, turban vert, yatagan, con­naît tout l'Orient; gueulard, officieux ; aime l'al­cool. La route du moulin à Constantine est assom­mante d'ennui : petites montagnes toutes se res­semblant, puis une plaine, les fils du télégraphe tantôt sur la droite, tantôt sur la gauche; cela est pauvre sans grandeur et monotone sans majesté. Je fouette à tour de bras le mulet de bagages. — Ferme Faucheux : le fermier, monsieur dégradé,