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moteurs se montent dans la moelle et dans le bulbe, n’attendant qu’un signal pour libérer l’acte correspondant ; la volonté s’emploie, dans certains cas, à monter le mécanisme lui-même, et, dans les autres, à choisir les mécanismes à déclan­cher, la manière de les combiner ensemble, le moment du déclanchement. La volonté d’un animal est d’autant plus efficace, d’autant plus intense aussi, qu’elle a le choix entre un plus grand nombre de ces mécanismes, que le carrefour où toutes les voies motrices se croisent est plus compliqué, ou, en d’autres termes, que son cerveau atteint un développement plus considérable. Ainsi, le progrès du système nerveux assure à l’acte une précision croissante, une variété croissante, une efficacité et une indépendance croissantes. L’orga­nisme se comporte de plus en plus comme une machine à agir qui se recons­truirait tout entière pour chaque action nouvelle, comme si elle était de caoutchouc et pouvait, à tout instant, changer la forme de toutes ses pièces. Mais, avant l’apparition du système nerveux, avant même la formation d’un organisme proprement dit, déjà dans la masse indifférenciée de l’Amibe se manifestait cette propriété essentielle de la vie animale. L’Amibe se déforme dans des directions variables ; sa masse entière fait donc ce que la différen­ciation des parties localisera dans un système sensori-moteur chez l’animal développé. Ne le faisant que d’une manière rudimentaire, elle est dispensée de la complication des organismes supérieurs : point n’est besoin ici que des éléments auxiliaires passent à des éléments moteurs de l’énergie à dépenser ; l’animal indivisé se meut, et indivisé aussi se procure de l’énergie par l’inter­médiaire des substances organiques qu’il s’assimile. Ainsi, qu’on se place en bas ou en haut de la série des animaux, on trouve
27^ DE LA SIGNIFICATION DE LA VIE

nismes moteurs se montent dans la moelle et dans le
bulbe, n'attendant qu'un signal pour libérer l'acte
correspondant; la volonté s'emploie, dans certains cas,
à monter le mécanisme lui-même, et, dans les autres, à
choisir les mécanismes à déclancher, la manière de les
combiner ensemble, le moment du déclanchement. La
volonté d'un animal est d'autant plus efficace, d'autant
plus intense aussi, qu'elle a le choix entre un plus grand
nombre de ces mécanismes, que le carrefour où toutes les
voies motrices se croisent est plus compliqué, ou, en
d'autres termes, que son cerveau atteint un développe-
ment plus considérable. Ainsi, le progrès du système
nerveux assure à l'acte une précision croissante, une
variété croissante, une efficacité et une indépendance
croissantes. L'organisme se comporte de plus en plus
comme une machine à agir qui se reconstruirait tout
entière pour chaque action nouvelle, comme si elle était
de caoutchouc et pouvait, à tout instant, changer la forme
de toutes ses pièces. Mais, avant l'apparition du système
nerveux, avant même la formation d'un organisme pro-
prement dit, déjà dans la masse indifférenciée de l'Amibe
se manifestait cette propriété essentielle de la vie animale.
L'Amibe se déforme dans des directions variables ; sa
masse entière fait donc ce que la différenciation des
parties localisera dans un système sensori-moteur chez
l'animal développé. Ne le faisant que d'une manière rudi-
mentaire, elle est dispensée de la complication des orga-
nismes supérieurs : point n'est besoin ici que des élé-
ments auxiliaires passent à des éléments moteurs de
l'énergie à dépenser; l'animal indivisé se meut, et indivisé
aussi se procure de l'énergie par l'intermédiaire des sub-
stances organiques qu'il s'assimile. Ainsi, qu'on se place
en bas ou en haut de la série des animaux, on trouve

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