« L’Odyssée/Traduction Bareste/01 » : différence entre les versions
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Muse, chante ce héros, illustre par sa prudence, qui longtemps erra sur la terre après avoir détruit la ville sacrée de Troie <ref><small>Bitaube et Dugas-Montbel n'ont pas suivi exactement le texte grec en traduisant Τροίης ἱέρον προλίεθρον (
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Neptune s'était rendu chez les Éthiopiens, habitants des terres lointaines (chez les Éthiopiens, qui, placés aux extrémités du monde, sont séparés en deux nations : l'une, tournée vers l'Occident, et l'autre, vers l'Orient) ; là, parmi les hécatombes de taureaux et de béliers, il assistait joyeux à leurs festins ; les autres divinités étaient rassemblées sur les sommets de l'Olympe, dans les palais de Jupiter. Le père des hommes et des dieux, le premier de tous, fait entendre sa voix : il songeait à la destinée du bel Égisthe <ref><small>L’épithète ἀμύνων (
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Minerve aux yeux d'azur <ref><small>Madame Dacier, Bitaube et Dugas-Montbel passent tous trois sous silence l'épithète γλαυκῶπις (aux yeux d'azur, aux yeux brillants, étincelants) qu'Homère donne à Minerve.</small></ref> lui répond aussitôt :
« O fils de Saturne, notre père, le plus puissant des rois, oui, sans doute, cet homme a péri d'une mort justement méritée. Meure ainsi tout mortel coupable de tels attentats ! Mais mon cœur est dévoré de chagrin en pensant au sage Ulysse, à cet infortuné qui, depuis longtemps, souffre cruellement loin de ses amis, dans une île lointaine, entouré des eaux de la mer. C'est dans cette île ombragée d'arbres qu'habite une déesse, la fille du malveillant Atlas <ref><small>Le texte grec porte Ἄτλαντος θυγάτηρ ὀλοόφρονος. Madame Dacier ne mentionne pas l’épithète ὀλοόφρων; Bitaube et Dugas-Monthel la rendent, l'un par savant, l'autre par prudent. Nous avons, nous, donné au mot ὀλοόφρων, g. ονος sa véritable signification (
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Le dieu qui rassemble au loin les nuages lui dit :
« Ma fille, quelle parole s'est échappée de tes lèvres ; pourrais-je oublier le divin Ulysse dont la sagesse est supérieure à celle des autres hommes, Ulysse qui offrit toujours de pompeux sacrifices aux immortels habitants de l'Olympe ? Mais le dieu qui commande à l'élément terrestre, Neptune, est à jamais irrité contre lui depuis le jour où il priva de la vue Polyphème, égal aux dieux, qui par sa très grande force surpasse tous les Cyclopes. Ce fut la nymphe Thoosa, fille de Phorcyn, l'un des princes de la mer, qui, s'étant unie à Neptune dans les grottes profondes, donna le jour à ce géant. Depuis ce temps, le dieu qui ébranle la terre <ref><small>Madame Dacier et Dugas Montbel ont omis les deux désignations de Neptune : γαιήσχος (
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Minerve, la déesse aux yeux étincelants, lui réplique à son tour :
« Fils de Saturne, ô mon père, toi le plus puissant de l'Olympe, s'il est agréable aux dieux fortunés que le sage Ulysse revoie sa demeure, ordonne au messager Mercure de se rendre aussitôt dans l'île d'Ogygie, et d'annoncer à cette déesse à la belle chevelure, que notre immuable résolution, touchant le magnanime Ulysse, est qu'il revienne dans sa patrie. Je me rendrai moi-même à Ithaque pour encourager son fils ; et j'animerai son cœur d'une force nouvelle pour qu'il convoque en assemblée les Grecs chevelus et interdise l'entrée de son palais à tous les prétendants, à eux, qui, sans cesse, égorgent ses nombreux troupeaux de bœufs à la marche pénible et aux cornes tortueuses
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Ayant ainsi parlé, elle attache à ses pieds de magnifiques et d'immortels brodequins en or, qui la portent sur les ondes et sur la terre immense avec autant de rapidité que le souffle des vents ; puis elle saisit une forte lance dont la pointe est d'airain, arme lourde, longue et terrible, destinée à renverser les bataillons de héros contre lesquels s'irrite la fille du dieu puissant.
Elle part en s'élançant des sommets de l'Olympe et s'arrête au milieu de la population d'Ithaque, devant le vestibule d'Ulysse, sur le seuil de la cour. La déesse, sous les traits de l'étranger Mentes, roi des Taphiens, tient entre ses mains sa lance redoutable ; elle trouve les fiers prétendants se livrant au jeu de dés, couchés sur des peaux de bœufs qu'ils avaient immolés eux-mêmes ; des hérauts et des serviteurs actifs s'empressaient, les uns de mêler le vin et l'eau dans les cratères <ref><small>Pour le mot κρητήρ ou κρατήρ (
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Les fiers prétendants s'avancent et s'asseyent en ordre sur des sièges et sur des trônes <ref><small>Le trône (
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Minerve aux yeux d'azur lui répond aussitôt :
« Tu sauras tout : je m'honore d'être Mentès
[194] J'aborde aujourd'hui en cette île, parce qu'on m'a dit que ton père était au milieu des siens ; mais les dieux l'égarent encore dans sa route. Non, le divin Ulysse n'a point quitté la terre : il est retenu, vivant, dans une île lointaine au milieu de la mer ; des hommes cruels le tiennent peut-être captif, et des barbares l'arrêtent malgré ses désirs. Cependant je vais te prédire ce que les immortels ont placé dans mon âme, et je pense que ces choses s'accompliront, quoique je ne sois ni un prophète ni un savant augure : Ulysse ne sera pas longtemps éloigné de sa chère patrie, fût-il même retenu par des fers ; il trouvera toujours les moyens de revenir en ces lieux, car il est très habile. Mais à ton tour dis-moi si tu es vraiment le fils d'Ulysse ; certes, par ta tête et par tes beaux yeux tu es en tout semblable à ce héros. Nous nous sommes souvent trouvés ensemble avant qu'il s'embarquât pour Troie sur de creux navires, avec les plus nobles d'entre les Argiens : depuis ce temps Ulysse et moi nous ne nous sommes point vus. »
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Le prudent Télémaque lui dit :
« Étranger, je te répondrai sans détour : ma mère m'a dit que j'étais le fils d'Ulysse, mais moi je l'ignore ; car nul ne sait quel est son père
<small>Μήτηρ μέν τ’ ἐμέ φησι τοῦ ἐμμεναι, αὐτὰρ ἔγωγε</small>
<small>Οὐκ οἶδ’· οὐ γάρ πώ τις ἑὸν γόνον αὐτὸς ἀνέγνω.</small>
<small>Ce passage, qui n'a jamais été bien traduit eu français, a été rendu très exactement par les traducteurs latins Clarke et Dübner. Voici, d'après ces auteurs, la traduction interlinéaire des deux vers que nous venons de rapporter</small>
<small>Mater quidem me ait ejus esse, at ego</small>
<small>Nescio; omnium enim quisquam suum parentem ipse cognovit.</small>
<small>Cette naïve opinion du poète grec passa plus tard chez les Romains, et la mère fut alors appelée certa : on se garda bien de donner le même nom au père. Grotius dit à ce sujet : Mater certa esse dicitur, quia inveniuntur qui quaeve partui et educationi adfuerint. At de patre hujus gradus certitudo haberi non potest. - Aristophane le comique, a qui l'on contestait le titre de citoyen d'Athènes parce que son père était d'Égine, fit aux magistrats la réponse de Télemaque à Minerve.</small></ref>. Ah ! que n'ai-je reçu le jour d'un homme fortuné que la vieillesse atteint au milieu de ses richesses ! Mais, c'est, dit-on, au plus malheureux des mortels que je dois la vie : voilà ce que tu m'as demandé. »
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La déesse Minerve aux yeux étincelants lui répond en ces termes :
« Non, les dieux n'ont point voulu que ta race parvînt obscure à la postérité, puisque Pénélope a enfanté un fils tel que toi. Mais dis-moi et parle avec franchise : quel est ce festin ? Quelle est cette nombreuse assemblée ? Désires-tu ces choses ? Est-ce une fête ou une hyménée ? Car ce n'est point là un de ces repas où chacun apporte son tribut <ref>) <small>Ἐπεὶ οὐκ ἔρανος τάδε γ’ ἐστίν, dit Homère. Athénée (liv. viii. c. 16) explique ainsi ce passage: Ce que les anciens nommaient Ilapinai (ἐιλαπίναι) étaient des sacrifices où se trouvaient les plus brillants convives ; ceux qui participaient à ces festins somptueux se nommaient Ilapinastes (ἐιλαπινασταί). Quant aux fêtes nommées Eranoi (
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Télémaque réplique à ces paroles :
« Étranger, puisque tu m'interroges en paraissant prendre part à notre situation, apprends que cette demeure aurait ton jours été opulente et considérée si Ulysse fût resté parmi nous ; mais les dieux, méditant des maux cruels, en décidèrent autrement : animés à le poursuivre, ils voulurent qu'entre tous les hommes il terminât ses jours par une mort ignorée. Je pleurerais moins sa perte s'il eût succombé avec ses compagnons parmi le peuple des Troyens, ou dans les bras de ses amis, après avoir terminé la guerre. Maintenant tous les Grecs lui eussent élevé une tombe, et c'eût été pour son fils un grand honneur dans l'avenir : mais les Harpies <ref><small>Les Harpies (
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Minerve-Pallas, émue de compassion, s'écrie :
« Hélas ! combien tu dois gémir sur l'absence d'Ulysse, de ce héros qui, de son bras, frapperait ces prétendants effrontés ! Si maintenant il paraissait, s'arrêtant sous les portiques de son palais, avec son casque, son bouclier et ses deux javelots, tel, enfin, qu'il était, quand, pour la première fois. Je le vis buvant et se réjouissant dans notre demeure, alors qu'il arrivait d'Ephyre, ayant vu Ilus, fils de Mermeris. Ulysse, sur un navire rapide, était allé chez ce roi lui demander un poison mortel pour imprégner ses flèches ; Ilus refusa, craignant d'offenser les dieux éternels, et ce fut mon père qui le lui donna, tant il chérissait ce héros. Tel qu'Ulysse était alors, que ne paraît-il au milieu des prétendants ! Pour eux tous quelle mort prompte et quelles unions amères ! Mais j'ignore si les dieux qui tiennent nos destinées sur leurs genoux
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Retiré dans un appartement supérieur <ref><small>Pour la description de l'appartement des femmes grecques (
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« Phémius, vous connaissez beaucoup d'autres récits qui charment les mortels, tels que les exploits des héros et des dieux que célèbrent les poètes. Chantez donc une de ces actions mémorables tandis que les hommes boivent le vin en silence ; mais cessez ce chant lugubre qui m'afflige et porte le désespoir au fond de mon cœur brisé par la douleur la plus grande. Oui, je regrette une telle âme <ref><small>Dans le texte grec il y a κεφαλὴν (tête), que nous avons rendu par âme. Eustathe fait observer que, dans les poèmes d'Homère, κεφαλή (tête) est souvent synonyme de ψυχή (
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(01) Bitaube et Dugas-Montbel n'ont pas suivi exactement le texte grec en traduisant Τροίης ἱέρον προλίεθρον (la ville sacrée de Troie), le premier par : les remparts sacrés de Troie; et le second par : les remparts sacrés d'Ilion. Homère ne parle point de remparts. mais d’une ville, comme le dit le mot προλίεθρον (ville, cité), qui a été rendu par urbem dans les traductions latines de Clarke (Homeri Odyssea graece et latine) et de Dübner (Collection Firmin Didot).
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(16) Dans le texte grec il y a κεφαλὴν (tête), que nous avons rendu par âme. Eustathe fait observer que, dans les poèmes d'Homère, κεφαλή (tête) est souvent synonyme de ψυχή (âme).
(17) Le nom d'Hellas, joint à celui d' Argos, désigne la Grèce entière, dont ces deux pays étaient les limites extrêmes.</includeonly>
(18) Ἀνσράσιν ἀλφηστῇσιν, dit Homere. Madame Dacier et Bitaube ont donné un tout autre sens a l'épithète ἀλφηστής en la traduisant par misérable. Le poète grec, pour distinguer les hommes des animaux, les appelle inventeurs ingénieux (ἀλφησταί), tandis que les deux traducteurs que nous venons de citer leur dorment gratuitement l'épithète de misérables, ce qui est entierèment opposé a la prensée d'Homère.
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