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de prêter serment à la Constitution, et les conspirateurs royalistes arrêtés depuis le 10 août.
de prêter serment à la Constitution, et les conspirateurs royalistes arrêtés depuis le 10 août.


La spontanéité de cet assaut semble avoir frappé tout le monde par l’imprévu. Loin d’avoir été préparé par la Commune et par Danton, comme les historiens royalistes se plaisent à l’affirme&nbsp;<ref>Ils citent pour cela les personnes qui furent libérées entre le 30 août et le 2 septembre, grâce à l’intervention de Danton et d’autres personnages révolutionnaires, et disent : «Vous voyez bien qu’ils sauvaient leurs amis !» Ce qu’ils oublient pourtant de dire, c’est que, sur les trois mille personnes arrêtées le 30, plus de deux mille furent relâchées. Il suffisait pour cela d’être réclamé par un révolutionnaire. Quant à Danton et à sa part dans les journées de septembre, voy. A. Aulard, ''Études et leçons sur la Révolution française,1893-1897, 3{{e}} série.</ref>, les massacres étaient si peu prévus, que la Commune dut prendre en toute hâte des mesures pour protéger le Temple et pour sauver ceux qui étaient emprisonnés pour dettes, mois de nourrice, etc., ainsi que les dames de l’entourage de Marie-Antoinette. Ces dames ne purent être sauvées que sous le couvert de la nuit, par des commissaires de la Commune qui ne s’acquittèrent de leur tâche qu’avec beaucoup de difficultés, au risque de périr eux-mêmes de la main des foules qui entouraient les prisons et stationnaient dans les rues avoisinantes&nbsp;<ref>Madame de Tourzel, gouvernante du dauphin, et sa jeune fille Pauline, trois femmes de chambre de la reine, madame de Lamballe et sa femme de chambre avaient été transférées du Temple à la Force. Et de là, elles furent toutes sauvées, sauf madame de Lamballe, par des commissaires de la Commune. À deux heures et demie dans la nuit du 2 au 3 septembre, ces commissaires, Truchot, Tallien et Guiraud, virent rendre compte à l’Assemblée de leurs efforts. À la prison de la Force et à celle de Sainte-Pélagie, ils avaient fait sortir toutes les personnes détenues pour dettes. Après en avoir fait rapport à la Commune (vers minuit), Truchot retourna à la Force pour en faire sortir toutes les femmes. «J’ai pu en faire sortir vingt-quatre», disait-il, «Nous avons principalement mis sous notre protection mademoiselle de Tourzel et madame Sainte-Brice... Pour notre propre sûreté nous nous sommes retirés, car on nous menaçait aussi. Nous avons conduit ces deux dames à la section des Droits de l’Homme en attendant qu’on les juge.» (Buchez et Roux, XVII, 353.) Ces paroles de Truchot sont absolument confirmées, puisqu’on sait, par le récit de Pauline de Tourzel, avec quelle difficulté le commissaire de la Commune (elle ne le connaissait pas et parlait d’un inconnu) réussit à lui faire traverser les rues aux alentours de la prison, remplies de monde qui veillait à ce qu’on n’enlevât aucun des prisonniers. Madame de Lamballe, aussi, allait être sauvée, par Pétion, mais le doute plane sur les forces qui s’y opposèrent. On parle d’émissaires du duc d’Orléans, qui voulait sa mort ; on donne même des noms. Ce qui est certain, c’est que tant de personnes influentes étaient intéressées à ce que cette confidente de la reine (depuis l’affaire du collier) ne parlât, que l’impossibilité de la sauver n’a rien qui nous étonne.</ref>.
La spontanéité de cet assaut semble avoir frappé tout le monde par l’imprévu. Loin d’avoir été préparé par la Commune et par Danton, comme les historiens royalistes se plaisent à l’affirmer&nbsp;<ref>Ils citent pour cela les personnes qui furent libérées entre le 30 août et le 2 septembre, grâce à l’intervention de Danton et d’autres personnages révolutionnaires, et disent : «Vous voyez bien qu’ils sauvaient leurs amis !» Ce qu’ils oublient pourtant de dire, c’est que, sur les trois mille personnes arrêtées le 30, plus de deux mille furent relâchées. Il suffisait pour cela d’être réclamé par un révolutionnaire. Quant à Danton et à sa part dans les journées de septembre, voy. A. Aulard, ''Études et leçons sur la Révolution française,1893-1897, 3{{e}} série.</ref>, les massacres étaient si peu prévus, que la Commune dut prendre en toute hâte des mesures pour protéger le Temple et pour sauver ceux qui étaient emprisonnés pour dettes, mois de nourrice, etc., ainsi que les dames de l’entourage de Marie-Antoinette. Ces dames ne purent être sauvées que sous le couvert de la nuit, par des commissaires de la Commune qui ne s’acquittèrent de leur tâche qu’avec beaucoup de difficultés, au risque de périr eux-mêmes de la main des foules qui entouraient les prisons et stationnaient dans les rues avoisinantes&nbsp;<ref>Madame de Tourzel, gouvernante du dauphin, et sa jeune fille Pauline, trois femmes de chambre de la reine, madame de Lamballe et sa femme de chambre avaient été transférées du Temple à la Force. Et de là, elles furent toutes sauvées, sauf madame de Lamballe, par des commissaires de la Commune. À deux heures et demie dans la nuit du 2 au 3 septembre, ces commissaires, Truchot, Tallien et Guiraud, virent rendre compte à l’Assemblée de leurs efforts. À la prison de la Force et à celle de Sainte-Pélagie, ils avaient fait sortir toutes les personnes détenues pour dettes. Après en avoir fait rapport à la Commune (vers minuit), Truchot retourna à la Force pour en faire sortir toutes les femmes. «J’ai pu en faire sortir vingt-quatre», disait-il, «Nous avons principalement mis sous notre protection mademoiselle de Tourzel et madame Sainte-Brice... Pour notre propre sûreté nous nous sommes retirés, car on nous menaçait aussi. Nous avons conduit ces deux dames à la section des Droits de l’Homme en attendant qu’on les juge.» (Buchez et Roux, XVII, 353.) Ces paroles de Truchot sont absolument confirmées, puisqu’on sait, par le récit de Pauline de Tourzel, avec quelle difficulté le commissaire de la Commune (elle ne le connaissait pas et parlait d’un inconnu) réussit à lui faire traverser les rues aux alentours de la prison, remplies de monde qui veillait à ce qu’on n’enlevât aucun des prisonniers. Madame de Lamballe, aussi, allait être sauvée, par Pétion, mais le doute plane sur les forces qui s’y opposèrent. On parle d’émissaires du duc d’Orléans, qui voulait sa mort ; on donne même des noms. Ce qui est certain, c’est que tant de personnes influentes étaient intéressées à ce que cette confidente de la reine (depuis l’affaire du collier) ne parlât, que l’impossibilité de la sauver n’a rien qui nous étonne.</ref>.