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Ernest Renan, Mission de Phénicie, 1 vol. in-4° de texte et 1 vol. in-folio de planches, Paris 1874.


L’œuvre de l’homme est si vaine sur la terre, les monumens qu’il élève pour l’éternité tombent si vite en poudre, les arts, les religions et les littératures, enfans de son génie, vivent si peu de jours, que le voyageur qui parcourt aujourd’hui la côte syrienne du Carmel à l’Oronte pour voir les lieux où furent Tyr, Sidon, Byblios, Aradus, villes saintes où le monde se rendait en pèlerinage, reines des mers aussi fières, aussi puissantes qu’Albion, ne retrouve ni temples, ni cités, ni inscriptions antiques, rien que des débris émiettes, des nécropoles violées et des cendres sans nom. C’est au pays de Canaan que doit aller celui qui veut se donner le spectacle de l’universelle caducité; Là, au pied des alpes fleuries qu’on nomme le Liban, sur un sol arrosé par les plus belles eaux de la terre, parmi les campagnes, les vergers, les jardins les plus délicieux, sous les bénédictions du ciel, par les travaux de l’homme, s’élevèrent les villes fortes des Hittites, des Amorrhéens, des Girgaséens, des Hivites; sur la côte, c’étaient les états des Sidoniens, des Giblites, d’Arka, de Sinna, de Simyra et d’Hamath.

Les Cananéens habitaient-ils déjà le pays lorsqu’un pharaon de la sixième dynastie, Papi, vingt-huit siècles avant notre ère, repoussa les tribus de la Syrie du sud? Au dire d’Ouna, qui conduisait les armées d’Egypte, elles firent brèche dans des enceintes fortifiées, coupèrent les figuiers et les vignes, incendièrent des champs de blé. C’est dans la même contrée qu’un peu plus tard, sous la douzième dynastie, un transfuge égyptien vint à la cour du roi de