« Un continent englouti sous les flots/01 » : différence entre les versions

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L’histoire de l’Amérique avant la découverte de Christophe Colomb est une conquête de l’ ''Américanisme''. Cette belle branche de l’érudition, trop souvent dédaignée ou méconnue des académies, plus d’une fois persécutée, et, pour comble d’infortune, abandonnée tant de fois aux mains des rêveurs, des illuminés et des fous, n’en offre pas moins à la recherche humaine les annales vingt et vingt fois séculaires des habitants de la moitié de notre planète.
 
Brasseur de Bourbourg reprochait à nos linguistes de vouloir faire des cours de linguistique générale en laissant de côté les langues d’un hémisphère entier. Ne pourrait-on pas en dire autant pour presque toutes les branches de nos sciences, — de nos sciences historiques tout au moins, — et se demander comment on peut songer à entreprendre l’étude philosophique de l’homme et de la création, lorsqu’on néglige volontairement de s’occuper de la moitié du genre humain et de la moitié du globe qu’il habite?
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''Amérique'' servit d’appellation à ce monde nouveau du temps de Ferdinand et d’Isabelle. En mettant le pied sur des terres jusqu’alors inconnues, les conquistadores, les chercheurs d or et de mines précieuses ne se préoccupaient guère des mille et mille années d’histoire qui s’étaient accomplies sur le sol trop riche qu’ils foulaient aux pieds. Le nom emprunté à Vespucci est aujourd’hui un anachronisme révoltant, quand on l’applique à des âges qui ne sont guère moins reculé que ceux où l’on place les origines de nos annales <ref> Loin des grands centres connus de la civilisation américaine, la vallée du Mississipi a déjà révélé à l’archéologie une foule de vestiges historiques d une époque extrêmement ancienne, puisque ces vestiges ont été retrouvés dans un sol aujourd’hui recouvert d’épaisses forêts que mille années eussent été insuffisantes à produire avec une pareille exubérance de végétation. Voy. à ce sujet « Ancients monuments of the Mississipi Valley », dans les ''Smithsonian'' ''Contributions'' ''to'' ''knowledge'', t. I (Washington, 1848; in-4 <ref></ref>); D <ref></ref> Otto Ule, ''Blicke'' ''in'' ''die'' ''vorgeschichtliche'' ''Zeit'' ''des'' ''Menschen'', 1865 ; et le mémoire de M. Frederick von Hellwald, ''The'' ''American'' ''Migration'' (trad. de M. C. A. Alexander).</ref>, et même, s’il fallait en croire certains érudits, auxquels nul n’a encore le droit de donner un démenti fondé, à des âges de beaucoup plus anciens que ceux des premières pyramides d’Égypte.
 
Il nous faut donc un nom archaïque comme l’objet lui-même qu’il doit servir à désigner, et, s’il se peut, un nom dont l’étymologie trahisse tout à la fois les naïves traditions du passé et les progrès de la science contemporaine.