« Le Bourgeois gentilhomme/Édition Louandre, 1910 » : différence entre les versions

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IV, 4 et 5 : 100%
Turquerie 100%
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Prenez la peine de vous tirer un peu plus loin, pour faire place à ce que j’aperçois venir. Vous pourrez voir une partie de l’histoire, tandis que je vous conterai le reste.
 
''Six Turcs entrent gravement, deux à deux, au son desde tous les instruments. Ils portent trois tapis fort longs, dont ils font plusieurs figures, et, à la fin de cette première cérémonie, ils les lèvent fort haut ; les Turcs musiciens, et autres joueurs d’instruments, passent par dessous ; quatre Derviches qui accompagnent le Mufti ferment cette marche.

Alors les Turcs étendent les tapis par terre, et se mettent dessus à genoux ; le Mufti est debout au milieu, qui fait une invocation avec des contorsions et des grimaces, levant le menton et remuant les mains contre sa tête comme si c’était des ailes. Les Turcs se prosternent jusqu’à terre, chantant ''Alli'', puis se relèvent, chantant ''Alla'', ce qu'ils continuent alternativement jusqu’à la fin de l’invocation ; puis ils se lèvent tous, chantant ''Alla ekber''.

Alors les Derviches amènent devant le Mufti le Bourgeois vêtu à la turque, rasé, sans turban, sans sabre, auquel il chante gravement ces paroles'' :
 
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''Se ti sabir,''<br>
''Ti respondir ;''<br>
''Se nonnou sabir,''<br>
''Tazir, tazir. ''<br>
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'''Le Mufti'''<br>
''Mahameta per Giourdina''<br>
''Mi pregar sera e matina :''<br>
''Voler far un Paladina''<br>
''De Giourdina, de Giourdina.''<br>
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''Con galera e brigantina''<br>
''Per deffender Palestina.''<br>
''Mahameta per Giourdina, etc.etc…''<br>
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'''Le Mufti'''<br>
''Star bon Turca Giourdina ? ''Bis''.''<br>
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'''Les Turcs'''<br>
''Hey valla. Hey valla. ''Bis''.''<br>
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'''Le Mufti''' ''chante et danse.''<br>
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''Le Mufti revient, avec son turban de cérémonie qui est d’une grosseur démesurée, garni de bougies allumées, à quatre ou cinq rangs.
''Le Mufti revient, avec son turban de cérémonie qui est d’une grosseur démesurée, garni de bougies allumées, à quatre ou cinq rangs. Deux Derviches l’accompagnent, avec des bonnets pointus garnis aussi de bougies allumées, portant l’Alcoran : les deux autres Derviches amènent le Bourgeois, qui est tout épouvanté de cette cérémonie, et le font mettre à genoux le dos tourné au Mufti, puis, le faisant incliner jusques à mettre ses mains par terre, ils lui mettent l’Alcoran sur le dos, et le font servir de pupitre au Mufti, qui fait une invocation burlesque, fronçant le sourcil, et ouvrant la bouche, sans dire mot ; puis parlant avec véhémence, tantôt radoucissant sa voix, tantôt la poussant d’un enthousiasme à faire trembler, en se poussant les côtes avec les mains, comme pour faire sortir ses paroles frappant quelquefois les mains sur l’Alcoran, et tournant les feuillets avec précipitation, et finit enfin en levant les bras, et criant à haute voix : « Hou. » Pendant cette invocation, les Turcs assistants chantent Hou, hou, hou, s’inclinant à trois reprises, puis se relèvent de même à trois reprises, en chantant Hou, hou, hou, et continuant alternativement pendant toute l’invocation du Mufti. Après que l’invocation est finie, les Derviches ôtent l’Alcoran de dessus le dos du Bourgeois, qui crie Ouf, parce qu’il est las d’avoir été longtemps en cette posture, puis ils le relèvent.''
 
''Le Mufti revient, avec son turban de cérémonie qui est d’une grosseur démesurée, garni de bougies allumées, à quatre ou cinq rangs. Deux Derviches l’accompagnent, avec des bonnets pointus garnis aussi de bougies allumées, portant l’Alcoran : les deux autres Derviches amènent le Bourgeois, qui est tout épouvanté de cette cérémonie, et le font mettre à genoux le dos tourné au Mufti, puis, le faisant incliner jusques à mettre ses mains par terre, ils lui mettent l’Alcoran sur le dos, et le font servir de pupitre au Mufti, qui fait une invocation burlesque, fronçant le sourcil, et ouvrant la bouche, sans dire mot ; puis parlant avec véhémence, tantôt radoucissant sa voix, tantôt la poussant d’un enthousiasme à faire trembler, en se poussant les côtes avec les mains, comme pour faire sortir ses paroles, frappant quelquefois les mains sur l’Alcoran, et tournant les feuillets avec précipitation, et finit enfin en levant les bras, et criant à haute voix : « ''Hou''. » Pendant cette invocation, les Turcs assistants chantent Hou, hou, hou, s’inclinant à trois reprises, puis se relèvent de même à trois reprises, en chantant Hou, hou, hou, et continuant alternativement pendant toute l’invocation du Mufti. Après que l’invocation est finie, les Derviches ôtent l’Alcoran de dessus le dos du Bourgeois, qui crie Ouf, parce qu’il est las d’avoir été longtemps en cette posture, puis ils le relèvent.''
 
Pendant cette invocation, les Turcs assistants chantent ''Hou, hou, hou'', s’inclinant à trois reprises, puis se relèvent de même à trois reprises, en chantant ''Hou, hou, hou,'' et continuant alternativement pendant toute l’invocation du Mufti.
 
Après que l’invocation est finie, les Derviches ôtent l’Alcoran de dessus le dos du Bourgeois, qui crie ''Ouf'', parce qu’il est las d’avoir été longtemps en cette posture, puis ils se relèvent.''
 
'''Le Mufti''' ''s’adressant au Bourgeois.''<br>
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''Dara, dara, bastonara, bastonara, bastonara.''<br>
 
''Puis il se retire. ''<br>
 
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